Toulouse : Une nouvelle idée pour amener les produits locaux jusque dans les restos
PROXIMITE Aider restaurateurs et commerçants toulousains à s’approvisionner tout près en produits alimentaires. C’est l’objectif d’une nouvelle coopérative originale installée dans le quartier Soupetard
- Un « Marché d’Intérêt Local » a ouvert début avril à Toulouse. Il propose aux professionnels de vendre ou acheter des produits alimentaires frais comme des fruits et légumes locaux avec une chaîne d’approvisionnement 100 % locale.
- Pour garantir les circuits courts, les fournisseurs doivent produire à moins de 90 kilomètres de la place du Capitole et les clients se situer dans un rayon de 10 kilomètres maximum.
- Géré par une coopérative, le marché est sans but lucratif et assure un juste prix aux producteurs.
Dans le quartier de Soupetard à Toulouse, un nouveau marché alimentaire professionnel a vu le jour au début du mois d’avril. Sans but lucratif, il se destine aux producteurs et commerçants de produits frais dans le but de développer une chaîne d’approvisionnement 100 % locale. Déjà bien fournie en fruits et légumes, l’offre s’élargira cet été avec de la viande et des produits laitiers. « On aura aussi du poisson cet hiver via de l’aquaculture locale, précise Stéphane Cassaing, fondateur de la Coop Mil. Mais on n’aura jamais de café ni d’agrumes ! » Car ce marché « d’intérêt local » par opposition aux traditionnels « Marchés d'intérêt national (MIN) » a fixé ses limites : 90 kilomètres de distance du Capitole pour les fournisseurs et seulement 10 pour les clients.
Ni vente directe, ni grossiste, la Coop Mil ouvre une nouvelle voie intermédiaire et solidaire. « Ici, on n’est pas qu’un pion, on devient un vrai acteur de la chaîne », salue Jennifer Sailly, gérante de Midi Cueillette à Portet-sur-Garonne. Historiquement en libre-service maraîcher, la productrice de légumes bio s’était en partie tournée vers la vente en demi-gros pour des raisons logistiques et financières. Ce nouveau débouché éthique lui apporte « de la simplicité ». Le même constat est fait par les acheteurs : « travailler en direct avec les producteurs, c’est mission impossible », affirme Valérie Pasquier, gérante du restaurant toulousain Roquette et Julienne. « Je n’ai pas le temps d’y aller, eux n’ont pas le temps de me livrer. On a eu beau essayer, on n’y arrivait pas ! La Coop Mil, c’est la bonne formule : avec un prix équivalent à celui d’un grossiste, les produits sont tops et on fait travailler nos voisins », se réjouit-elle.
Garantir une juste rémunération des producteurs
Manger local a un prix et la Coop Mil le garantit juste. Les marges sont totalement transparentes pour les clients comme pour les producteurs, qui fixent eux-mêmes leurs prix. Les commandes se font à la demande « pour assurer la fraîcheur du produit et éviter le gaspillage », détaille Stéphane Cassaing, qui vise le zéro déchets.
« Si on veut tendre vers l’autonomie alimentaire du territoire, cela nécessite de faire participer tous les acteurs, de la production à la vente en passant par la logistique. C’est ce qu’on fait à notre échelle », explique-t-il. Les quatre partenaires de l’association Coop Mil sont tous locaux et coopératifs : Pandobac consigne les caisses et cagettes et assure leur traçabilité ; Consign’up fait de même avec les bouteilles et Applicolis livre le tout en douceur avec ses vélos-cargos et véhicules au gaz. Enfin, les Alchimistes, dernier membre de la chaîne d’approvisionnement et du conseil d’administration, se charge de la collecte et du compostage des déchets.
Tout juste lancé, le marché peut déjà compter sur une vingtaine de producteurs et presque autant de clients. « Il en faudra une centaine de chaque côté pour que le projet perdure, estime Stéphane Cassaing. » L’objectif sera ensuite d’embaucher quelques coordinateurs pour superviser les livraisons et gérer les commandes, mais « toujours en gardant le modèle coopératif », précise le jeune visionnaire, les mains dans les carottes mais la tête sur les épaules.