Elle enchante les pierres

Julie Duquenne
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F. Scheiber / 20 minutes

   Assise à une terrasse de café, en jean et veste à la cool, Veronica Antonelli n'a rien d'une diva. Pourtant, derrière son regard bleu pétillant, on devine une femme pas comme les autres. D'abord parce qu'elle a une voix hors du commun, capable de faire swinguer des raies mantas… « C'était en 1999, lors d'une sortie plongée au large de la Polynésie, je me suis mise à chanter dans l'eau et quand j'ai rouvert les yeux, il y avait des raies tout autour de moi qui dansaient : c'était magique », se souvient la Toulousaine.
  C'est aussi à sa force de caractère qu'elle doit d'avoir réalisé son rêve : devenir chanteuse lyrique. Elle a dû d'abord convaincre sa mère que le conservatoire était un bon choix. Et, bien qu'elle ait pu obtenir dès 1996 des contrats pour être choriste à l'Opéra du Capitole, la soprano a dû enchaîner les petits boulots.
  « J'ai toujours su que je voulais faire ce métier, explique celle qui a grandi dans une famille franco-italienne où la musique était omniprésente. Comme Paulo Coelho, je crois que chacun a une légende personnelle, et la mienne, c'est de chanter ». Pour cette fervente catholique, sa voix est d'ailleurs « un don du ciel » pour lequel elle n'oublie jamais de remercier la Vierge Marie. Elle l'accompagne partout sur un porte-clés fétiche. 

 Mère célibataire surbookée
Mais il aura fallu attendre ses 37 ans pour que le travail acharné de Veronica, aux côtés — entre autres — de la chanteuse toulousaine Mady Mesplé, commence à faire parler d'elle. Notamment grâce à son concept de visites touristiques en chansons qu'elle a baptisé « Monuments enchantés ». A Toulouse* samedi prochain à l'occasion des Journées du Patrimoine, mais aussi à Albi ou Saint-Lizier, la soprano fait vibrer les vieilles pierres pour inviter le public à sortir des salles d'opéra. « J'essaie de rendre plus accessible un patrimoine qui est souvent réservé à une élite », dit-elle. L'idée séduit de plus en plus d'offices de tourisme et devrait bientôt s'exporter à Reims et peut-être même ailleurs en Europe. De quoi donner un nouveau souffle à cette mère célibataire de deux enfants qui doit jongler entre vie privée et professionnelle. « ça demande d'être très organisée, et comme je ne suis pas très carrée, je me sers de ma montre pour me rappeler à mes obligations terrestres », s'amuse l'artiste. Car, quand elle chante, une chose est sûre, le temps s'arrête.
 

« C'est une jeune femme qui a beaucoup d'atouts : sa voix, son caractère, son charme… Elle a tout ce qu'il faut pour réaliser des grandes choses et elle aime vraiment les gens »