Aéroport Toulouse-Blagnac: Vous êtes contre la privatisation ? Une action collective lancée en justice

JUSTICE Les opposants à la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac veulent obtenir la nullité de la vente des actions à l'actionnaire chinois. Et tout le monde peut participer

Hélène Ménal
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Les opposants à la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac veulent que l'actionnaire chinois plie bagage et ne sont plus les seuls.
Les opposants à la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac veulent que l'actionnaire chinois plie bagage et ne sont plus les seuls. — A. GELEBART / 20 MINUTES
  • Les opposants à la privatisation de l’aéroport Toulouse-Blagnac lancent une action collective conjointe.
  • Elle vise à demander la nullité de la vente de 49,99 % des parts à l’actionnaire chinois aux manettes depuis 2015.
  • Tous les citoyens sont appelés à s’y associer.
  • Les collectivités locales vont déposer leur propre recours.

Ils poussent leur avantage. Les opposants à la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) ont déjà obtenu, le 16 avril 2019, l’annulation par la cour d’appel de Paris de l’arrêté qui, fin 2014, autorisait la vente de 49,99 % des parts de la plateforme à un consortium chinois, Casil Europe. Mais, comme l’explique Christophe Lèguevaques, leur avocat, cette décision [contestée en cassation] « n’entraîne pas automatiquement la nullité de la vente ». Ce dernier acte relevant de la justice civile et pas administrative.

Du coup, les opposants ouvrent un deuxième front. Ils ont annoncé ce mardi l’ouverture d’une procédure devant le tribunal de commerce de Paris pour faire annuler la cession. Il s’agit d’une « action collective conjointe ». Cela veut dire que chacun peut y participer, qu’il habite à Toulouse, Paris ou ailleurs. Il suffit pour cela de s’inscrire sur la plateforme créée à cet effet, et de verser 20 euros. « Elle restera ouverte jusqu’au 15 juin », précise l’avocat. Mais avant même son lancement le simple bouche-à-oreille a déjà drainé « plus d’une centaine » de plaignants, particuliers, syndicats, associations, maisons de quartier, élus (de gauche). « Le choix d’une démarche collective nous permet de montrer que nous sommes majoritaires dans l’opinion publique », estime Stéphane Borras (Sud31), membre du collectif.



Dans ce feuilleton à rebondissement, l’actionnaire Casil – qui ne cache désormais plus son intention de vendre ses parts (achetées 308 millions d’euros à l’Etat), probablement au groupe Eiffage, avec un joli bénéfice à la clé – se retrouve sous un véritable feu croisé.

Les élus s’y mettent

Lundi soir, ce sont actionnaires locaux (la Région Occitanie, le Conseil départemental et Toulouse Métropole et Chambre de commerce, 40 % à eux quatre) qui ont annoncé attaquer en justice. Ils vont demander au tribunal de commerce de Toulouse « la mise sous séquestre » des actions de Casil Europe et l’ajournement de l’assemblée générale du 6 juin qui doit notamment statuer sur le versement des dividendes.



Les opposants historiques se montrent satisfaits de ne plus être seuls en première ligne. « Ça va dans le bon sens », disent-ils. Christophe Lèguevaques a la ferme intention de venir mettre son grain de sel dans les débats le jour de l’audience toulousaine.