TFC: «Généreux», «caractère fort»... Pourquoi Michaël Debève pourrait vous étonner

FOOTBALL Nommé à la surprise générale à la place de Pascal Dupraz, lundi, le nouvel entraîneur du TFC, avant-dernier de Ligue 1, va devoir faire taire les sceptiques...

Nicolas Stival
L'entraîneur du TFC Michaël Debève lors du match des seizièmes de finale de Coupe de France sur la pelouse de Bourg-Péronnas, le 23 janvier 2018.
L'entraîneur du TFC Michaël Debève lors du match des seizièmes de finale de Coupe de France sur la pelouse de Bourg-Péronnas, le 23 janvier 2018. — R. Lafabrègue / AFP
  • A Lens, sous la houlette de Daniel Leclercq et Gervais Martel, le technicien de 47 ans garde de précieux soutiens.
  • Un ancien pensionnaire du centre de formation du TFC évoque la méthode Debève.

Comme baptême, Michaël Debève pouvait difficilement faire pire qu’une élimination en Coupe de France, chez l’avant-dernier de Ligue 2. Au lendemain de son intronisation surprise comme entraîneur principal du TFC, à la place de Pascal Dupraz, l’ancien adjoint (47 ans) a connu la défaite mardi soir à Bourg-Péronnas (2-0).


Pas de quoi raviver l’optimisme des supporters ou des simples observateurs, qui ont dans leur majorité accueilli avec scepticisme l’avènement de l’ancien milieu de terrain des Violets, de Lens et de Middlesbrough, au chevet du 19e de L1.

Debève est entré dans la carrière à Abbeville, sa ville natale, de 2004 à 2008 en CFA2.Il est revenu ensuite à Toulouse pour prendre en charge l’équipe réserve, toujours en CFA2, et le centre de formation, avant de devenir en mars 2015 le numéro 2 de Dominique Arribagé, puis celui de Dupraz. « C’est une très belle personne, franche et honnête, et un très bon coach, assure le défenseur Thibault Peyre (25 ans), formé de 2010 à 2013 à Toulouse et aujourd’hui à l’Union Saint-Gilloise (L2 belge). J’ai beaucoup appris avec lui pendant trois ans. Après bien sûr, la formation et l’équipe première, c’est très différent. »

Honnêteté et générosité, ces mots reviennent aussi du côté de Lens, où Debève a été quasiment statufié de son vivant après l’inoubliable but de la victoire à Wembley face à Arsenal en Ligue des champions, un soir de novembre 1998. « Ce n’est pas seulement pour ce but qu’il a laissé une superbe image ici, assure son ancien président Gervais Martel, qui lui a envoyé un SMS de félicitations, lundi. C’était un travailleur de l’ombre, un récupérateur qui faisait briller toute l’équipe. Il a toujours été d’une honnêteté hors pair, il n’a jamais triché mais il a aussi des capacités d’entraîneur, car il sent bien le foot. »


Daniel Leclercq occupait le banc des Sang et Or, champions de France 1998. Et les propos du « Druide » rejoignent ceux de Martel.

« C’était un joueur atypique, comme on n’en voit presque plus, un dévoreur d’espaces. Il était tellement généreux que je le vois également comme cela en tant qu’entraîneur. Je l’ai suivi dans son parcours, notamment lors de matchs où il était responsable (par intérim) comme à Marseille (1-1, le 6 mars 2016) ou à Saint-Etienne (2-0, le 14 janvier dernier). J’ai trouvé un garçon vraiment épanoui. Il a pris de la bouteille, comme Eric Sikora (entraîneur de Lens) et c’est peut-être la porte ouverte à une belle carrière. »

Au milieu de ces éloges, plusieurs jeunes joueurs du centre de formation toulousain, sous couvert d’anonymat, pointent son déficit de résultats avec la réserve, et un certain favoritisme dans ses choix. Mais la critique la plus récurrente porte sur son manque de charisme, surtout lorsqu’il s’agit de passer après le très médiatique Pascal Dupraz.

Un argument balayé par Thibault Peyre : « Il sait se faire respecter, assure l’ancien Pitchoun, passé ensuite par Lille et Mouscron. C’est un caractère fort, qui accorde beaucoup de place à la discipline. Au centre, c’était très, très dur. On ne pouvait pas faire les coupes de cheveux que l’on voulait. Quand on sortait en ville aussi, il fallait avoir un bon comportement, pour que l’image du TFC soit respectée. »


Et au niveau du jeu au fait, quels sont ces principes ? « A mon époque, la réserve devait appliquer la tactique adoptée par Alain Casanova avec l’équipe une, en 3-5-2 ou en 4-1-4-1, rappelle Peyre. Comme tous les coachs, il cherche à ne pas prendre de but, mais il aime que son équipe joue au ballon, avec un jeu porté vers l’avant. »

Gervais Martel : « "Mika" a l’étoffe »

Il est plus facile de « mater » des stagiaires pros que des joueurs de 25 ou 30 ans passés par des clubs plus prestigieux que le TFC. Il est surtout compliqué de redresser un club qui flirte avec la relégation pour la troisième fois lors des quatre dernières saisons, et d’apporter un nouveau souffle lorsque l’on a fait partie de ces galères, même dans l’ombre de l’entraîneur principal. « "Mika" a l’étoffe, veut pourtant croire Gervais Martel. Je lui souhaite de s’en sortir. »


« Avec son passé de joueur et de formateur, il peut faire une belle carrière dans un club qu’il connaît très bien, ajoute Peyre. Je pense qu’il en a les capacités. Mais est-ce qu’on lui en laissera le temps ? » Protecteur, Leclercq demande à la fin de l’entretien téléphonique : « Quand vous le croiserez, passez-lui mes souhaits de bonheur et de réussite. » Debève, privé de tout état de grâce, aura bien besoin de l’onction druidique, dès samedi contre Troyes (15e) au Stadium.