La Guadeloupe et ses dépendances, hors des sentiers battus
Caraïbes Chutes d’eau secrètes, plages immaculées, phytoplancton bioluminescent… Les îles de Guadeloupe réservent bien des surprises à ceux qui s’aventurent sur les chemins de traverse
Les amérindiens Kalinagos l’appelaient Karukera. Puis, l’explorateur Christophe Colomb, impressionné par la majesté de ses cascades, la surnomma « l’île aux belles eaux », avant de la dédier à Notre-Dame de Guadeloupe pour honorer une promesse de marin. Aujourd’hui, c’est sa morphologie évocatrice qui lui vaut l’appellation d’ « île papillon ».
Au cours de son histoire agitée, la Guadeloupe a connu le pire : la conquête et les querelles européennes, le génocide des indigènes, l’esclavage, les révoltes, les ouragans, la pollution chimique et l’humiliant assistanat. Mais cette région d’outre-mer a su aussi conserver le meilleur. La grande île et ses dépendances répandent des merveilles à profusion sur l’azur des Petites Antilles.
Icônes naturelles de la Guadeloupe, le volcan de la Soufrière, les chutes du Carbet, la plage de Sainte-Anne et la baie des Saintes sont faciles d’accès, et donc, très fréquentées. Quelques trésors encore bien gardés restent heureusement à l’abri des foules. Pour les dénicher, il faut enfiler ses chaussures de marche, interroger les habitants et s’armer de patience, ou bien faire appel aux conseils avisés d’une agence responsable et amoureuse de son environnement, comme Maranatha Tours.
Nocturne caribéen
Côté Atlantique, l’aile « au vent » du papillon correspond à Grande-Terre. Le littoral spectaculaire de cette partie alterne plages, criques, mornes, caps et falaises. Depuis la pointe de la Grande Vigie, les petites routes serpentent à travers la plaine fertile de Grippon. Plantés d’arbres fruitiers, de tubercules, de légumes, d’épices et de plantes médicinales, les jardins créoles guident les naturalistes en herbe, les sportifs ainsi que les amateurs de phénomènes surnaturels jusqu’au Grand Cul-de-sac marin. Ce lagon, ouvert sur la mer des Caraïbes, est l’inquiétant royaume des crabes et des palétuviers. Classée « réserve de biosphère » par l’Unesco, sa mangrove est un écosystème d’une immense richesse, qui invite à la balade en canoë.
Dans l’anse de Vieux-Bourg, quelques minutes d’effort suffisent à rejoindre l’îlet Macou, où se cache l’étonnante chapelle Notre-Dame de la Garde. Chargée de fétiches et d’ex-voto, la construction attaquée par les vagues est un lieu de rites magico-religieux. La mangrove environnante, qui servit de refuge aux esclaves en fuite est, en effet, le siège de croyances occultes.
C’est surtout de nuit, dans l’enchevêtrement des racines, que l’excursion en canoë confine au fantastique. À chaque coup de pagaie, la surface ténébreuse de l’eau s’illumine d’un bleu électrique et fugace. Impossible de résister à l’envie d’agiter la main dans le fluide scintillant ! Les scientifiques ont depuis longtemps démystifié le phénomène en expliquant qu’il s’agissait de phytoplancton bioluminescent. Le spectacle n’en reste pas moins hypnotique.
À l’ombre de la Soufrière
Basse-Terre est encore plus exubérante. L’aile « sous le vent » du papillon est dominée par une « Vieille Dame » dont on scrute le moindre souffle. On dit que lorsqu’elle tousse, c’est toute la Guadeloupe qui se met à trembler. Heureusement, depuis l’alerte de 1976, la Soufrière s’est assoupie. Une aubaine pour les randonneurs qui évoluent sur ses flancs dans un chaos de commencement du monde.
Avec ses 1.467 mètres de haut, ce volcan est le point culminant des Petites Antilles. Les valeureux marcheurs qui parviennent jusqu’au cratère y sont généralement accueillis par un bain de vapeurs soufrées. Mais bien que malodorante, la « Vieille Dame » réserve quelques surprises aux plus observateurs. À la tombée de la nuit, lorsque les reinettes entament leur concert tapageur, plusieurs espèces d’insectes endémiques font leur apparition. C’est le cas de la mygale de la Soufrière, qui vit sur les hauteurs du volcan, et nulle part ailleurs au monde.
Riche d’une biodiversité colossale, « l’île aux belles eaux » possède aussi des cascades de légende. Certaines d’entre elles sont si bien dissimulées dans la touffeur de la forêt que de nombreux locaux peinent à les dénicher. Les audacieux qui y parviennent peuvent donc souvent profiter seuls de leurs eaux cristallines.
Parabole compte parmi ces chutes dont beaucoup connaissent le nom, mais très peu l’emplacement. Ce n’est qu’après un trek d’une heure sur une sente glissante, encombrée par les feuilles géantes de philodendron et les racines moussues, que l’on y parvient. Dans la vallée de Grande-Rivière, la cascade de la ravine Paradis est encore plus mystérieuse. Le chemin qui y mène se perd à plusieurs reprises dans le cours d’eau, qu’il faut traverser à gué. Cernée de colonnes basaltiques de toute beauté, elle mérite amplement son nom.
Au plus près de la perfection
À quelques encablures de Basse-Terre, depuis le bourg de Trois-Rivière, le cadre est idyllique. Découvertes par Colomb au lendemain de la Toussaint 1493, les Saintes forment un chapelet volcanique dont les promontoires ont longtemps joué un rôle militaire. Leur baie aux proportions parfaites est une des plus belles et des plus sûres des Antilles. Cet archipel, caressé par l’alizé, est donc un spot de rêve pour s’adonner à tous types de loisirs nautiques, mais aussi pour en apprendre davantage sur une flore locale préservée. Sur les neuf îles et îlets des Saintes, seulement deux sont habités.
Avec son anse en arc de cercle défendue par un pain de sucre basaltique, Terre-de-Haut évoque une Rio de Janeiro en miniature. Clairs de peau, les Saintois qui la peuplent seraient d’ascendance bretonne. Une théorie appuyée par les talents de marins qu’ils exercent sur leurs saintoises, des barques typiques à l’étrave relevée.
Plus grande et bien plus sauvage, Terre-de-Bas a conservé une douceur de vivre primitive. Les délicieuses pâtisseries locales appelées tourments d’amour y sont sûrement pour quelque chose ! Une randonnée sur les reliefs escarpés de cette île authentique est l’occasion de s’intéresser à des espèces d’arbres qui jouent, depuis la nuit des temps, un grand rôle dans la pharmacopée antillaise. La sève du gommier rouge est, par exemple, un excellent cicatrisant, tout comme celle du croton flavens, ou ti’ bom en créole. On trouve ici aussi le vèpèlé, aux propriétés antiseptiques, le bois d’Inde, dont l’essence est anti-infectieuse, ou encore le bois canon, connu pour faire baisser la tension. D’autres sont même multi-usages, comme le pois d’angole, dont les feuilles soulagent les démangeaisons et les grains, en plus d’être savoureux, assainissent le système digestif. Mais attention, la nature dresse aussi quelques pièges. Aux Saintes notamment, il ne faut surtout pas s’attarder sous les mancenilliers. Le suc de leurs feuilles est extrêmement corrosif pour la peau.
L’île aux cent moulins
Comme sur Terre-de-Bas, la vie semble s’écouler plus lentement sur Marie-Galante. Colomb baptisa cette île du petit nom de sa caravelle amirale. Et si sa forme arrondie et plane lui vaut le surnom peu flatteur de « grande galette », Baudelaire aurait pu lui dédier ses vers : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté ». On y trouve, dit-on, le meilleur rhum du monde. Le plus fort sûrement, puisqu’il peut titrer jusqu’à 59 degrés d’alcool !
La production sucrière de Marie-Galante remonte au XVIIe siècle. À proximité du débarcadère de Grand-Bourg, l’habitation Murat permet de mieux comprendre l’organisation de cette économie basée sur l’esclavage. Transformée en écomusée, cette ancienne exploitation présente une maison de maître parfaitement restaurée, des bâtiments de transformation de la canne ainsi qu’un vénérable moulin. L’île en compterait encore une centaine comme lui, dont le plus bel exemple est probablement celui de Bézard.
Une halte près de la mare au Punch est l’occasion de s’intéresser au processus d’abolition, qui fut plus douloureux ici que sur la grande île de Guadeloupe. La légende veut que, pour célébrer leur liberté, les affranchis de l’habitation Pirogue aient déversé des réserves de rhum dans la mare pour y festoyer durant trois jours !
Fiers de leur histoire, les Marie-Galantais sont très attentifs à l’entretien de leur jardin d’Éden. Au détour d’un champ de canne, on peut encore observer quelques cases traditionnelles, faites de branchages tressés et enduites de terre séchée. C’est toutefois sur son littoral aux eaux turquoise que Marie-Galante achève d’ensorceler ses visiteurs. Des plages immaculées de Vieux-Fort à l’arche spectaculaire de Gueule Grand Gouffre, la concentration de merveilles naturelles est aussi enivrante que le rhum local !
Y aller
Air France prend soin de ses passagers à destination de Pointe-à-Pitre en leur proposant, depuis le début de l’année 2020, de toutes nouvelles cabines sur ses Boeing 777-300. Pendant le vol, vins, champagnes et spécialités créoles sont offerts à tous.
Déjà desservies au départ d’Orly par la compagnie nationale, les îles de Guadeloupe seront également accessibles depuis l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle à partir du 17 décembre prochain. Au total, pas moins de 21 vols directs par semaine permettront de rejoindre cette région d’outre-mer depuis la capitale.
Renseignements
Le site du Comité du Tourisme des îles de Guadeloupe est une ressource précieuse pour préparer son voyage.