Toulouse : Une bibliothèque ukrainienne « pour garder le lien avec la culture et la langue maternelle »
Initiative L’association Ukraine Libre Toulouse a créé une bibliothèque à destination des familles ayant fui leur pays, un lieu qui va au-delà du simple prêt de livres
- L’association Ukraine Libre Toulouse a créé une bibliothèque pour les personnes ayant fui leur pays.
- Cet espace, inauguré samedi dernier en centre-ville de Toulouse, met à la disposition des jeunes et moins jeunes des livres en langue ukrainienne exclusivement.
- Un lieu où la diaspora peut se réunir et se soutenir, en attendant pour les « déplacés » de pouvoir rentrer un jour chez eux.
Sur les étagères, des abécédaires, des livres pour enfants ou encore des romans. Tous ont un point commun : ils sont en langue ukrainienne et symbolisent le combat des centaines de déplacés pour maintenir « un lien avec la culture et la langue maternelle », explique Margarita. Installée en France depuis vingt ans, elle est l’une des responsables de la toute nouvelle bibliothèque Anne de Kyiv, un lieu inauguré la semaine dernière rue Clémence-Isaure, à Toulouse.
Tous les samedis après-midi, dans ce petit local mis à la disposition de l’association Ukraine Libre, elle accueille avec Larissa et Olesia les enfants et parents qui ont tout quitté du jour au lendemain pour fuir les bombes lâchées sur leur pays par les Russes. Dans la précipitation, certains de leurs compatriotes ont tenu à emporter dans leur maigre bagage un livre. « Car les Ukrainiens sont de grands lecteurs », assure Olesia.
Cette enseignante d’histoire et de droit est arrivée en mars dernier d’Odessa avec sa fille de 18 ans, laissant sur place une partie de sa famille. Alors, quand l’idée de créer ce lieu a vu le jour, elle s’est proposée. « Cela permet de continuer à travailler avec les jeunes, d’être utile car, quand ne maîtrise pas la langue du pays, on ne peut pas travailler. C’est aussi un moyen de garder un lien avec l’histoire de l’Ukraine et d’avoir un lieu où l’on peut se soutenir les uns les autres », assure celle qui rêve de pouvoir rentrer chez elle.
Un lien important en particulier pour les nombreux jeunes déracinés et parfois complètement déboussolés. « Le livre c’est aussi un moyen de les apaiser, car quand tu lis, tu oublies la réalité », raconte Margarita qui accompagne depuis plusieurs semaines des élèves scolarisés dans un collège de l’agglomération toulousaine.
A la recherche d’un local
Il était difficile jusqu’à présent de pouvoir trouver des éditions en ukrainien, la langue de l’ennemi étant proscrite. Mais grâce à une collecte réalisée auprès d’une librairie de Kiev, mais aussi de dons réalisés par l’association Sous les Tilleuls, des jeunes déplacés ont pu emprunter la semaine dernière des classiques de la littérature jeunesse comme les célèbres aventures d’Harry Potter. Pour l’instant, 200 volumes ont trouvé leur place sur les étagères de cette bibliothèque baptisée Anne de Kyiv, qui épousa au XIe siècle le roi des Francs Henri 1er, symbole du trait d’union entre les deux pays.
Si ce lieu est devenu un point de rencontre pour la diaspora, il devra être libéré début décembre. L’association est donc à la recherche d’un nouveau point de chute pour se réunir.