Roland-Garros : Les dix moments où Rafael Nadal va salement nous manquer pendant la quinzaine
TENNIS Rafael Nadal sera absent de Roland-Garros pour la première fois depuis sa première participation, en 2005. Forcément, il va nous manquer
- Rafael Nadal sera absent de Roland-Garros pour la première fois depuis sa première participation, en 2005.
- Toujours pas remis d'une blessure, Rafael a préféré jouer la sécurité, pour mieux se retirer en 2024.
- En essayant de se projeter dans le monde d'après, on a déjà trouvé dix raisons de nourrir notre nostalgie de Nadal du côté de la Porte d'Auteuil.
La sentence est tombée à dix jours de Roland-Garros. Rafael Nadal a convoqué la presse pour sortir ses aficionados d'un déni qui se mesurait aux petites interprétations optimistes de bouts de vidéo de l'idole à l'entraînement. « Il frappe fort », « il se déplace latéralement », « ça va le faire pour Roland ». On a tout lu sur les réseaux ces dernières semaines. Mais l'Espagnol a coupé court à toutes les rumeurs : non, il ne sera pas là pour défendre son 14e titre à Paris. Toujours pas remis d'une blessure au psoas, Rafa a - pour une fois - préféré jouer la sécurité, pour mieux se retirer en 2024, offrant au public parisien un avant-goût de ce que sera la vie sur terre battue sans son maître. En essayant de se projeter dans le monde d'après, on a déjà trouvé dix raisons de nourrir notre nostalgie de Nadal du côté de la Porte d'Auteuil.
L’intro légendaire de Marc Maury sur le Central
Le soleil cogne sur le court Philippe-Chatrier, l’assistance attend depuis cinq, dix, quinze minutes l’entrée des joueurs en supportant péniblement les dégueulis des haut-parleurs du stade. Rafael Nadal et sa future victime apparaissent enfin, gros sac sur l’épaule avant de filer à l’échauffement. Marc Maury, speaker émérite de Roland-Garros, a l’élégance de présenter le challenger avant le maître. L’ancien rugbyman a fait de l’introduction de Rafa sur le court l’apothéose des avant-matchs. La narration est aussi épique que le parcours de l’Espagnol. « Il nous vient de Manacor, en Espagne… Vainqueur de 22 titres du Grand Chelem : deux à l’Open d’Australie, deux à Wimbledon, quatre à l’US Open et 14 à Roland Garros, en 2005, 2006, 2007, 2008, 2010, 2011 [le public, en transe, commence à couvrir la voix du speaker], 2012, 2013, 2014, 2017, 2018, 2019, 2020, 2022… Rafaaeeeeeeeel Nadaaaaaaaal ! » Incroyable, n’est-ce pas ? Bah il faudra faire sans, cette année. Et pour le reste de nos jours à partir de Roland 2025.
Son anniversaire, le 3 juin
Evènement dans l’évènement, l’anniversaire de Rafael Nadal attire toujours la sympathie du public et des suiveurs. Comme on ne crache jamais sur une petite pause sucrée après avoir bouffé de la poussière ocre pendant des heures, la coutume veut qu’on apporte le gâteau de sa sainteté directement sur le Philippe Chatrier, dans le cas où le 3 juin tomberait sur un jour de match pour l’Espagnol. S’il ne joue pas, on lui fait quand même souffler les bougies quelque part dans le stade, devant les caméras. L’année dernière, Gilles Moretton et Amélie Mauresmo lui avaient offert une trottinette. Idée de cadeau pour 2024 : rebaptiser le court central à son nom.
Les entraînements sur les annexes après avoir collé 6-1, 6-2, 6-0 à Gasquet en 1h47
Depuis aussi longtemps que Rafael Nadal joue au tennis, l’Espagnol a toujours eu besoin de passer l’équivalent d’une journée de travail sur le court. Björn Borg a d’ailleurs récemment pu témoigner du penchant stakhanoviste de son héritier. « A la Laver Cup, ils avaient l’habitude d’ouvrir les courts à 6 heures du matin parce que Rafa se contentait de servir pendant une heure avant de commencer réellement à s’entraîner. Je n’ai jamais vu un joueur passer autant de temps sur un court de tennis. » A Roland-Garros, tout pareil. Non pas qu’il ait les clés du stade ni le pouvoir de l’ouvrir aussi tôt, mais Rafa n’hésite jamais à réserver un créneau supplémentaire sur un petit court après avoir occis trop rapidement un adversaire. Souvent, ce dernier s’appelle Richard Gasquet.
Le départ prématuré de Toni Nadal au bout de trois jours
Si Rafa est décrit par tous comme un parfait gentleman au sein du circuit, c’est en grande partie grâce à Toni. L’élégance et la gentillesse en une seule personne. On ne l’a jamais vu refuser d’interview à qui que ce soit, ni montrer de signes de lassitude au moment de voir Nelson Monfort débarquer dans son box entre deux sets de Rafael. Bref, Toni, c’est une des mascottes de la Porte d’Auteuil. Et il le rend bien à la capitale, dont il pense le plus grand bien. Le problème, c’est que, sans son neveu et avec un Félix Auger-Aliassime au fond du trou, on risque de l’apercevoir moins longtemps que prévu pendant la quinzaine. Et ça nous rend un peu tristes.
Le moment où on va croire que peut-être quelqu’un peut le battre, mais non
Il y en a eu un paquet, l’année dernière. Lors de son 8e de finale contre Félix Auger-Aliassime, quand le Canadien recolle à 2 sets partout, le public parisien imagine poindre une Soderling 2.0. Trop vieux, trop blessé, l’Espagnol ne pourra pas résister à la fraîcheur physique de l’adversaire. Tu parles. Victoire en cinq manches. Au tour suivant, Djokovic. Le Serbe reste sur une victoire à Roland contre son rival et n’a pas perdu un set depuis le début de la quinzaine. Le temps n’a pas de prise sur le numéro 1 mondial, c’est du tout cuit. Mdr. Victoire de Nadal en quatre sets, hasta la vista. Demi-finale : Sascha Zverev marche sur l’eau. Des grosses sacoches à 210 km/h, des coups gagnants de l’espace, mais Rafa gagne quand même le premier set au mental alors que tout le monde voit l’Allemand prendre le tie-break. La poisse se chargera d’achever le blondinet, le pied pris dans la terre sacrée de Rafa. Le tennis chevaleresque peut-il exister sans Nadal à Roland? Réponse dans deux semanes.
Les tocs de Rafa
Nadal sur un court, c’est toute une histoire. Les petits sauts pendant le tirage au sort, le sprint vers le fond du court une fois le toss réalisé, le réajustement du boxer, de la manche du polo et des cheveux quand il s’apprête à servir, le nettoyage de la ligne de fond avec le pied, les deux petites bouteilles d’eau placée au millimètre devant sa chaise au changement de côté… Tout ça faisait partie de notre équilibre à Roland, comme le repas à 20 balles et le petit tour sur le Lenglen à 15 heures les jours de beau temps pour prendre un peu le soleil. Et dire qu’on va devoir finir la quinzaine sans le petit coup de dent de l’Espagnol dans la coupe des Mousquetaires.
Le moment où Rafa dira qu’il est un joueur comme les autres tout en se plaignant de jouer sur le Lenglen
Ça aussi, ça fait partie de la tradition. Nadal, avec son air de ne pas y toucher, qui en met une petite à l’organisation parce qu’il a joué un peu tard, qu’il faisait froid, que les balles ne rebondissaient pas assez ou que le ramasseur de balles ne lui en a donné que deux alors que tout le monde sait qu’il en a besoin de trois avant de taper sa première. Et qui s’étonne après que ses propos aient pris une ampleur démesurée, comme s’il ne savait pas qu’il était le patron des lieux.
Le moment où Djokovic va le dépasser au nombre de victoires en GC
Peut-être la pire nouvelle de l’absence du Majorquin Porte d’Auteuil. Alors que Novak Djokovic a égalisé à 22 titres du Grand Chelem chacun grâce à son sacre à Melbourne, on attendait la baston, la vraie, au sommet, lors de ce Roland. Les affrontements entre les deux hommes ces deux dernières années (Djoko vainqueur en demie en 2021, Nadal en quarts en 2022) ont été de tels monuments, on salivait à l’idée d’une belle qui offrirait au survivant la possibilité d’être le premier joueur de l’histoire à atteindre les 23 majeurs. Ça n’aura pas la même saveur si le Serbe sort de la quinzaine tout en haut de la pyramide (même si lui s’en tamponne évidemment).
Les trois mots de Français lors du discours post-victoire
Forcément, quand on a l’outrecuidance de gagner un tournoi aussi important chaque année, cela fait partie du savoir-vivre que d’apprendre quelques mots de la langue locale pour dire merci. Il aura quand même fallu six ans à Rafa, depuis sa première victorieuse en 2005, pour se lancer. C’était après un quart de finale remporté contre Soderling, en 2011 donc. Douze ans et neuf titres plus tard, l’Espagnol a à peine progressé mais ses trois phrases après chaque victoire – l’an dernier : « Merci, merci beaucoup à tout le monde. C’est incroyable de jouer ici avec un soutien comme ça. C’est très joli et je vous dis merci » - suffisent à ravir le public. Entre nous, Roger Federer parlait bien mieux…
La photo avec le Trophée des Mousquetaires (feat sa plus grande fan Iga Swiatek)
Petite balade dans Paris trophée sous le bras, pose semi-décontractée sur un muret avec les toits de Paname et la Tour Eiffel en fond, voilà qui fait (aussi) partie de la routine pour Nadal. Un petit moment de plaisir après deux semaines de souffrance, surtout l’année dernière quand il était accompagné de la plus exaltée de toutes ses groupies, la numéro 1 mondiale Iga Swiatek. La Polonaise serait fichue de se saborder cette année rien que pour ne pas avoir à poser avec un autre que son héros. L’effet papillon de l’absence du maître des lieux.