Football féminin: Les filles du FC Vendenheim sur le devant de la scène et «les mecs, on ne les voit jamais»

FOOTBALL A neuf mois de la Coupe du monde de football féminin en France, reportage au FC Vendenheim, historique club alsacien actuellement en deuxième division nationale, au nord de Strasbourg (Bas-Rhin)…

Bruno Poussard
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Nicolas Both, le nouveau coach de l'équipe de deuxième division féminine du FC Vendenheim, en plein discours au début de l'entraînement le 5 septembre.
Nicolas Both, le nouveau coach de l'équipe de deuxième division féminine du FC Vendenheim, en plein discours au début de l'entraînement le 5 septembre. — B. Poussard / 20 Minutes.
  • A la fin de la saison, en juin 2019, la France accueillera la Coupe du monde de football féminin. D’ici-là, 20 Minutes vous plonge dans la discipline.
  • Dans le nord de l’agglomération strasbourgeoise, reportage au FC Vendenheim, historique club alsacien actuellement en deuxième division nationale.

A Toulouse, la saison a bien démarré pour le FC Vendenheim (0-2). Mais sept jours plus tard, l’entraîneur craint la venue du Portet, un promu, pour la première de l’année à domicile ce dimanche (15h). En réunissant ses joueuses en début de séance à 19h ce mercredi, Nicolas Both insiste déjà sur les « duels costauds » et le « pressing » attendus.

Ex-responsable des gardiennes et de l’équipe 2, le coach de 36 ans a pris la tête de la 1 cet été. Dans la vingtaine de footballeuses de l’effectif, seules trois ont plus de 22 ans. « C’est plaisant de partager avec des jeunes encore en apprentissage de schémas tactiques, d’une approche de la compétition… » réagit-il. Quitte à se montrer exigeant.

Aucune joueuse professionnelle ou semi-professionnelle

Né en 1974, l’historique club alsacien du nord de l’agglomération strasbourgeoise évolue en D2. Un championnat en progression. A Vendenheim, les footballeuses de l'équipe 1 se retrouvent quatre à cinq fois par semaine, le soir, à l’entraînement, plus le week-end, en match. Pourtant, aucune d’elles n’est professionnelle, ni semi-pro.

Maillots gris contre chasubles bleues, les joueuses ont reçu les compositions de l'opposition avant l'entraînement du FC Vendenheim.
Maillots gris contre chasubles bleues, les joueuses ont reçu les compositions de l'opposition avant l'entraînement du FC Vendenheim. - B. Poussard / 20 Minutes.

En maillot gris ou chasubles bleus pour le travail du soir sur la possession, elles sont lycéennes, étudiantes en droit ou kiné, salariées dans la restauration, à La Poste… « Ça prouve qu’il est possible de vivre et progresser ensemble quels que soient les âges et représentations de chacune », félicite Nicolas Both, professeur des écoles dans le civil.

Dans d’autres équipes de la division, des footballeuses ont des contrats. A Vendenheim, les joueuses ne touchent, lles, que de petites primes de match. Aucun des membres du staff (deux adjoints, un kiné et un préparateur physique en plus du coach) n’est salarié. Sans perdre de vue le travail nécessaire, l’ambiance retranscrit forcément ce contexte.

Œil attentif, le coach des filles du FC Vendenheim et un de ses adjoints pendant l'entraînement du 5 septembre, avant la deuxième journée de deuxième division française.
Œil attentif, le coach des filles du FC Vendenheim et un de ses adjoints pendant l'entraînement du 5 septembre, avant la deuxième journée de deuxième division française. - B. Poussard / 20 Minutes.

Un club où les filles sont sur le devant de la scène

« Ça a toujours été familial », confirme Margaux, joueuse de l’équipe 2 arrivée par sa sœur il y a dix ans et jamais partie. Mais ici, le vrai cas particulier, c’est que les filles sont sur le devant de la scène. Le club tient à sa seule équipe de garçons, mais elle évolue à un niveau inférieur. Parce qu'elle ne s'entraîne jamais les mêmes soirs, Flavie, une autre ancienne, en rigole avec gentillesse: « Les mecs, on ne les voit jamais ».

Depuis quelques années, le FC Vendenheim compte près de 250 licenciées, dès 5 ans à l’école de foot. Quand l’équipe squatte le terrain d’honneur le mercredi soir, les U19 (au niveau national) en terminent avec leur séance tandis que l’équipe B s’entraîne derrière le club house. Dans l’après-midi, des grandes ont aussi encadré des petites.

Pendant que les joueuses de deuxième division s'entraînent, de plus jeunes licenciées du FC Vendenheim ramènent leur matériel après l'entraînement.
Pendant que les joueuses de deuxième division s'entraînent, de plus jeunes licenciées du FC Vendenheim ramènent leur matériel après l'entraînement. - B. Poussard / 20 Minutes.

Si elles « équivalent un bon niveau régional chez les hommes », selon Nicolas Both, ces structures n’empêchent pas le club alsacien d’avoir ses pépites. Intégrée à l’effectif de deuxième division depuis quatre ans, l’arrière-droite Léna Goetsch est internationale U19. Surclassée, elle a pris part à la Coupe du monde U20 avec les Bleues avant l’été.

Une équipe avec peu d’argent, basée sur la formation des jeunes

Cette année, la cadette du groupe de D2 a moins de 16 ans. « Les faire jouer si jeunes, c’est un peu la recette maison, décrypte Claude Timmel, coach adjoint. A côté d’autres clubs, on a des moyens limités alors on s’appuie sur la formation et la proximité du pôle Espoirs de Strasbourg. » Originaire du Haut-Rhin, Léna Goetsch est arrivée par ce biais.

Lycéennes, étudiantes ou salariées, les joueuses du FC Vendenheim s'entraînent au moins quatre soirs par semaine.
Lycéennes, étudiantes ou salariées, les joueuses du FC Vendenheim s'entraînent au moins quatre soirs par semaine. - B. Poussard / 20 Minutes.

Mais elle rêve maintenant de plus. « Je veux d’abord finir mon BTS et ensuite, pourquoi pas toucher à la D1 », confie l’étudiante en en deuxième année de Management des unités commerciales. Elle a été sollicitée. Mais elle a choisi de rester, pour profiter du temps de jeu offert à Vendenheim et continuer à progresser à ce niveau d’abord.

La concurrence est rude. Dans la région et au-delà, de nouvelles équipes se montent. L’argent arrive, des offres suivent. « On n’a pas les moyens de mettre des sous, assume la présidente Marilou Duringer-Erckert. On travaille sur des partenariats mais c’est dur. Ils sont de plus en plus sollicités. Et dans la région, le Racing en a déjà beaucoup… »

Les gardiennes du FC Vendenheim sont venues en avance pour travailler spécifiquement ce mercredi. Illustration
Les gardiennes du FC Vendenheim sont venues en avance pour travailler spécifiquement ce mercredi. Illustration - B. Poussard / 20 Minutes.

Le budget du club de 200.000 euros, beaucoup de déplacements

Sur les 200.000 euros de budget de tout le FC Vendenheim, la moitié passe chaque année dans les déplacements de l’équipe de deuxième division et des U19. « Pourtant, on aimerait faire un contrat », insiste la présidente. Ex-chef de délégation de l’équipe de France féminine, elle a aidé au développement de la discipline en France et en Alsace.

En plein milieu de semaine, l'entraîneur des joueuses du FC Vendenheim a déjà commencé à étudier leur futur adversaire à la vidéo avant la deuxième journée de deuxième division française.
En plein milieu de semaine, l'entraîneur des joueuses du FC Vendenheim a déjà commencé à étudier leur futur adversaire à la vidéo avant la deuxième journée de deuxième division française. - B. Poussard / 20 Minutes.

Et elle n’a pas perdu espoir de revoir, un jour, son FC Vendenheim en D1. En attendant, son équipe aimerait se maintenir au plus vite pour tenter, ensuite, de bien figurer. Ancien gardien régional, Nicolas Both ne compte pas les lâcher : « En face, on va jouer de grosses équipes, alors il faut se donner les moyens de ses ambitions. »