Marthe Keller interprète une mère incarcérée dans « Par amour », téléfilm tourné dans une prison
Bouleversante dans la peau d’une femme qui s’accuse d’un meurtre à la place de son fils, Marthe Keller évoque sa plongée dans le monde carcéral. Où avez-vous tourné ? En Hongrie, dans une prison. Un établissement moderne, à l’atmosphère hygiènique. C’était terrible, ce silence puis soudain ces cris qui vous arrachaient le coeur. Pas une minute, pendant ces 23 jours de tournage, acteurs et techniciens, n’ont oublié que dans les cellules, à côté, des femmes étaient incarcérées véritablement. A quelles règles avez-vous dû vous plier ? Chaque jour, il fallait attendre que les porteurs de clés nous laissent franchir un sas puis un autre. Chaque fois, c’était comme une humiliation. Nous croisions des détenues sans avoir le droit de les regarder ni de leur parler. Cela a-t-il conditionné votre jeu ? Bien sûr. Même si, le soir, nous dormions à l’hôtel, nous. Ce fut un tournage éprouvant avec des gros pull par 40 ºC, dans des cellules de 25 m2. J’ai été au bout de mes limites pour faire vivre cette femme, rongée par la culpabilité vis-à-vis de son fils et taularde. Mais je savais que pour les gens emprisonnés, je devais plus que jamais être à la hauteur. Comment avez-vous appréhendé la scène de la fouille au corps ? J’étais affolée. Mais je savais qu’elle était indispensable. J’ignorais comment Alain Tasma, le réalisateur l’aborderait. En fait, Alain a tourné en gros plan, je ne suis jamais entièrement nue à l’image. Ma peur, elle, est sûrement semblable à celle d’une femme qui pour la première fois subit cet acte. Propos recueillis par Lisa Lequestel