Toulouse: Un apéro géant après l'annulation de l'arrêté anti-alcool

SOCIETE Le tribunal administratif a annulé l'arrêté municipal de 2011 interdisant la consommation d'alcool sur la voie publique dans le centre-ville...

Béatrice Colin
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Illustration consommation d'alcool sur la voie publique à Toulouse
Illustration consommation d'alcool sur la voie publique à Toulouse — FRED SCHEIBER / 20 MINUTES

Tout est prétexte à la fête. Et pour certains, lever un verre en pleine rue est même un acte militant. C'est un peu dans cet esprit qu'un appel a été lancé sur Facebook il y a un peu plus d'une semaine aux festayres toulousains. 

Quelque 4.000 personnes sont ainsi invitées ce jeudi soir à venir boire un coup dans les rues de Toulouse «pour fêter l'annulation par le Tribunal administratif de l'arrêté municipal interdisant la consommation d'alcool sur la voie publique». 

Plus de 200 ont déjà indiqué qu'ils seraient présents à ce «gigantesque apéro festif et détendu, bon esprit sur un lieu emblématique de Toulouse», qui sera connu au dernier moment... Le premier du genre depuis celui avorté de juin 2010, interdit alors par le préfet à la demande du maire de l'époque, Pierre Cohen.

Juin 2010, pas d'apéro Facebook à Toulouse

Cette initiative d'apéro géant «botellón», Benjamin Levine, l'auteur du recours contre l'arrêté promulgué en 2011 par la précédente municipalité, n'y est pour rien. Mais il reconnaît ne pas y être opposé non plus.

«Arrêtés liberticides»

Ce n'est pourtant pas ce qui a motivé ce simple citoyen a attaquer en justice il y a trois ans et demi. A l'époque, le maire Pierre Cohen étend à l'hyper centre cette interdiction qui était jusqu'alors circonscrite à quelques places et rues.

«Ce qui est en jeu c'est une tendance à la répression n'ayant aucun rapport avec la réalité objective. On nous parle d'ivresse, de troubles à l'ordre public, mais lorsque je débouche une bière dans la rue, je ne vais pas être ivre et aller casser des vitrines», explique cet enseignant de 44 ans.

Pour Benjamin Levine, «interdire de façon totale la consommation d'alcool c'est une atteinte à la liberté. Au lieu de dépenser son énergie à faire des arrêtés liberticides, la mairie ferait bien de proposer des choses à faire aux jeunes».

Pragmatique, ce quadragénaire estime «se battre contre la marée avec un château de sable». D'autant que des arrêtés antérieurs, toujours en vigueur, interdisent aussi la consommation d'alcool sur la voie publique dans plusieurs lieux centraux de la ville, en majorité des places.

La mairie ne fera pas appel de la décision du tribunal, mais...

La mairie de Toulouse a indiqué qu'elle ne ferait pas appel de la décision du tribunal administratif, mais est en train de regarder les endroits stratégiques qui «pourraient être visés par de nouveaux arrêtés d’ici une dizaine de jours».

Elle n'a pas non plus la volonté d'interdire l'apéro géant de ce jeudi, mais sa police municipale sera aux côtés du dispositif policier mis en place par la préfecture sur les lieux festifs de Toulouse.

3.152 PV

Dans le cadre de cet arrêté d'interdiction de consommer de l'alcool sur la voie publique, pris en 2011, plusieurs centaines de PV de 38 euros ont été dressés. La première année, il y en a eu 156, puis 601 en 2012, 1.148 en 2013, 1.055 en 2014 et 192 depuis le début de l'année.