VIDEO. Suspendu quatre ans pour dopage, le retour supersonique de Justin Gatlin crée un malaise

ATHLETISME Un record personnel à 33 ans, ça surprend...

Paul Arrivé
le sprinteur américain Justin Gatlin, le 15 mai 2015 à Doha.
le sprinteur américain Justin Gatlin, le 15 mai 2015 à Doha. — AFP PHOTO / MARWAN NAAMANI

9''74, neuvième meilleur temps de l’histoire. A Doha sur 100 mètres, Justin Gatlin a signé une grosse performance et envoyé une petite pique à Usain Bolt, quelques semaines avant les Championnats du monde de Pékin. A 33 ans, il bat également son record personnel de trois centièmes, preuve que l’Américain est aujourd’hui plus fort que jamais. Problème, «jamais» c’est quand Justin Gatlin était pris pour dopage en 2006 et suspendu huit, puis quatre ans, après avoir collaboré avec l’USADA (l’agence américaine antidopage).



«Il doit être suivi de très près»

«Mais il a payé sa dette, estime Ronald Pognon, ancien adversaire de Gatlin («Un mec sympa qui m’avait prêté sa serviette en séries du 200 mètres à Helsinki») et premier Français à être descendu sous les 10 secondes (9''99 en 2005). En plus, en tant qu’ancien dopé, il doit être suivi de très près. Je pense qu’en réalisant ce genre de performance, il veut simplement prouver qu’il est au niveau sans tricher». Si le sprinter français est d’avis que Justin Gatlin a sa place parmi les meilleurs mondiaux, il n’est pas partagé par tout le monde : sur Twitter, Yohann Diniz a réagi juste après la course évoquant un «imposteur» qui «va nous faire croire qu’il est clean».

Sale soirée d’athlé, on est tous avec toi @TeddyTamgho et en plus l’imposteur Gatlin va nous faire croire qu’il est clean, mal au bide
— Diniz Yohann (@yohanndiniz) 15 Mai 2015

 

Le marcheur n’est pas le seul à ressentir un sentiment de malaise quand il s’agit d’évoquer les performances de Gatlin. En octobre dernier, Robert Harting (champion olympique du lancer de disque en 2012) avait demandé à l’IAAF d’être retiré de la liste des candidats à l’élection de «l’athlète de l’année». Pourquoi ? La présence de Gatlin. «Je trouve ça très bien d’être nominé, mais refuse de l’être avec un ancien dopé», déclarait alors l’Allemand.

«A quand les vraies sanctions ?»

Ce «malaise Gatlin» ne semble toutefois pas décourager les sponsors. Il y a deux mois, l’Américain signait un nouveau contrat de partenariat avec Nike. Encore une fois, les réactions qui suivirent furent violentes à l’encontre de l’athlète et la marque. Kelly Sotherton, médaillée de bronze de l’heptathlon en 2004 : «Quel genre d’image donne Gatlin aux jeunes athlètes, Nike ? Dope-toi, fais-toi attraper deux fois et signe un contrat pour des chaussures ?»

@NicolasHerbelot @usainbolt comme quoi ca sert a rien de se dopé pour courir plus vite après ? ! ? A quand les vrais sanctions !
— Renaud LAVILLENIE ® (@airlavillenie) 15 Mai 2015

 

«Comme quoi ça sert à rien de se doper pour courir plus vite après ?!? A quand les vraies sanctions», tweetait pour sa part Renaud Lavilennie vendredi. «Je ne comprends pas les polémiques actuelles, estime Ronald Pognon. Après je ne peux rien prouver, c’est le travail des scientifiques… Mais je viens par exemple de récupérer une médaille de bronze avec le relais 4x100 mètres à Londres (après le déclassement de l’équipe des USA, dont faisait partie Justin Gatlin, pour cause de dopage de Tyson Gay, ndlr). Preuve que les contrôles marchent.»

En attendant, Justin Gatlin ne participera pas au meeting de Pékin mercredi. Touché à l’ischio, il affirme pourtant que ce sont les organisateurs qui lui ont interdit de s’aligner, ne voulant pas voir un coureur diminué prendre part au 100 mètres. Un imbroglio qui pose forcément question dans ce contexte un peu bizarre.