Coronavirus : « Les gens deviennent fous ! »… Comment les Toulousains d'origine chinoise traversent la crise
SOCIETE Toulouse compte une importante communauté chinoise qui s’inquiète des conséquences du coronavirus
- Près de 2.000 étudiants chinois vivent à Toulouse et beaucoup d’entre eux semblent vivre dans l’angoisse l’épisode du coronavirus.
- Si les festivités du Nouvel an chinois ont été annulées, les vœux annuels adressés par le maire à la communauté asiatique se sont tenus comme prévu ce lundi soir. Ils ont toutefois réuni bien moins de participants que d’ordinaire.
- L’occasion de rencontrer des Toulousains d’origine chinoise inquiets et rapportant même les réactions étranges de leurs concitoyens.
A Toulouse aussi, le passage dans l’année du rat de métal se fait en catimini. En raison des inquiétudes sur le coronavirus, les festivités du Nouvel An chinois, prévues le dimanche 9 février, ont été annulées. Et les vœux annuels adressés par le maire à la communauté asiatique lundi soir ont réuni bien moins de participants que d’ordinaire. « Les Chinois ont peur de venir aux rassemblements, c’est la raison pour laquelle les festivités de dimanche ont été annulées. Pourtant il n’y a pas de quoi angoisser à Toulouse », souligne Wei Ming Ye, président de l’Association aérospatiale franco-chinoise.
Sa compatriote Sarah*, 29 ans et arrivée à Toulouse il y a huit ans, est beaucoup plus inquiète. « En ce moment j’évite les transports parce que j’ai peur d’être contaminée », confie-t-elle. Professeure de chinois dans une école de langue, elle a passé sa licence en langue française à Wuhan, berceau de l’épidémie. Ses proches vivent toujours « à trois heures de voiture » de là : « J’ai envie d’aider, dit-elle, ma ville natale est la quatrième ville la plus contaminée. J’ai beaucoup angoissé au départ pour ma famille. Ce que j’ai vu sur les réseaux sociaux chinois m’a fait peur : il n’y a plus de masque, même à Toulouse d’ailleurs. »
« J’ai déjà vu dans le métro quelqu’un remonter son écharpe sur le nez en me voyant »
Au stress de savoir leur famille près du « foyer » du coronavirus, s’ajoutent parfois pour des réactions déplacées. Williams Bloch, directeur de l’association Tchin-tchine, une école de langue chinoise qui organise aussi des activités culturelles à Toulouse, peut en témoigner : « Je suis métissé chinois, raconte-t-il, et j’ai déjà vu dans le métro quelqu’un remonter son écharpe sur le nez en me voyant. Les gens deviennent fous, il n’y a même pas de cas avéré à Toulouse ! »
La communauté étudiante chinoise, forte d’environ 2.000 ressortissants, ne semble pas vivre les évènements de la même façon. Yue Xiao, originaire de Wuhan, présidente de l’Union des chercheurs et des étudiants chinois à Toulouse, est formelle : « On ne m’a jamais rapporté d’épisode raciste parmi les étudiants. Je crois que dans le métro par contre, c’est plus courant. »