La salle Wagram, un lieu élégant de boxe

BOXE Quarante ans après, la mythique salle du XVIIe arrondissement de Paris accueillera de nouveau des combats mercredi grâce à Brahim Asloum...

Romain Scotto
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L'ancien boxeur Brahim Asloum, à la salle Wagram, le 31 janvier 2012.
L'ancien boxeur Brahim Asloum, à la salle Wagram, le 31 janvier 2012. — A.Gelebart/20minutes

Jusque-là, il n’osait pas s’y arrêter. Franchir la porte de la salle Wagram, fouler son tapis rouge et gravir son escalier à double entrée n’était pas dans les cordes de Brahim Asloum, l’ancien champion olympique de boxe désormais propriétaire de la franchise «Paris United». Pas question de pénétrer dans ce sanctuaire de la boxe parisienne sans un projet concret. Puis l’ancien mi-mouche s’est décidé. «J’ai pris mon courage à deux mains, j’ai frappé et demandé à rencontrer les gérants pour présenter mon dossier.»

Quarante ans après, la salle Wagram renouera donc avec la sueur des rings, les impacts de gants et les jets d’éponge. Comme au siècle dernier, c’est dans ce «Madison Square Garden» à la française que les boxeurs du «Paris United» affronteront les Dragons de Pékin mercredi soir. A un rafraîchissement près, le décor n’a pas bougé. Au milieu des fresques et des candélabres, se dresse un ring monté sur un parquet grinçant qui ne ment pas sur son âge. «J’ai toujours rêvé de boxer dans cette salle pour être honnête», enchaîne Asloum, dont les yeux s’écarquillent en pénétrant dans ce lieu classé.

«Ça sent la boxe»

«C’est un endroit exceptionnel. Louis Acariès m’a toujours parlé des grandes années de cette salle. Mais jusqu’à présent, je n’ai vécu la salle Wagram que par procuration. Ici, il y a une atmosphère. Tu sens qu’il y a un vécu. Ça sent la boxe.» Soixante-trois ans après la mort de Marcel Cerdan, il n’y a que de vieilles coupures de journaux en noir et blanc pour en témoigner. C’est ici que le «Bombardier marocain», alors âgé de 21 ans, est passé «du visage de l’ange à celui d’un tueur», comme l’écrit la presse de l’époque, après sa victoire face à Louis Hampton. Georges Carpentier, Al Brown, Young Perez ou Jean Despaux (dernier Français champion olympique avant Asloum), y ont aussi remporté quelques combats. Plus tard, un catcheur nommé Lino Ventura y a enchaîné les coups de la corde à linge, avant de se tourner vers le cinéma.

Une autre époque où il fallait percer la fumée de cigarette pour distinguer la silhouette des champions. Où des milliers de braillards s’encanaillaient autour du ring et où les boxeurs starifiés disposaient d’une loge en guise de vestiaire. Aujourd’hui, place à la soirée de gala avec dîner-spectacle. Ce sont des sièges molletonnés qui attendent mercredi les 550 spectateurs réunis dans ce décor mondain. Un lieu chargé d’histoire, désormais réservé aux défilés de mode, colloques d’entreprises, soirées Miss France et concerts privés. Mais où, le temps d’une soirée, le noble art devrait retrouver toute sa place.