INNOVATIONMarius fabrique des sièges 100 % recyclables pour la piscine olympique

JO de Paris 2024 : Marius fabrique des sièges 100 % recyclables pour la piscine olympique

INNOVATIONCodirigeant de l’entreprise Le Pavé, avec son ami Jim Pasquet, Marius Hamelot utilise des déchets plastiques recyclés pour faire les sièges
Ces sièges noirs seront installés dans Paris Arena II.
Ces sièges noirs seront installés dans Paris Arena II. - ©Le Pavé / Le Pavé
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • Marius Hamelot et Jim Pasquet, codirigeants de l’entreprise de Seine-Saint-Denis Le Pavé, ont entrepris de fabriquer des dossiers 100 % recyclables pour les sièges de Paris Arena II et de la future piscine olympique.
  • Une manière d’utiliser les déchets plastiques et de minimiser l’impact carbone du secteur du bâtiment, qui génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français.
  • « On s’est intéressé à l’objectif de l’Union européenne de réduire les émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030 [en tentant de trouver des solutions] », explique Marius Hamelot.

«Tout part d’un projet étudiant », explique Marius Hamelot, codirigeant de l’entreprise Le Pavé. Pendant plus d’un an, il est allé à la rencontre d’artisans, d’architectes mais aussi d’acteurs du recyclage, pour tenter de répondre à l’objectif posé par l’Union européenne de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. « Cela revient à tenter de repenser tout un système en seulement sept ans », poursuit-il. Pour « tenter de trouver des solutions », il cherche à réduire les émissions dans le secteur du bâtiment, qui génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français, selon le site du gouvernement.

Une démarche environnementale ambitieuse, lancée avec son ami d’enfance, Jim Pasquet, avec qui il a grandi en Bretagne. L’un a fait des études de commerce, l’autre des études d’architecture. En 2018, les deux Séquano-Dionysiens fondent ensemble Le Pavé, une entreprise spécialisée dans la construction de matériaux durables. L’année suivante, l’entreprise Boing, pour qui ils travaillent en tant que fournisseurs, remporte un appel d’offres organisé par le Comité d’Organisation des Jeux olympiques (Cojo).

Le Pavé se voit chargé de la construction des sièges de la future piscine olympique ainsi que de Paris Arena II, construits à l’occasion des JO de Paris 2024. Au total, l’entreprise construira 11.000 dossiers de sièges, 8.000 pour les sièges de Paris Arena II et 3.000 pour ceux de la piscine olympique. Pour ce faire, plus de cent tonnes de plastique recyclé seront nécessaires. Environ 80 % des déchets plastiques collectés proviennent de l’Île-de-France.

« C’est un vrai défi technique »

Construits à partir de deux types de matériaux plastiques recyclés, les bouchons de bouteilles et le polystyrène, ces sièges seront 100 % recyclables. A terme, les codirigeants aimeraient utiliser jusqu’à huit types de matériaux différents. « L’idée est d’intégrer ces matériaux dans le secteur du bâtiment sur le long terme, en leur donnant de la valeur, tout en gardant la possibilité de recyclage, détaille l’entrepreneur. Dans plusieurs années, on pourra faire du pétrole à partir de ces sièges. »

« Notre initiative n’existe nulle part ailleurs donc c’est un vrai défi technique, poursuit-il. A l’origine, on produisait des panneaux. On a réussi à en faire des sièges performants en travaillant avec d’autres industries qui nous ont aidés à thermoformer nos plaques. » L’important reste de construire des sièges résistants sur le long terme. Ils ont été testés à la résistance à l’arrachement, à la résistance au chlore ainsi qu’aux UV. Mais le secret de leur conception réside surtout en la mise en place d’une véritable collaboration.

Les sièges noirs seront installés dans la future Arena Porte de la Chapelle (ou Paris Arena II)
Les sièges noirs seront installés dans la future Arena Porte de la Chapelle (ou Paris Arena II)  - © Le Pavé

« Ce n’est pas nous qui avons designé les sièges mais l’entreprise Master Industrie », qui s’occupe également des parties métalliques des sièges. « Et puis, on n’est pas recycleurs, poursuit Marius Hamelot. Il y existe déjà des entreprises spécialisées là-dedans. Notre rôle consiste à faire un pont entre le monde du bâtiment et celui du déchet. » Comme une manière d’ouvrir le champ des possibles.

« S’adapter aux besoins aux enjeux de la transition écologique »

En mai dernier, déjà 70 % des sièges étaient déjà produits. Une première (large) partie des sièges a été posée dans la piscine olympique. En prenant part à l’organisation d’un événement de taille, à l’instar des JO de Paris 2024, les dirigeants du Pavé ont l’opportunité de se faire connaître à l’international. Une aubaine pour ceux qui envisagent d’internationaliser leur entreprise.

Jusqu’ici implantés seulement en Île-de-France et en Bretagne, où ils ont grandi, ils souhaitent se déployer dans toutes les régions françaises d’ici trois ans. Puis, à l’international « pour s’adapter aux besoins aux enjeux de la transition écologique et de la raréfaction des ressources ».

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