L'Art thérapie façon Mengo
Longtemps, Art Mengo a été un chanteur discret. Si l'homme l'est toujours, le chanteur à la voix rocailleuse a, lui, bien changé depuis ses débuts. Son dernier album, Entre mes guillemets, sorti en février, a été enregistré en un minimum de temps avec les musiciens de la tournée précédente. Un changement radical pour Michel Armengot, de son vrai nom, plutôt habitué à fignoler chaque détail. Pour la première fois aussi, il signe les textes de trois chansons en plus des mélodies. « J'avais envie de faire le plein de nouvelles chansons et de repartir au plus vite à la rencontre des gens sur scène » explique-t-il. Scène, le mot est lâché. Le chanteur toulousain de 44 ans, qui, pendant longtemps, ne s'y est pas senti très à l'aise, semble ne plus pouvoir s'en passer. « Je me suis rendu compte que ce métier passe par la scène. Il y a de l'énergie dans l'échange, dans la rencontre avec le public. J'ai besoin de ça en ce moment, c'est un cycle. »
Le cycle précédent avait été consacré à un travail de composition et de remise en question. Après avoir été l'un des compositeurs les plus demandés dans les années 1990 – avec ses compères paroliers, Patrice Guirao puis Marc Estève, il a composé pour les plus célèbres, de Johnny Hallyday à Enrico Macias en passant par Florent Pagny et Henri Salvador –, il éprouvait le besoin de changer certaines choses. Il s'est construit son propre studio chez lui, près de Toulouse, au milieu des arbres, afin de pouvoir réaliser entièrement ses albums. « La musique en pantoufles, quel luxe ! », s'exclame-t-il en souriant.
Une méthode de travail qui permet à ce fils d'immigrés espagnols de rester proche de sa « tribu » comme il dit, formée au fil de ses dix-sept ans de carrière. « Je travaille avec les mêmes personnes depuis le début, je suis d'une fidélité maladive », analyse-t-il. Et d'une grande pudeur, qui le fait rechigner à trop s'exposer à la télévision. Le public ne s'y est pourtant pas trompé et plébiscite ses chansons à la fausse légèreté traversée de mélancolie, aux mélodies subtiles. La preuve, les concerts sont toujours complets.
Marie Deseilligny
En showcase à la Fnac Wilson, ce soir à 17 h 30.
Akim Bournane, bassiste : « En plus d'être un créateur, c'est un vrai performeur sur scène, qui s'est fabriqué son univers, son langage. Je déplore qu'il ne soit pas plus médiatisé mais son parcours discret lui correspond. » Marc Estève, parolier : « Il aime les textes, c'est un régal de travailler avec lui. A l'écoute, honnête et intelligent, il est l'un des meilleurs mélodistes en France. » Michel Peña, son manager : « Il est brillant. La facilité avec laquelle il compose me surprend toujours. On a plutôt un rapport d'amitié qu'un simple rapport de travail. J'ai avec lui des fous rires de gosse. »