FranchisesLa CFDT attaque Carrefour pour son modèle et sa politique sociale

La CFDT attaque Carrefour pour son modèle et sa politique sociale

FranchisesGrâce à son système de franchises, le distributeur a sorti plus de 300 magasins et 23.000 salariés de ses effectifs depuis 2017. Ce qui nuit aux salariés selon la CFDT, qui poursuit Carrefour en justice
L'enseigne d'un magasin Carrefour, ici à Montpellier.
L'enseigne d'un magasin Carrefour, ici à Montpellier. - Pascal GUYOT / AFP
20 Minutes avec AFP

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Le grand public ne le sait pas en entrant dans n’importe quelle enseigne d’un grand groupe. Le magasin appartient parfois à ce géant ou, plus souvent, à un franchisé. Ce dernier gère alors le point de vente mais doit en contrepartie s’approvisionner auprès de la centrale du groupe.

Ce système est largement utilisé dans la restauration et surtout la grande distribution. Comme chez E. Leclerc, Auchan, Intermarché, Casino ou Système U, où chaque patron d’un ou quelques magasins est libre de sa politique sociale.

Carrefour emprunte également cette voie depuis un moment. Depuis 2017 et l’arrivée à sa tête du PDG Alexandre Bompard, le distributeur a même accéléré le mouvement en sortant plus de 300 magasins et 23.000 salariés de ses effectifs. Pour la CFDT, il s’agit de « délocalisations locales » de dizaines de milliers d’emplois. Le syndicat a assigné lundi en justice le géant du CAC40.

Il pointe les conséquences du système de franchise pour les salariés. Une fois que leur magasin a « basculé », ils ne sont plus employés par un grand groupe coté au CAC40, longtemps fier d’être le premier employeur privé de France, mais par une plus petite structure, perdant au passage les avantages sociaux négociés au sein de Carrefour, évalués par la CFDT à 2000 euros par an.

« Nous estimons que ce mode de gestion tel que pratiqué par Carrefour ne répond pas aux règles du droit et qu’elle a des conséquences très fortes pour les travailleurs », explique Sylvain Macé, secrétaire national de la CFDT Services. La branche services de la CFDT a donc décidé d’assigner le distributeur devant le tribunal judiciaire d’Evry, duquel dépend le siège du distributeur à Massy, en banlieue parisienne.

Tout pour les actionnaires ?

Le distributeur défend cette politique en assurant qu’elle permet d’éviter les fermetures pour les magasins les moins rentables, relance l’activité et préserve l’emploi. La CFDT, dubitative, estime que les contrats passés avec les sociétés franchisées « ne permettent pas de dégager des résultats suffisants ».

Une « association des franchisés de Carrefour » a annoncé en janvier avoir assigné le distributeur devant le tribunal de Rennes, regrettant « le déséquilibre significatif entre les droits et les obligations de chaque partie ».

Un autre point hérisse les syndicats : que cette politique soit menée alors que Carrefour débourse des centaines de millions d’euros pour rémunérer ses actionnaires. Le distributeur, qui a annoncé pour 2023 un bénéfice net à 1,66 milliard d’euros pour 94,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a versé 481 millions d’euros de dividendes en 2023, et dépensé 802 millions d’euros pour racheter ses actions.

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