Découvrir le Mont Blanc, jusqu’au sommet des Alpes par la « Voie normale »
AVENTURE Atteindre le toit d’Europe occidentale est une consécration pour de nombreux amoureux de la montagne. Une ascension mythique qui requiert une bonne préparation
Le Mont Blanc n’est pas une montagne, c’est une cathédrale. Chaque année, plusieurs milliers de fidèles convergent religieusement vers cet objet de leur adoration. Ces pèlerins d’altitude, persuadés que des visions salvatrices les récompenseront là-haut, plantent leurs crampons dans les traces de Jacques Balmat et du docteur Michel Paccard, les premiers à avoir conquis le sommet en août 1786.
Pour rejoindre le point le plus élevé d’Europe occidentale, les candidats ont le choix entre différents itinéraires. Le plus couru d’entre eux, la « Voie normale », débute à la station du Nid d’Aigle, que l’on rejoint en tramway à crémaillère depuis le village de Saint-Gervais. Un sentier que se partagent randonneurs et bouquetins peu farouches grimpe d’abord vers le refuge de Tête rousse, qui domine le glacier de Bionnassay.
C’est après cette vision spectaculaire que les choses sérieuses commencent. La traversée d’un dangereux goulet équipé d’une ligne de vie métallique transforme en effet le trek en alpinisme. Cette épreuve introduit la délicate ascension de l’aiguille du Goûter : 600 mètres de dénivelé durant lesquels des chutes de pierres, favorisées par le réchauffement climatique, imposent le port d’un casque.
Des cordées matinales
Suspendu à 3.835 mètres, le nouveau refuge du Goûter accueille tous les soirs, de fin mai à fin septembre, 120 alpinistes pour une courte nuit au sommeil difficile. Dès 2 heures du matin, les cordées se composent et se mettent en mouvement à la lueur des lampes frontales. Leur objectif est d’atteindre le sommet, 1.000 mètres plus haut, en même temps que les premiers rayons du soleil. Mais quelques amateurs de sensations fortes, récemment convertis au culte des cimes, se lancent dans l’aventure sans en avoir assez rêvé. Le mont Blanc, qui devrait constituer l’apogée d’une vie d’alpinisme, mérite davantage d’égards… Nombre d’entre eux, épuisés ou victimes du mal aigu des montagnes, ne dépassent pas le refuge Vallot, à 4.362 mètres.
Seulement 33 % des grimpeurs parviennent au sommet quand ils ne sont pas encadrés par un guide de haute montagne. À l’aurore, lorsque les neiges de l’arête des Bosses commencent à s’embraser, les heureux élus savent que la délivrance est proche. L’âme dépouillée par l’effort, ils peuvent alors savourer les mêmes émotions triomphantes que Balmat et Paccard. Le monde, loin en contrebas, est insignifiant. Altitude : 4.809 mètres.