En Norvège, le spectacle des aurores boréales s'observe aussi depuis le pont d'un bateau
Jean-Claude Urbain pour 20 Minutes
La nuit polaire est tombée sur la Norvège septentrionale. L’Express Côtier Hurtigruten glisse en douceur le long des fjords enneigés tandis que ses passagers s’abandonnent au sommeil. Soudain, une voix retentit dans les haut-parleurs. « Nous observons actuellement d’intenses aurores boréales à l’avant du bateau. » L’excitation gagne alors l’embarcation ! Les voyageurs sautent de leurs couchettes, attrapent leurs appareils photos et se précipitent vers les plateformes extérieures pour assister à l’un des plus beaux spectacles que la nature puisse offrir.

Après quelques secondes, leurs yeux habitués à l’obscurité commencent à distinguer les lueurs. Et puis c’est l’explosion ! D’un bout à l’autre de la voûte céleste, d’immenses draperies phosphorescentes se mettent à onduler. Hésitant entre le vert et le jaune, les volutes colorées semblent danser sur la scène étoilée du firmament. Elles se déforment, disparaissent, réapparaissent, se multiplient, se figent… Emmitouflés dans leur doudoune, les spectateurs restent bouche bée. Le ballet hypnotique va durer des heures.

Pour de nombreux voyageurs, observer une aurore boréale est l’objectif ultime d’une croisière en Norvège. La réalisation d’un rêve ! Mais comme tout phénomène naturel, une telle apparition reste soumise à de nombreux aléas. Sur un circuit de deux semaines au-delà du cercle polaire arctique, les chances sont tout de même très élevées d’apercevoir ces fameuses « lumières du Nord ».
Un mystère résolu
Les populations scandinaves ont longtemps considéré les aurores boréales comme des manifestations surnaturelles. Ces lueurs féeriques inspiraient aux Vikings les reflets de la lune sur les armures des guerrières Valkyries. Pour le peuple Same, il s’agissait plutôt des âmes en marche vers l’au-delà. Le phénomène imposait alors de se cacher dans le silence le plus total, sous peine d’attirer l’attention des défunts…

Les progrès de la science nous ont depuis expliqué que les aurores polaires étaient directement liées à l’activité solaire. Notre étoile, en effet, est un immense chaudron dont le bouillonnement projette des particules électrisées à travers l’espace. Lorsque ce « plasma » approche de notre planète, il se heurte à son champ magnétique qui le dirige vers les pôles. Au cours de leur descente dans la haute atmosphère, les particules solaires percutent des molécules gazeuses. Ces dernières réagissent en émettant une lumière colorée dont la teinte varie du vert au rouge, en fonction de leur nature et de l’altitude. L’aurore prend alors la forme d’un arc ou d’un rideau circulaire qui s’agite au gré des vents.

Le phénomène se produit simultanément dans les deux hémisphères. À une aurore boréale répond donc une aurore australe. Mais l’Arctique restant beaucoup plus accessible que l’Antarctique, c’est vers le Grand Nord que l’on se dirige naturellement pour assister au spectacle. Les aurores y apparaissent entre les mois d’octobre et de mars, dans une zone située des abords du cercle polaire jusqu’au 75e degré de latitude nord.

La directrice générale d’Hurtigruten France, Christine Bois, signale que « les trois prochains hivers seront exceptionnels pour les aurores car nous arrivons au maximum cyclique des explosions solaires ». L’absence de nuage est une condition indispensable pour les apercevoir. Pour maximiser ses chances d’observation, il est aussi conseillé de s’éloigner des villes et des grands axes de circulation, puis de s’armer de patience… Voilà pourquoi, loin de toute pollution lumineuse, une lente croisière hivernale en direction du cap Nord peut devenir le plus beau voyage d’une vie.
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