Des colis alimentaires pour les étudiants

Charlotte Boitiaux
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Distribution alimentaireà l'association Saint-Vincent-de-Paul, rue Valade.
Distribution alimentaireà l'association Saint-Vincent-de-Paul, rue Valade. — A. GELEBART / 20 MINUTES

   Maé, étudiante boursière, touche 400 euros d'aide mensuelle et fait un petit boulot de distribution qui lui rapporte 400 euros de plus. Mais ce maigre salaire lui permet difficilement de joindre les deux bouts. Alors, le lundi soir, elle vient chercher un colis alimentaire distribué par des étudiants bénévoles de la Conférence de Saint-Vincent de Paul. Parfois un « plus », parfois une « nécessité », ces colis, en tout cas, lui permettent « de souffler ». Ces provisions fournies par la Banque alimentaire sont prévues pour tenir une semaine. Un colis contient pates, riz, chocolat, lait... 

   Aucune statistique ne rend compte précisément de cette détresse estudiantine dans la Ville rose. « La précarité de ces jeunes augmente, mais elle est invisible », reconnaît Annie-France Looses, la présidente de la Banque alimentaire. « Il est difficile de quantifier la précarité étudiante. Les boursiers ne sont pas forcément précaires, alors que des non-boursiers peuvent l'être », confirme-t-on au Crous. Selon le syndicat étudiant Unef qui a réalisé une étude locale, près d'un étudiant sur trois sauterait parfois le repas du soir et 23 % renonceraient à des soins médicaux faute de moyens. Le loyer, les charges, la scolarité, « il ne reste pas grand-chose à la fin », explique Jonathan, un étudiant en 2e année au Mirail. Surtout pour manger. 

   Outre Saint-Vincent de Paul, seule une autre association étudiante délivre des denrées aux jeunes universitaires : les Etudiants musulmans de France (EMF). Mais ces bénévoles sont peu sollicités. « Les étudiants ne connaissent pas notre existence, c'est dommage », confie Maïder, une des responsables de Saint-Vincent de Paul. L'association distribue de 8 à 10 colis par semaine. « Chez nous, il faut se munir d'une lettre de l'assistante sociale de l'université pour avoir droit à un colis. Peu de gens demandent un rendez-vous, une question de dignité je pense », explique Mounia Hamdi, la présidente de l'EMF. Mayliss, étudiante à l'Arsenal,qui vit avec 900 euros par mois, ne connaissait pas ces points de distribution. Dans les associations classiques, elle redoutait la confrontation avec d'autres précaires : « Il y a des SDF, des étrangers, pas le même profil que moi. » Pourtant, le Secours populaire propose à ces futurs actifs un accueil spécifique sur rendez-vous*, afin d'offrir des aides alimentaires et vestimentaires. W 

   * Secours Populaire : 05 34 40 34 40.