Toulouse: La ZFE, qui chassera progressivement les véhicules les plus polluants, est-elle trop restrictive ?
ARBITRAGES La vaste Zone à faibles émissions (ZFE) qui doit permettre bientôt de bouter progressivement les véhicules les plus polluants hors de Toulouse, inquiète certains usagers qui plaident pour un assouplissement. Alors, reste-t-il une marge de manœuvre ?
- A Toulouse, l’instauration de la Zone à faibles émissions interdisant, petit à petit, les véhicules les plus polluants est imminente.
- Elle doit entrer en vigueur 24h/24 et 7 J/7, alors que Paris par exemple ne prévoit pas de l’appliquer la nuit et le week-end.
- Des automobilistes et motards demandent un assouplissement. Jean-Luc Lagleize, le député Modem de la 2e circonscription plaide pour une ZFE « plus progressive ».
- Y aura-t-il des arbitrages de dernière minute ?
Rendre Toulouse plus respirable, notamment pour les 8.000 habitants qui, le long des axes denses, encourent des risques pour leur santé. C’est l’objectif de la désormais fameuse Zone à faibles émissions (ZFE) que la Loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019 impose de mettre en place pour chasser progressivement de la Ville rose les véhicules les plus polluants.
La cause est grande, alors Toulouse Métropole n’a pas fait dans la dentelle. Elle a choisi un périmètre large pour sa ZFE – 72 km2, soit l’intégralité de la ville intra-rocade et deux petites portions de Colomiers et Tournefeuille – et la plage horaire maximale d’application, c’est-à-dire tout le temps, 24h/24, 7 J/7. Un volontarisme qui donne le vertige à certains habitants, automobilistes ou motards. « C’est tout simplement la ZFE la plus restrictive de France », souligne Agnès Grillou. Elle représente la Fédération française des motards en colère (FFMC) au sein de l’Interclub ZFE 31 qui rassemble les usagers désireux d’assouplir le dispositif. En manifestant bruyamment, comme en novembre dernier, mais aussi en dialoguant plus posément et en faisant des propositions concrètes.
Plus souple à Paris
Le collectif a mis plusieurs suggestions sur la table. Comme cette idée, retenue à Strasbourg et Grenoble, d’accorder une dérogation aux véhicules de collection, vieux par définition. Ou encore cette hypothèse d’exonérer de ZFE ceux qui sont assurés en formule « loisir » et qu’on ne retrouve donc pas dans les embouteillages des heures de pointe. « Reims va expérimenter ce dispositif en transmettant à la sécurité publique le listing des véhicules concernés qui se sont signalés », affirme Agnès Grillou. Elle milite aussi pour un moratoire de trois ans pour les deux-roues (et trois- roues), qui « permettent de fluidifier la circulation ».
Il n’y a pas que des usagers qui s’inquiètent. Jean-Luc Lagleize (Modem), député de la 2ᵉ circonscription, comprenant des quartiers de Toulouse mais aussi des communes rurales hors métropole, a voté pour la loi LOM. Mais il rappelle « qu’elle reste souple » et « que d’autres villes de France plus exposées à la pollution ont choisi des mesures plus progressives, en tout cas plus socialement acceptables ». Il cite Strasbourg, où « l’on peut demander une dérogation ponctuelle quand on ne dispose pas du véhicule adapté ». Le parlementaire prend surtout l’exemple de Paris dont le dispositif ZFE ne s’applique « qu’en semaine, et de 8 heures à 20 heures ». La levée du dispositif la nuit, quand les transports en commun se font plus rares et que les bouchons sont inexistants fait aussi partie des propositions de l’Interclub ZFE 31, préoccupé par les soignants ou ouvrier en 3X8.
Des problèmes concrets en suspens
Jean-Luc Lagleize remonte également des problèmes concrets. L’angoisse par exemple des nombreux concessionnaires et réparateurs moto concentrés sur l’avenue d’Atlanta, en périmètre ZFE. Ils sont effrayés à l’idée que leurs habitués ne puissent plus rouler jusqu’à eux au guidon de leurs vieilles et précieuses bécanes. « Je me demande aussi si le parking-relais du terminus métro à Borderouge sera dans le périmètre », dit-il. De quoi dissuader le chaland si on ne peut plus venir avec sa vénérable guimbarde pour sauter dans le métro, pourtant écolo. Sans compter les habitants de communes rurales qui n’auront pas droit à la prime à la conversion de la métropole pour acheter une voiture moins polluante.
Toutes ces propositions et doléances convergent vers un seul bureau. Celui de François Cholet, le vice-président de la métropole en charge du dossier. Il a reçu le collectif Interclub le 7 janvier, le député Lagleize mardi dernier. Une autre réunion est prévue avec le collectif le 18 février. L’élu ne s’exprime pas sur les ultimes arbitrages que fera le maire et président de la métropole Jean-Luc Moudenc (LR). Mais ses interlocuteurs l’ont tous trouvé « ouvert » au dialogue.