Toulouse : Avec sa plancha mobile, il va à la rencontre des sans-abri et leur offre un repas « comme à la maison »

SOLIDARITE Un Toulousain a créé l’association « Plancha social club » et va à la rencontre des sans-abri pour leur offrir un repas cuisiné – et un moment convivial – sur sa table de cuisson mobile

Béatrice Colin
 Kamel a créé l'association
Kamel a créé l'association — B. Colin / 20 Minutes
  • Depuis plusieurs semaines, Kamel, un Toulousain, sillonne les rues de Toulouse sur son vélo pour partager un repas, cuisiné sur sa plancha mobile, avec les personnes à la rue.
  • Ce moment de partage permet d’échanger avec des personnes qui ne se rendent pas sur les lieux de distribution habituels.
  • A travers son association, le « Plancha social club », il espère trouver d’autres bénévoles pour cuisiner et faire des émules.

« C’est bon et ça nous fait manger des légumes », plaisante à moitié Samuel en plongeant sa fourchette dans son assiette garnie d’aubergines et de courgettes. Ce dimanche midi, sur les berges du Canal du Midi, Kamel cuisine sur sa plancha de quoi restaurer un petit groupe de personnes, une partie vivant à la rue. Il est arrivé un peu plus tôt au guidon de son deux-roues, tractant sa remorque en inox qu’il transforme en quelques instants en plaque de cuisson mobile.

Ce vélo truck n’est pas la dernière création d’un vendeur de sandwichs, mais le moyen qu’a trouvé ce Toulousain pour aller à la rencontre des sans-abri et leur offrir un moment convivial autour d’un repas cuisiné sur place, au milieu d’échanges sur leurs vies, leurs envies.

Kamel a créé une plancha mobile, tractable par un vélo, pour aller à la rencontre des sans abri.
Kamel a créé une plancha mobile, tractable par un vélo, pour aller à la rencontre des sans abri. - KS

Régulièrement depuis septembre, il sillonne les rues de la Ville rose et se pose là où il y a des sans-abri. « Au premier confinement je me suis inscrit pour livrer des repas aux personnes qui se trouvaient à la rue. Puis je me suis dit qu’il fallait trouver un moyen d’aller partout, là où les camions des maraudes ne pouvaient pas se rendre. Avec la plancha on peut aller sous les ponts, la rentrer dans une cour », explique celui qui travaille dans la conception artistique au quotidien.

Une association pour faire des émules

Pour que son idée prenne forme, il a créé l' association le « Plancha social club », et conçu une remorque qui puisse s’installer sur n’importe quel vélo. « L’idée est de pouvoir la mettre à disposition de tous ceux qui voudraient prendre le relais », précise Kamel qui aujourd’hui finance ce projet grâce aux dons de particuliers et sur ses fonds propres. « Ce n’est pas le prix que ça coûte… Je me sers de mon réseau, je vais récupérer des produits auprès des supermarchés ou des primeurs au lieu qu’ils jettent », souligne ce bénévole qui espère faire des émules, en inspirant la fabrication d’autres planchas mobiles, mais aussi travailler avec d’autres associations.

Sylvain, Franck et Samuel, présents ce jour-là sur les berges, trouvent « l’idée sympa ». Ça les change des distributions classiques ou de leur tambouille cuisinée dans une boîte de conserve, objet indispensable quand on passe du temps à la rue. Eux, logent dans un centre d’hébergement voisin, mais ils passent une partie de leur journée dehors. Entre deux tomates cerises avalées en guise d’apéro, ils se livrent sur leur quotidien, la difficulté de se retrouver sans abri, sur leur avenir s’ils arrivaient à sortir de la rue.

« Il n’y a pas de jugement. On vit un moment de partage, comme entre potes autour d’une plancha. S’ils ont des besoins, je m’en fais l’écho sur la page Facebook de l’association. Certains ne sont pas désociabilisés, la dernière fois j’ai rencontré un homme qui avait des missions d’intérim mais pas de logement. En postant une annonce, ça peut aider, car on sait que souvent ça marche par le réseau », poursuit le créateur du « Plancha social club » qui ne cherche pas la gloire mais juste la rencontre et le petit plus qui peut apporter un peu de réconfort dans la grisaille. Lorsque l’association sera plus structurée, il espère pouvoir embaucher une personne en insertion pour le remplacer derrière la table de cuisson et voir fleurir un peu partout des planchas mobiles, dont il partagera avec plaisir les secrets de fabrication.