« Notre présence apaise »La drogue en ligne de mire

« Notre présence apaise »La drogue en ligne de mire

Sécurité La zone de sécurité prioritaire de Lille est officiellement lancée
Gilles Durand

Gilles Durand

Ils ont été recrutés en mai par la mairie de Lille. Neuf médiateurs sociaux sillonnent depuis quatre mois certains secteurs situés dans la nouvelle ZSP. « Il s'agissait de renforcer le dispositif de médiation dans des quartiers sensibles. Leur mission est de garantir la tranquillité publique », explique Amaury Liétar, coordonnateur à Lille Sud insertion. Jusqu'à maintenant, les patrouilles, gilets orange sur le dos, se passent plutôt bien, d'après les médiateurs. « Je m'attendais à ce que les relations soient plus difficiles », reconnaît Rabah Yennek. « On essaie de recréer un lien social », précise Farid Bihhi. Gérard Vandingenen profite d'une petite notoriété à Lille Sud. « Je suis dans un club de foot, alors j'en connais quelques-uns », avoue-t-il. « Souvent, notre présence apaise », note, pour sa part, Mohamed Bouchiba. Ainsi, la médiathèque du Faubourg de Béthune a demandé à ce que les médiateurs passent le mercredi après-midi. Ils ont aussi un rôle de veille : signaler notamment les dégradations. « Il y a en a encore pas mal au faubourg de Béthune », témoigne Zohra Zaknoun. Preuve qu'il reste encore beaucoup à faire.G. D.Cibler un secteur pour y faire baisser la pression de la délinquance. Le préfet du Nord, Dominique Bur, a présenté officiellement, mardi, l'objectif de la zone de sécurité prioritaire (ZSP) mise en place conjointement dans trois quartiers lillois : Lille sud, Moulins et le Faubourg de Béthune. La priorité : lutter plus efficacement contre les trafics de drogues et d'armes. Qu'est ce que ce nouveau dispositif va réellement changer ?

Une zone d'action élargie. Comme dans d'autres villes, des groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD) avaient déjà été mis en place à Lille, dans certains quartiers comme Lille-Sud ou Wazemmes. La ZSP est une déclinaison à plus grande échelle de ce dispositif. « Nous allons concentrer les effectifs sur cette zone, avec des forces visibles et pérennes sur le terrain. Il faut porter le fer sur les points chauds », souligne le patron des policiers du département, Didier Perroudon. « Les GLTD avaient donné des résultats », souligne le procureur Frédéric Fèvre.

Davantage de policiers en 2014. On est loin des 160 policiers supplémentaires réclamés l'an dernier par la maire de Lille, Martine Aubry, pour sa ville. Concrètement, une quarantaine de policiers, dont la brigade spéciale de terrain, sont déployés sur ce secteur en attendant des renforts qui doivent arriver fin 2013, à l'issue de leur formation. Un recrutement de 480 policiers et gendarmes est prévu pour toute la France. Combien seront affectés à Lille ? Le chiffre n'est pas encore défini.

Accentuer l'ancrage local. La répression doit s'accompagner de prévention. Il est prévu d'embaucher trois adultes relais supplémentaires, chargés de la médiation sociale (voir ci-dessous) et trois nouveaux travailleurs sociaux chargés de la prise en charge des victimes au commissariat central de Lille et au CHR. La coordination avec les bailleurs sociaux doit également être renforcée. « Il faut bâtir une relation de proximité et de confiance », insiste le préfet.

Quartiers ciblés

Dans cette ZSP, depuis le début de l'année, la police a procédé à une soixantaine d'interpellations qui ont donné lieu à une vingtaine de détentions. Environ 11 kg d'héroïne, 1 kg de cocaïne et une vingtaine d'armes ont été découverts. Le secteur cumule 81 % des jets de projectiles, 60 % des incendies de voitures, 53 % des délits en matière de stupéfiant , mais seulement 30 % des outrages relevés à Lille, selon la préfecture.