Toulouse : Le musée Saint-Raymond lève un bout du voile sur le mystère du dieu Mithra
EXPOSITION Venu de Perse, le culte de Mithra, dieu tueur de taureau, se répand en Europe entre le Ier et le Ve siècle. Son mystère inspire toujours aujourd’hui les fictions contemporaines, ainsi que le musée Saint-Raymond de Toulouse qui lui consacre jusqu’au 30 octobre une exposition
- L’exposition temporaire « Le mystère Mithra » au musée d’archéologie Saint-Raymond ouvre ses portes aujourd’hui et jusqu’au 30 octobre 2022.
- Le culte du dieu Mithra était répandu en occident jusqu’au Ve siècle. Le christianisme a contribué à sa disparition.
- Son héritage et son mystère ont traversé les siècles : célèbre autant que méconnu, Mithra apparaît dans de nombreuses fictions et inspire toujours les auteurs contemporains.
Les adeptes du gaming auront peut-être reconnu le nom d’un temple mythique du jeu vidéo, Assassin’s Creed. Car Mithra, le tueur de taureau, divinité orientale et mystérieuse des premiers siècles dont l’origine reste incertaine, trouve encore sa place dans la culture contemporaine. Le musée Saint-Raymond de Toulouse a décidé de lui consacrer une exposition unique et originale, entre clairs-obscurs et contrepoints, à l’image de ce dieu tout en contradictions.
La galerie du musée, sombre et solennelle, reproduit l’atmosphère caverneuse des mithréums, les temples de Mithra : cachés, enterrés, parfois intégrés dans de véritables grottes, les sanctuaires n’ont laissé que peu de traces connues. Pourtant, Mithra n’avait rien de clandestin et s’intégrait parfaitement à l’univers polythéiste de l’époque.
Une partie de l’Empire romain lui voue d’ailleurs un surprenant culte, de son arrivée en occident au premier siècle jusqu’à son abandon au début du cinquième. Dieu « privé », ses adeptes se réunissaient pour vénérer celui qui, en tuant le taureau, a sauvé le monde et l’a régénéré.
L’archéologie, science du passé ?
Les communautés mithriaques partageaient-elles seulement des banquets ou aussi de sanglants rituels ? Et notre Marianne nationale a-t-elle volé au dieu son bonnet phrygien, symbole de l’esclave affranchi ? L’exposition apporte des éléments de réponse aux questions que nous a laissées Mithra, même si la divinité garde beaucoup de ses secrets, l’auréolant de mythes ésotériques dont certains perdurent dans l’imaginaire collectif. En sillonnant le musée, on apprend ainsi que les loges franc-maçonniques revendiquent encore des héritages du mithriacisme.
Tout au long de l’exposition, des exemples viennent illustrer la présence du dieu dans la fiction moderne et la culture pop-rock. Car le tueur de taureau inspire toujours les auteurs et trouve sa place dans des œuvres bien contemporaines. En plus du jeu vidéo Assassin’s Creed Valhalla, on le retrouve dans la bande dessinée Conan ou encore dans la série « Da Vinci’s Demons » et sa « secte de Mithras ».
« Mithra, c’est audacieux ! Beaucoup d’autres musées y ont pensé, mais n’ont pas osé. Même s’il reste un dieu très mystérieux, la recherche progresse et nous mettons ici en lumière les dernières découvertes. Ainsi, les spécialistes trouveront leur bonheur, tout autant que le grand public, que nous voulons amener à l’archéologie via un nouvel angle, sans passer par la traditionnelle mythologie gréco-romaine », indique Laure Barthet, la directrice du musée qui surprend une nouvelle fois par son approche pratique et moderne d’un sujet que l’on pourrait penser réservé aux initiés.
Et qui pense aussi aux plus jeunes qui, grâce à un parcours avec des bornes interactives, peuvent découvrir Mithra de manière ludique. Un univers qu’ils pourront découvrir ce samedi à l’occasion de la Nuit des Musées. Et pourront aussi profiter de la mise en scène spéciale Guerre des Étoiles décalée et détonante du reste des collections de Saint-Raymond.