Meurtre de la joggeuse de Bouloc: Les indices qui ont conduit à la mise en examen

JUSTICE Sans preuve directe, les enquêteurs ont présenté une série d'indices aux magistrats pour la mise en examen du principal suspect dans le meurtre de Patricia Bouchon...

Béatrice Colin
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Douze gardes ont été effectuées dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Patricia Bouchon.
Douze gardes ont été effectuées dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Patricia Bouchon. — F. Scheiber / 20 minutes

Quatre ans après le meurtre de Patricia Bouchon, un homme de 34 ans, originaire de Bouloc, a été mis en examen pour «homicide volontaire» et écroué lundi.

Laurent Dejean, un plaquiste «psychotique», selon les enquêteurs, nie les faits, mais il existe, selon le procureur de la République, «des indices graves et concordants» qui ont conduit à son arrestation, sans toutefois constituer «des preuves de culpabilité»

La Clio grise et ses sièges rabattus

Le jour des faits, en février 2011, un témoin qui a croisé Patricia Bouchon alors qu'elle courrait vers 4h30, va apercevoir, 200 mètres plus loin, une Clio de couleur claire tous feux éteints, arrêtée sur la chaussée. Il va freiner pour éviter le véhicule et une sortie de route. Avant que la voiture démarre, il a le temps de voir le conducteur, mais aussi de quel modèle de voiture il s'agit, une Clio grise ou gris clair de première génération avec les sièges rabattus à l'arrière.

Ce dernier point a son importance puisque plusieurs proches de Laurent Dejean et des témoins, vingt-quatre personnes au total, ont indiqué qu'ils l'avaient vu en Clio blanche à la période des faits et «neuf d'entre eux précisent qu'il avait pour habitude de rabattre la banquette arrière du véhicule», indique le procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau. Laurent Dejean nie avoir possédé un tel véhicule.

Le lieu de découverte du corps

Le corps de Patricia Bouchon a été retrouvé sous un petit pont, sorte de buse ouvragée, d'un chemin de terre. Ce lieu est distant de 12 kilomètres de l'endroit où des traces de sang ont été découvertes. «Son corps a été transporté et dissimulé dans un endroit qu'il était nécessaire de connaître, relève Pierre-Yves Couilleau. Laurent Dejean a travaillé sur deux propriétés agricoles environnantes et dans un magasin dont l'accès passe par cet endroit. Il empruntait cet itinéraire.»

Ses troublantes déclarations

Laurent Dejean a fait des déclarations pour le moins surprenantes. A un ami, il a dit « si j'étais impliqué dans cette histoire je me serais fait enfermer chez les fous ». Après les faits, il a été hospitalisé d'office en hôpital psychiatrique. Aux enquêteurs, il a déclaré: «J'ai fait mon deuil pour Patricia Bouchon, je n'y pense plus», avant d'embrasser une photo de la victime. Mais aussi : «C'est vrai que j'ai dit à mon travail que je me sentais responsable de cette affaire» ou «je n'ai aucun remords de cette affaire, je la connaissais à peine».

L'arrêt de travail suspect

Après le 14 février 2011, Laurent Dejean va être en arrêt maladie. Lors de son interrogatoire, il déclare aux enquêteurs qu'il a eu un arrêt de travail, du 23 au 27 février, pour «une déchirure à l'épaule». Après vérifications, les enquêteurs vont s'apercevoir que l'arrêt de travail est d'un mois et motivé par des raisons psychologiques.

La violence de l'agression

Les coups portés à la victime indiquent un passage à l'acte violent. Or selon plusieurs témoignages, Laurent Dejean a déjà eu des accès de colère et «des proches attestent de sa capacité à exploser». Un soir il aurait même démonté une cloison à coups de masse.

La ressemblance avec le portrait-robot

Lors de la diffusion du portrait-robot en 2013, en le voyant plusieurs amis et proches de Laurent Dejean «ont été saisis d'effroi» selon le procureur.