Le road-trip en van peut-il être zéro empreinte carbone?

Nomadisme Combiner vie mobile et respect de l’environnement n’est pas uniquement une question de motorisation

Matthieu Chaumet
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La vie en van est synonyme de confort et d'espace en moins, mais aussi de davantage de liberté.
La vie en van est synonyme de confort et d'espace en moins, mais aussi de davantage de liberté. — Getty Images
  • Le voyage en van, pendant des mois sur les routes d’un pays ou d’un continent, offre une promesse de liberté.
  • Les camions aménagés ou camping-cars roulent à l’énergie fossile et les solutions électriques accessibles ne sont pas encore disponibles.
  • Pour autant, le mode de vie en van permet un quotidien à l’économie et une grande autonomie.

Le Combi Volkswagen va faire son grand retour en mode 100 % électrique… en 2022. Et avec lui l’espoir d’un remake décarboné et survolté du périple vers Katmandou (Népal). Actuellement, c’est toujours au pétrole que ça roule. Rien qu’à voir les centaines de vans et camping-cars exposés au Salon du véhicule de loisirs (VDL) du Bourget (Seine-Saint-Denis), jusqu’au 6 octobre, on comprend qu’il faudra prendre son mal en patience et trouver d’autres biais afin de réduire son empreinte en roulant.

« La motorisation au diesel ne changera pas dans les prochaines années », annonce François Feuillet, le président du salon VDL et PDG de Trigano, premier fabricant de véhicules de loisirs en Europe. En cause, la dépendance du marché des véhicules de tourisme à celui des véhicules commerciaux (camions et utilitaires) à partir desquels ils sont construits, et qui bénéficient d’une fiscalité toujours favorable au Diesel, avec notamment une « exonération de taxation au CO2 ».

Le poids et l'autonomie

Autre obstacle à l’électrique, pour le constructeur automobile, « le poids des batteries, qui nécessiterait de faire évoluer le permis de conduire », à cause du dépassement probable de la limite des 3,5 tonnes. Sans parler de l’accès aux bornes de recharge. Il ne s’agit pas de se retrouver en pleine pampa avec 400 km d’autonomie sans prise à brancher. Toutefois, l’impulsion pourrait venir d’ailleurs : Amazon a annoncé en septembre la commande de 100.000 vans électriques à Rivian (une start-up dans laquelle le géant du Web a investi) pour sa flotte de camions de livraison. On y vient donc.

Au 54e Salon des véhicules de loisirs, au Bourget.
Au 54e Salon des véhicules de loisirs, au Bourget. - M. Chaumet/20 Minutes

D’ici à quelques années, à nous les routes du monde, le cœur léger, libéré de la culpabilité de l’empreinte carbone de notre véhicule, à coups de décharges électriques ? Pas vraiment, d’après Florent Conti, écrivain et vidéaste franco-canadien auteur de l’ouvrage Ma vie en Van, chez City Editions. « Il ne faut pas oublier que la pollution est aussi dans la façon dont on vit et consomme », fait-il d’abord remarquer. « La production de véhicules électriques est très coûteuse. Souvent, on ne remet pas en cause la production en elle-même, on culpabilise le consommateur. »

Panneau solaire et batterie

Après de nombreux voyages en van sur de longues périodes en Amérique du Nord et en France, ce dernier valorise donc une approche médiane. La vie en van ou camion aménagée, c’est un mode de vie à l’économie : d’argent, de confort mais aussi d’énergie, « une expérience de la simplicité. C’est le moyen de réaliser notre consommation et d’y faire attention ». Cela passe par l’achat de véhicules de seconde main, sans électronique, certes plus polluants, mais plus faciles à réparer et beaucoup moins chers. Et par des améliorations.

Aujourd’hui, grâce à l’installation de panneaux solaires et d’une batterie, il est possible de vivre en autonomie énergétique quasi complète, si ce n’est bien sûr la question du carburant pour le moteur. « C’est très abordable, entre 500 € et 800 €. On adapte la consommation à la capacité de la batterie. » C’est donc dans l’aménagement et l’adaptation des véhicules que la marge de manœuvres est la plus grande. Eric Moreau est ébéniste et au sein de son entreprise familiale l’Artisan du voyage, il propose d’aménager des camions aux désirs de ses clients. Isolation, installation du panneau solaire, de la batterie, d’un réservoir d’eau…. Pour lui aussi, « en dehors du carburant, il n’y a pas besoin de se brancher, tout peut se faire avec le panneau solaire et la batterie, hors réseau ». La combi efficace, à défaut d’être branchée.