« Les hommes de plus de 50 ans réinventent leur rapport au sexe avec plus de liberté », assure Maïa Mazaurette
INTERVIEW Maïa Mazaurette présente à « 20 Minutes » son documentaire « Désir : Ce que veulent les hommes » diffusé ce mercredi soir sur TMC et dont le contenu dément plusieurs idées reçues
- TMC diffuse ce mercredi à 21h10 le documentaire de Maïa Mazaurette Désir : Ce que veulent les hommes.
- « Trouver des hommes qui veulent parler de désir, ça va. Mais la vraie question c’est : sont-ils capables d’en parler simplement ? A notre grande surprise, c’était plus compliqué », avance la « sexperte » de Quotidien à 20 Minutes.
- « Le discours public nous dit que quand on a plus de 50 ans, on est grillé par rapport au sexe, or, j’ai pu voir que c’est justement l’âge où on peut se réinventer avec beaucoup plus de liberté », affirme-t-elle.
Obsédés sexuels, les hommes ? Les idées reçues sur la sexualité masculine ont une peau dure que Maïa Mazaurette ne caresse pas dans le sens du poil. Pour son documentaire Désir : Ce que veulent les hommes, diffusé ce mercredi à 21h10 sur TMC, la chroniqueuse et « sexperte » de Quotidien a mené l’enquête. Elle a recueilli les témoignages des premiers intéressés, s’est rendue dans un atelier dédié à l’exploration du plaisir prostatique, s’est invitée dans les vestiaires d’une équipe de rugby… Ce qu’elle y a trouvé dément bien des clichés et préjugés.
En mars, vous avez consacré un documentaire au désir féminin. Parler du désir masculin était une suite logique ?
Elle était très attendue, même si ça ne m’était pas venu à l’idée. La première chose que les personnes qui ont regardé le premier documentaire m’ont dite, c’est qu’elles voulaient absolument avoir la même chose pour les hommes. J’ai reçu des centaines de messages sur Twitter et Instagram le soir de la diffusion de téléspectatrices me disant que voir des femmes connues ou anonymes mettre des mots sur le désir leur avait permis de faire le point sur ce qu’elles ressentaient et qu’elles aimeraient que les hommes puissent bénéficier à leur tour de ce genre de témoignages.
Vous disiez n’avoir eu aucun mal à trouver des femmes acceptant de témoigner au sujet de leur sexualité. Cela a été aussi simple pour convaincre des hommes d’en faire de même ?
Trouver des hommes qui veulent parler de désir, ça va. Mais la vraie question c’est : sont-ils capables d’en parler simplement ? A notre grande surprise, c’était plus compliqué. Pour le documentaire avec les femmes, les interviews duraient une heure. Pour celui avec les hommes, il nous a fallu une heure et demie à chaque fois. Il fallait davantage de temps pour qu’ils arrivent à se lâcher. Les femmes ont une culture du partage et du témoignage autour de la sexualité alors que, chez les hommes, ce n’est pas une affaire de pudeur mais de manque de pratique quand il s’agit de s’exprimer sérieusement sur la sexualité. Beaucoup d’interviewés avaient des stratégies pour éviter de répondre aux questions.
C’est-à-dire ?
Par exemple, certains avaient recours à l’humour. On a eu des mecs qui nous ont fait des sketches, ça, c’est un mécanisme de défense. On a eu des hommes qui s’improvisaient experts. Par exemple, si je demandais « Qu’est-ce que vous regardez comme pornographie ? », on me répondait « Les hommes, en général, regardent tel ou tel type de pornographie… » Or, la question portait sur le ressenti réel et personnel. J’ai vu que les hommes n’étaient pas forcément à l’aise avec le fait de parler de leurs désirs. C’est paradoxal parce qu’on dit souvent que le désir est le territoire des hommes, qu’ils sont très à l’aise dessus.
Les tabous sont nombreux…
Il y a plein de tabous liés au fait de ne pas coller avec un idéal de virilité dans la sexualité. Etre hyper performant, avoir envie tout le temps, ne pas avoir de faille… Dès qu’on sort de ça, ça devient compliqué. Le désir prostatique, on sait que dans les faits ça concerne environ un quart des hommes qui ont déjà essayé. On a eu beaucoup de mal pourtant à trouver les témoins car cela ne correspond pas à cet idéal de virilité triomphante où l’homme est forcément actif. On l’a vu aussi sur la question des violences sexuelles, lorsqu’on leur demandait s’ils s’étaient déjà forcés à avoir des rapports, beaucoup ont dit oui. Et ça, ça ne correspond pas non plus à l’espèce de contrat que les hommes passent avec la virilité. On peut se dire qu’on est cinq ans après #metoo, que les hommes ont commencé à se déconstruire, mais on sent que c’est encore compliqué.
La personne qui s’occupe de l’atelier dédié au plaisir prostatique explique que les inscrits sont très majoritairement des hommes hétérosexuels. Ces derniers ne sont-ils pas en train de faire leur « révolution » sexuelle ?
L’homme qui a accepté de vivre cette expérience [l’atelier sur le plaisir prostatique] avec nous est jeune mais les autres participant au stage avaient majoritairement plus de 60 ans. J’en ai discuté avec eux. Le moment où les hommes acceptent de remettre en jeu leur désir et leur sexualité survient lorsqu’ils ont atteint la limite de ce qu’ils pouvaient faire avec des normes très contraignantes pour eux (avoir envie tout le temps, ne jamais avoir de panne érectile, etc...). Quand l’andropause sonne à la porte, vient l’envie de se dire : « Je vais un peu moins compter sur mon pénis et redécouvrir la sensualité. » Donc la révolution sexuelle des hommes par rapport au fait d’utiliser tout leur corps - les testicules, la poitrine, la prostate, etc. - n’est pas portée par les jeunes. Je trouve ça assez intéressant et enthousiasmant. Cela dit la persistance des normes de genre très forte qui pèsent sur les hommes, mais on voit qu’il y a une échappatoire. Le discours public nous dit que quand on a plus de 50 ans, on est grillé par rapport au sexe, or, j’ai pu voir que c’est justement l’âge où on peut se réinventer avec beaucoup plus de liberté.
Vous avez déjà une idée pour le sujet de votre prochain documentaire ?
J’en ai 180 ! Il y a tellement de sujets. Là, on a parlé de désir, maintenant, j’aurais envie de parler de plaisir. Il ne faut pas non plus laisser de côté les personnes qui ont un rapport plus compliqué avec la sexualité, celle que le sexe n’intéresse pas. J’aimerais aussi faire quelque chose sur la technologie, les sex toys. Je suis une passionnée, j’ai envie de faire des heures et des heures de documentaires.