Etoile Rouge–PSG: «Il est resté dix minutes devant un Van Gogh», Buffon-a-t-il choisi Paris pour les musées ?

FOOTBALL Le gardien italien, qui alterne avec Areola dans les buts parisiens, aime profiter de la vie culturelle de la capitale…

Julien Laloye
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Gigi l'artiste
Gigi l'artiste — AFP (montage WP)
  • Buffon a visité plusieurs musées parisiens depuis son arrivée l'été dernier.
  • Il a guéri de sa dépression après avoir longtemps observé une toile de Chagall quand il évoluait à Turin.

Dimanche après-midi, les suiveurs parisiens n’en avaient que pour l’absence de Neymar au dernier entraînement du PSG avant Belgrade. Pourtant, le Brésilien, obligé de travailler en salle à cause d’un adducteur qui siffle, n’était pas le joueur parisien le plus contrarié au Camp des Loges. Gigi Buffon a dû pester grave au moment de découvrir le planning de la semaine. Le dimanche, c’est jour de musée pour le gardien italien, et c’est peu de dire qu’il prend ça aussi au sérieux qu’une messe avec la « mamma » avant le déjeuner familial de fin de semaine.

Une visite incognito à Orsay

Demandez à Hervé, traîné par le colbac à Orsay un dimanche où Madame ne lui avait pas donné le choix. C’était Picasso, bleu et rose ou le divorce, ne plus voir ses gosses qu’un week-end sur deux, une pension alimentaire, la déchéance financière, les « gilets jaunes », le tir de lanceur de balle de défense beaucoup trop près de l’œil. Bref, après une rapide mais intense réflexion, notre Hervé, grand fan du PSG au demeurant, décidait d’opter pour le choix le plus raisonnable. Aller à Orsay. Bien lui en prenait. Dépourvu de coupe-file, erreur bête le premier dimanche du mois, notre homme prenait son mal en patience dans une queue de trois kilomètres de long, quand son regard était attiré par un beau gosse en béret. Il nous raconte la suite.

« C’était le jour des entrées gratuites, avec un musée blindé. Deux jours avant le match à Naples. Personne ne le calculait. Je me suis approché discrètement pour le saluer, il m’a fait un clin d’œil en me faisant comprendre qu’il appréciait de ne pas être démasqué. J’ai suivi sa visite d’un œil. Il était accompagné par un gars qui lui a fait la visite. Il ressemblait à un étudiant des Beaux-Arts ou un truc comme ça. Buffon est bien resté avec lui pendant trois heures. Il a fait tout Picasso, puis certaines salles qui devaient l’intéresser. Je me rappelle qu’il est resté dix minutes devant La Nuit étoilée de Van Gogh, comme intensément absorbé par l’œuvre. Puis un groupe scolaire venu d’Italie l’a reconnu, et là c’était fini. Il a enchaîné les selfies avant de filer en douce. »
 
Gigi Buffon, son béret, sa baguette, et Hervé.
Gigi Buffon, son béret, sa baguette, et Hervé. - Capture d'écran/D.R.

Une anecdote comme une autre sur Buffon ? Un peu plus que ça, pour le coup. Ceux qui connaissent bien la carrière du mythique portier de la Juve n’ignorent pas l’épisode dépressif traversé leur idole au début des années 2000. Buffon l’a longuement raconté dans un livre paru il y a quelques années. Le sentiment d’angoisse, les questions qui s’accumulent (« je suis beau, riche et célèbre, pourquoi je ne suis pas heureux ? »), jusqu’à une attaque de panique avant un match contre la Reggina en 2004, que personne ne remarque. Au fond de l’abîme, le Parisien trouve alors la paix (et la guérison)…à la galerie d’Art Moderne, devant un tableau de Chagall, La Promenade. Un autoportrait de l’artiste avec sa femme, Bella, que Buffon ira revoir trois fois dans la même journée, selon la légende.

« Ce tableau a fait comme un électrochoc positif dans mon esprit, expliquera Buffon. Il m’a rendu heureux pendant quelques minutes. J’avais perdu la joie de vivre, je ne sollicitais plus mon cerveau pour le sauver de l’atonie dans laquelle il était tombé. La peinture de Chagall m’a appris que même les petites choses pouvaient, petit à petit, me sortir du néant. J’ai commencé à lire beaucoup de livres et à m’intéresser à beaucoup d’expositions. »

Buffon adore Beaubourg

Quelle meilleure ville que Paris pour satisfaire cette toute nouvelle curiosité culturelle ? On n’ira pas jusqu’à dire que c’est l’art plus que l’argent qui a décidé Buffon à tenter un dernier défi au PSG, mais enfin, l’affaire doit y être pour quelque chose. Il va sans dire qu’on a enquêté avec nos petits moyens, mais en dehors du témoignage miraculeux d’Hervé, difficile de se faire une idée sur la fréquence des sorties parisienne de Gigi l’amoroso. Tout juste a-t-on pu dégoter un après-midi estival au Louvre avec sa sœur sur Instagram, et quelques-unes de ses habitudes dans une interview publiée dans un supplément d’Air Italia, si on a tout bien compris.

 



 

Dans le détail ? Buffon a choisi le XVIe arrondissement pour profiter de la ville, il adore traîner sur le parvis de Beaubourg et il a eu un gros coup de cœur pour la place des Vosges : « Je n’ai pas tant de temps libre que ça avec le calendrier du PSG, mais le Centre Pompidou est un de mes lieux favoris. C’est un point de rencontre pour beaucoup de touristes, mais tard le soir ou tôt le matin, on peut y ressentir une atmosphère typiquement parisienne ».

Dommage pour Gigi, il a débarqué dans la Capitale dix jours avant la fin de l’exposition consacrée à Chagall et l’avant-garde russe​ par ledit Centre Pompidou. Il n’y aurait de toute façon pas retrouvé La promenade, conservée au musée de Saint-Pétersbourg. Mais signer dans un club qui joue la Ligue Europa (le Zénith) pour un tableau, fallait pas pousser, quand même.