« je vous ai compris »Le bingo d’un discours réussi pour le grand oral d’Attal à l’Assemblée

Attal à l’Assemblée : Agriculteurs, profs, aile gauche… Le bingo d’une déclaration de politique générale réussie

« je vous ai compris »Trois semaines après sa nomination, le Premier ministre va devoir séduire pour son premier grand oral, ce mardi à 15 heures à l’Assemblée
Gabriel Attal lors d'un discours à La Riche près de Tours, le 28 janvier 2024.
Gabriel Attal lors d'un discours à La Riche près de Tours, le 28 janvier 2024.  - Alain JOCARD / AFP
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Gabriel Attal tient ce mardi après-midi son discours de politique générale à l’Assemblée nationale.
  • L’exercice, souvent convenu, est particulièrement attendu en raison de la colère des agriculteurs et de la crise politique pour le camp présidentiel.
  • Le Premier ministre doit donc séduire les agriculteurs, mais aussi les professeurs, et plus globalement les classes moyennes dans ce grand oral très attendu.

Le discours de politique générale est un art de la séduction. Et Gabriel Attal va à son tour se prêter à l’exercice, ce mardi après-midi à l’Assemblée nationale, dans un contexte de crise agricole. Très attendu, le chef du gouvernement doit donc rassurer les agriculteurs en colère, qui ont entamé un blocage aux abords de Paris ce lundi. Mais s’il souhaite réussir son grand oral, le Premier ministre doit également parvenir à « séduire » les classes moyennes, le monde enseignant, l’aile gauche de sa majorité, et pourquoi pas les élus Les Républicains… On vous présente le bingo d’un discours réussi.

Suivez le discours de politique générale de Gabriel Attal en direct sur « 20 Minutes » via notre live commenté.

Aux agriculteurs : « Je vous ai compris »

« Tous ceux qui sont en costume gris derrière moi me disaient de rester à Paris pour préparer [mon discours], j’ai décidé de ne pas suivre les conseils qu’on me donnait et d’aller sur le terrain ». Gabriel Attal a de nouveau joué la proximité avec les agriculteurs, dimanche en Indre-et-Loire, pour montrer qu’il ne les laissait pas tomber. Mais les annonces du Premier ministre de vendredi n’ont pas réussi à calmer la gronde. Un blocage de plusieurs grands axes desservant Paris se maintenait lundi soir, et un blocus de Rungis était en préparation pour ce mardi.

Difficulté : 4/5. La porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a promis de « nouvelles mesures dès demain ». Mais cela sera-t-il suffisant pour combler toutes les colères ?

Aux enseignants : « Je ne vous ai pas abandonnés »

« Quelles que soient les évolutions à venir, cette conviction, cette cause, elle ne cessera jamais de m’habiter et vous me trouverez toujours à vos côtés », disait Gabriel Attal en visioconférence aux enseignants, quelques minutes avant sa nomination à Matignon. Trois semaines plus tard, les professeurs sont très agacés. Les principaux syndicats ont appelé à la grève ce jeudi, réclamant une amélioration des conditions de travail et des salaires. Les enseignants demandent également le départ de leur nouvelle ministre, Amélie Oudéa-Castéra, échaudés par ses déclarations sur l’école publique et les autres polémiques.

Difficulté : 5/5. Gabriel Attal a fait savoir que l’Enseignement sera au cœur de son discours. Mais on le voit mal débarquer sa nouvelle ministre, et donc convaincre pleinement les profs, déjà déçus de son passage express au ministère.

Aux frondeurs de sa majorité : « N’ayez pas peur ! »

Le discours de Gabriel Attal sera bien entendu scruté de près dans la majorité. D’autant plus dans l’aile gauche du camp présidentiel, complètement déboussolée par le projet de loi immigration voté en fin d’année. « Ce texte a laissé des traces profondes. On a recréé un clivage droite/gauche, qui est mortifère pour le pays », soupire un député MoDem. « Heureusement, la nomination de Gabriel Attal a apporté un souffle nouveau, il nous a redonné la pêche », ajoute-t-il. Le Premier ministre aura pour mission de balayer les craintes de certains macronistes de voir Emmanuel Macron assumer un virage à droite.

Difficulté : 1/5. Quelques mots doux et nul doute que les macronistes repartiront comme en 14 (ou plutôt en 2017).

Aux classes moyennes : « Vous n’êtes pas seuls »

Ce grand oral a déjà été présenté comme une réponse aux attentes des classes moyennes, « ceux qui ne peuvent compter que sur leur boulot et ont le sentiment de ne rien recevoir en retour », assure un ministre à l’AFP. Le travail, les services publics, la natalité ou la santé seront au cœur de cette prise de parole. Mais il va être difficile de surprendre, car un bon paquet de mesures a déjà été dévoilé par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 17 janvier.

Difficulté : 2/5. Le concept de « classe moyenne » est plutôt pratique. Il est assez flou pour qu’une grande partie des Français se sente plus ou moins concernée.

A la droite : « Aie confiance »

La nomination d’un nouveau patron à Matignon n’a pas changé la donne à l’Assemblée. Gabriel Attal n’a toujours pas de majorité absolue et devra donc trouver des alliés dans l’Hémicycle pour faire passer ses textes. Avec la droite ? « Les LR sont sonnés car ils ne s’attendaient pas à Attal, mais ils ressentent son pouvoir d’attraction », analyse une députée Renaissance. Un élu LR se montre plus prudent avant le discours de ce mardi : « L’idée n’est pas de crier avant d’avoir mal. On va voir ce qu’il a à nous dire ».

Difficulté 4/5. On voit mal comment le Premier ministre pourrait convaincre les députés LR de le soutenir sans perdre une partie de son aile gauche. D’autant que la droite ne lui fera pas de cadeau à quelques mois des élections européennes.

Sujets liés