PSG - Borussia Dortmund : Gonçalo Ramos, « l’opposé total de Mbappé », cherche ses marques

FOOTBALL Le Portugais n’a pas marqué le moindre but depuis son arrivée au Paris Saint-Germain. Volontaire dans le replacement et les tâches défensives, il est trop transparent dans le jeu. Une question de temps et d’adaptation ?'

William Pereira
Gonçalo Ramos connaît des débuts compliqués avec le Paris Saint-Germain
Gonçalo Ramos connaît des débuts compliqués avec le Paris Saint-Germain — AFP
  • Gonçalo Ramos est arrivé cet été au Paris Saint-Germain en provenance de Benfica
  • L’international portugais n’a toujours pas marqué de but après quatre matchs avec le PSG. Contre Nice, il n’a touché que 17 ballons mais n’a pas été beaucoup aidé
  • Pour João Tralhão, qui l’a connu chez les jeunes à Benfica, les qualités de Ramos ne font aucun doute. Mais le jeune attaquant a besoin d’un temps d’adaptation à son nouveau club

Il est à peu près 21h30, vendredi soir, au moment du drame. Une contre-attaque à deux attaquants contre un défenseur en retard mené par un Ousmane Dembélé lancé pleine balle dans le camp niçois. Ça va vite, trop vite, pour le cerveau de Dembouz qui se débranche et provoque l’ouverture exagérée de son pied droit. Le ballon atterrit sur le périph et abat trois pigeons au passage, Bulka n’en demandait pas tant. A sa droite, Gonçalo Ramos avait fait son job de numéro 9 en accompagnant Dembélé dans l’espoir naïf de recevoir le ballon des pieds de son coéquipier.

Ça a bien dû arriver dans un autre multiverse, où le Portugais a quitté le Parc des Princes à la 88e minute sous les acclamations du public après avoir égalisé puis aidé Paris à prendre l’avantage sur le Gym grâce à sa passe décisive pour… Ousmane Dembélé. L’Equipe titrera son édition du samedi sur « le déclic » de Gonçalo Ramos, artisan du succès parisien.

Dans notre réalité, l’ancien attaquant de Benfica est bloqué à zéro pion en quatre matchs après être sorti, tête baissée, à l’heure de jeu dans un match logiquement perdu par le PSG. Pire, il a perdu des points dans sa course contre Randal Kolo Muani, passeur décisif pour Kylian Mbappé en fin de match et est déjà annoncé sur le banc pour le premier match de Ligue des champions des Parisiens face au Borussia Dortmund. Mais il ne s’affole pas. « Je crois que je dois rester le même joueur, mais travailler tous les jours. Les occasions, les buts, ça viendra. » Comme le ketchup, on connaît la chanson.

Trop tôt pour quitter Benfica ?

Le Portugais, arrivé comme solution de repli après l’échec de la piste Harry Kane - à laquelle personne n’a jamais vraiment cru - n’est évidemment pas sur la même planète que l’Anglais, en dépit de qualités évidentes à la finition. Il porte néanmoins le poids d’un transfert de calibre majeur (prêt avec option d’achat obligatoire à 65 millions d’euros + bonus), de ceux à qui on ne pardonne que très peu et guère longtemps. « Gonçalo était habitué à tout à Benfica et maintenant il change de pays, de langue, de ville, de culture, pointe du doigt João Tralhão ancien entraîneur historique des jeunes à Benfica et adjoint éphémère de Thierry Henry à Monaco… Il va avoir besoin d’un temps d’adaptation. La difficulté, c’est que de nos jours, ce temps d’adaptation est de moins en moins toléré par les clubs, les supporters qui veulent tout très rapidement. » L’exemple de son compatriote Vitinha à Marseille semble pourtant donner raison aux plus patients.

En dépit de toute la bienveillance qu’il est possible de lui accorder, Gonçalo Ramos s’est-il vraiment aidé en acceptant de faire le grand saut dans un club de la dimension du PSG, qui plus est dans le contexte chaotique que l’on connaît ? A-t-il choisi le bon moment pour couper le cordon avec son club formateur, alors qu’il restait sur une demi-saison bien moins aboutie que son départ canon en 2022-2023, dont le triplé contre la Suisse en Coupe du monde restera l’apothéose ? Ne fallait-il pas attendre un an de plus, le temps de confirmer ce qui avait été entrevu lors des 106 premiers matchs avec Benfica (41 buts inscrits) ?

Dans une prémonition inexacte datée de 2021, l’ancien entraîneur des Aguias, Jorge Jesus pariait sur la sagesse du jeune attaquant dans la gestion de sa carrière, par opposition aux talents gâchés par un envol précoce. « Souvent, les jeunes ne veulent pas attendre longtemps. Certains facteurs économiques peuvent interférer avec leurs décisions. Parfois, ils ont la chance de gagner cinq fois plus à l’étranger. Mais je pense que Gonçalo saura attendre le bon moment. »

Comme les Renato Sanches et autres João Félix avant lui, il n’aura finalement guère traîné à Lisbonne. « C’est difficile de parler de bon moment pour partir, tempère Tralhão. Il y a des opportunités de transferts… Aussi bien Benfica que Gonçalo et le PSG ont pensé que c’était le bon moment. Il n’y a pas grand-chose à dire sur ça. Si Gonçalo Ramos cherchait un nouveau défi, c’est le bon timing. Il va devoir sortir de sa zone de confort et travailler pour progresser. Je suis sûr qu’il surmontera les obstacles. »

« Apprendre à mieux connaître » ses camarades d’attaque

Des obstacles, il y en a tellement dans cette équipe qu’il aurait mieux valu songer à recruter un coureur de 110m haies. Pour le moment, Gonçalo Ramos a la lourde mission de convertir des miettes de pain en buts. Contre l’OGC Nice, il n’a touché que 17 ballons, pour une seule occasion franche (une tête loupée de peu) et sa fameuse quasi-passe dé pour Dembélé.

Sans une lecture du jeu héritée de son passé de box to box et une certaine générosité dans l’effort, les chiffres seraient probablement encore moins bons. « Je pense que nous avons besoin d’un petit peu plus de temps pour apprendre à mieux nous connaître, analysait l’international portugais ce week-end. On a besoin d’apprendre comment les autres se déplacent, apprendre à mieux communiquer. » Tralhão acquiesce. « Avant de penser à progresser dans d’autres secteurs du jeu, ça doit être la préoccupation numéro 1 de Gonçalo à l’heure actuelle. Quand cette coordination collective sera rodée, Gonçalo pourra faire étalage de tout son talent, j’en ai la certitude. » Mieux, l’ex-entraîneur adjoint monégasque est persuadé de la complémentarité du Portugais avec Mbappé.

Gonçalo est un joueur intelligent qui cherche à créer des espaces pour ses coéquipiers pour que ces derniers puissent créer des situations dangereuses qu’il pourra ensuite conclure. Il est l’opposé de Mbappé, qui est un joueur extrêmement fort dans le un contre un, quasiment imbattable quand il a de l’espace. Gonçalo est capable de favoriser ce genre de situations en libérant des espaces. Et d’un autre côté, quand Mbappé se retrouvera dans les zones de finition après avoir fait la différence, Gonçalo sera toujours disponible pour Mbappé. En plus de la frappe, il pourra choisir de servir Ramos. »

A condition de devenir copain avec le grand général de l’effectif, dont les affinités avec Kolo Muani et Dembélé pourraient bien devenir le plus grand cauchemar d’un joueur qui, à peine arrivé, paraît déjà boycotté. Recruté par Luis Campos et pur pivot, il a pourtant tout pour être apprécié de son capitaine. Mais ce dernier n’en serait pas à la première incohérence.