Oeil pour OeilAux Etats-Unis, bientôt une remise de peine contre un don d’organes ?

Etats-Unis : Des détenus pourraient sortir de prison plus vite en faisant un don d’organes

Oeil pour OeilPlus de 100.000 personnes seraient actuellement en attente de greffe aux Etats-Unis
Illustration d'un détenu ici dans les murs de la prison de Rennes-Vezin, où la surpopulation carcérale pose problème.
Illustration d'un détenu ici dans les murs de la prison de Rennes-Vezin, où la surpopulation carcérale pose problème.  - C. Allain / 20 Minutes
20 minutes avec agence

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Dans le Massachusetts (Etats-Unis), un projet de loi propose de réduire la peine de certains détenus en échange d’un don d’organes ou de moelle osseuse. Cette réduction de peine de prison pourrait aller de 60 à 365 jours, selon Capital qui rapporte l’information révélée par The Guardian. Si elle n’a pas encore été adoptée, cette mesure a d’ores et déjà déclenché la polémique au pays de l’Oncle Sam, actuellement confronté à une importante pénurie d’organes.

La question du consentement

Plus de 100.000 personnes seraient en effet actuellement en attente d’une transplantation aux États-Unis. Faute de greffe, 17 personnes sur liste d’attente décéderaient chaque jour. Si elles permettent de sauver des vies, les opérations chirurgicales réalisées dans le cadre d’un don d’organes ne sont pas sans risque. Elles peuvent par exemple entraîner des infections et provoquer des dégâts sur d’autres organes. Se pose alors la question du consentement.

Enfermement, souffrance, violence, solitude… Les personnes confrontées à la privation de liberté en prison veulent généralement s’en défaire au plus vite et à tout prix. Dès lors, sont-elles en mesure de fournir un consentement libre et éclairé ? Sont-elles à même d’évaluer avec discernement les risques qu’impliquent de telles opérations ? Et comment estimer la valeur d’un tel don : un mois de remise de peine pour un rein, et six mois pour une greffe de moelle osseuse ? Ce sont toutes ces questions qui font polémique.

Un projet qui risque de stigmatiser les minorités

Ce projet de loi pose d’autres problématiques. D’après Peter Reese, un néphrologue rattaché à l’université de Pennsylvanie, les détenus ont parfois du mal à donner des informations franches et complètes sur leurs antécédents médicaux. Dès lors, il peut être compliqué de savoir s’ils feront de bons donneurs et s’ils pourront se rétablir correctement. De même, cette mesure pourrait stigmatiser un peu plus les minorités ethniques et raciales largement représentées dans la population carcérale. Selon nos confrères, 30 % des détenus américains sont hispaniques et 38 % sont noirs.



Coauteur de ce projet de loi, le démocrate Carlos González estime à ce propos que « l’élargissement de l’éventail des donneurs potentiels est un moyen efficace d’augmenter la probabilité que des membres de la famille ainsi que des amis noirs et hispaniques reçoivent un traitement salvateur ». L’élu rappelle que ces communautés sont confrontées en premier lieu à un manque criant de dons d’organes. En 2020, 47,6 % des personnes qui étaient sur liste d’attente avant de bénéficier d’une greffe étaient blanches alors que 27,7 % étaient des personnes noires.

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