VIDEO. J'ai testé un atelier pour fabriquer des seed bombs, des armes de végétalisation massive

BIODIVERSITE Pour reverdir la Ville rose et ses friches, des jardiniers utilisent la méthode du seed-bombing, des boules de terres garnies de graines…

Béatrice Colin
Réalisation de "seed bombs" lors d'un atelier organisé sur le campus du Mirail par l'association Partageons les Jardins.
Réalisation de "seed bombs" lors d'un atelier organisé sur le campus du Mirail par l'association Partageons les Jardins. — B. Colin / 20 Minutes

Pour les enfants, Seed Bomb (Canon graine), c’est l’attaque d’un Pokemon de type plante qui inflige des dégâts, sans effet secondaire. Pour les jardiniers militants, adeptes de la « green guérilla », les conséquences d’un lancé de seed bombs relèvent plus du flower-power que d’un carnage.

Car derrière ces appellations guerrières se cache l’art subtil du jardinage. Valérie, Camille et beaucoup d’autres, comme moi, se sont employés à réaliser ces petites boules de graines mercredi, au jardin partagé de l’université Jean-Jaurès, lors d’un atelier organisé par l’association Partageons les jardins comme elle en fait une fois par mois dans un des jardins partagés de Toulouse.

Question de dosage

« Il faut bien respecter les dosages : un tiers de compost, un tiers de terreau et un peu moins d’un tiers d’argile. Ensuite, on malaxe le tout et une fois la forme réalisée on y glisse des graines de prairie fleurie. Ensuite on les fait sécher et on les jette où l’on veut », explique avec pédagogie Alice Thouvenin de l’association.

Comme on ferait un crumble, on mélange, tourne, retourne. On en a sous les ongles et les effluves rappellent que le compost est « maison ». Après quelques minutes de malaxage, on fait rouler la mixture noirâtre sous ses doigts comme de la pâte à modeler pour former une boule. Un zest de graines et c’est bon, ma première seed-bomb est prête à être lancée.

Parmi les conseils qu’on me donne : éviter les pelouses qui seront un jour tondues ou les jardinières qui seront tôt ou tard binées. Ces grenades sont un moyen pour les jardiniers de fleurir les lieux à l’abandon, inaccessibles car il est facile de lancer ses seed bombs au-dessus des grillages.

Biodiversité en ville

« Cela redonne de la vie au béton et met de la biodiversité en ville là où il y a de plus en plus de densification et où les jardins sont éradiqués pour laisser la place à des immeubles », argumente Valérie juste à côté de moi. Cette étudiante en BTS au lycée agricole d’Auzeville croit aux vertus de cette guérilla végétale.

« Cela permet aussi de diversifier car on se trouve avec toujours les mêmes plantes qui ne sont plus résistantes et, du coup, des maladies et ravageurs s’installent », poursuit-elle. Pour d’autres, c’est un moyen d’être actif sans demander la permission.

« Seed bombs est un mouvement à l’origine des jardins partagés à New-York. Aujourd’hui, c’est un outil pour nous, on les utilise pour faire des semis, c’est plus facile pour faire des prairies fleuries. C’est un moyen de s’approprier des friches », relève Alice Thouvenin.

Mais pour cette spécialiste, le vrai jardinier, ce qu’il veut avant tout, c’est jardiner. Les seed bombs sont un premier pas qui verra peut-être un jour les friches fleuries se transformer jardin. Une réflexion sur laquelle l’association Partageons les jardins planche avec de nombreux bailleurs sociaux de Toulouse.