Journée des droits des femmes : Les Tabliers Solidaires, « traiteur 100 % féminin et éco-responsable »

REPORTAGE A Toulouse, un traiteur solidaire, véritable chantier d’insertion, a été créé l’an dernier pour permettre à des femmes en reconversion professionnelle de trouver leur voie

Béatrice Colin
A l'atelier des Tabliers solidaires, un traiteur toulousain qui emploie des femmes dans le cadre d'un chantier d'insertion.
A l'atelier des Tabliers solidaires, un traiteur toulousain qui emploie des femmes dans le cadre d'un chantier d'insertion. — B. Colin / 20 Minutes
  • A Toulouse, les Tabliers Solidaires livrent des repas préparés exclusivement par des femmes dans le cadre d’un chantier d'insertion.
  • Elles livrent leurs plats cuisinés à des entreprises et des particuliers à partir de produits déclassés et locaux.
  • Cet emploi permet aux femmes de prendre le temps de trouver leur voie pour assurer leur reconversion professionnelle.

Pendant que la cheffe, Violaine, prépare un caramel, Seda, Barbara et Nadine s’affairent en cuisine à éplucher et découper des fruits déclassés qui n’ont pas trouvé preneurs parce que trop moches. Quatre jours par semaine, ces trois femmes se rendent dans la cuisine des Tabliers Solidaires, un chantier d’insertion un peu novateur installé à Launaguet, au nord de Toulouse. « Nous sommes un traiteur solidaire, 100 % féminin et éco-responsable », résume Nathalie Barbazanges, sa fondatrice.

A l’opposé des dark kitchen – ces cuisines fantômes dédiées à la livraison de nourriture via des plateformes en ligne –, au sein de cette association créée l’an dernier, on prend le temps de faire, on n’enchaîne pas les commandes à la pelle. L’objectif n’est pas non plus de former ces femmes en insertion professionnelle à un métier de la restauration. Mais de les aider à trouver leurs voies. Tout en rendant possible leur travail, grâce à des horaires adaptés aux mères de famille.

Accompagnées en parallèle

« Certaines n’ont jamais travaillé, d’autres se sont retrouvées sans emploi sur le tard. Ici, elles reprennent confiance, elles travaillent en équipe et sont accompagnées par une conseillère en insertion qui vient les rencontrer toutes les semaines pour voir comment leur projet avance, les encourager à trouver ce qui va leur plaire, », explique Nathalie Barbazangues qui a travaillé durant plusieurs années sur l’autonomisation des femmes dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.

Après avoir bossé dans le domaine de l’architecture, à 57 ans, Nadine ambitionne de devenir fleuriste. Jamais elle n’aurait imaginé atterrir un jour en cuisine, mais lorsqu’on lui a proposé, elle s’est dit « pourquoi pas ». « Lorsqu’on est en reconversion professionnelle, on nous demande de choisir un métier en une semaine. Ici, nous n’avons pas la pression, on travaille tout en ayant le temps de faire nos CV, les enquêtes métiers, ce qui nous permet d’avancer », raconte-t-elle tout en débitant ses kiwis.

Grâce aux Tabliers Solidaires, « elles apprennent à faire des fiches techniques, à calculer des coûts ou encore à créer des recettes », explique Violaine de Beler, créatrice de La Belle Intendance, un traiteur nomade qui s’est associé au projet. Autant de choses qu’elles pourront réutiliser dans leurs métiers futurs.

Traiteur pour entreprises et particuliers

Au début, la cheffe a eu peur d’être confrontée aux difficultés techniques des salariées. Mais ses doutes ont vite été levés. « Ce sont des choses qu’on apprend. Tout de suite, elles ont été motivées, je mets en place des petits challenges à réaliser un peu comme dans Top Chef, ça les stimule. Et tous les jeudis, elles proposent un plat, comme les raviolis ukrainiens de Barbara. L’intérêt ce n’est pas qu’il y ait que ma cuisine », assure la jeune femme qui a fait ses armes à L’Atelier des Chefs. Et fait en sorte de cuisiner au maximum des produits locaux, issus de circuits courts.

Des plats qui peuvent être ensuite mis à la carte et commandés par les clients, aussi bien des entreprises que des particuliers à des prix abordables. Les membres des Tabliers Solidaires peuvent être amenées ainsi à faire du service ou encore à livrer les commandes. Pas question de faire appel à des plateformes. « On choisit de faire nous-mêmes la livraison, c’est plus cher, mais c’est un choix politique. On est en conformité avec notre désir d’agir sur le mieux-être et ça fait une corde de plus à leur arc », assure Nathalie Barbazanges pour qui les clients de l’association, en plus de bien manger, font un « acte militant ».