«Top Chef»: Pourquoi il y a aussi peu de femmes candidates

PARITÉ Cette année trois femmes sont au casting de la saison 8 du concours culinaire de M6, face à douze hommes. Une infériorité numérique observée également lors des éditions précédentes...

Fabien Randanne
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Giacinta Trivero, candidate de «Top Chef» saison 8, face à Michel Sarran, Hélène Darroze et Philippe Etchebest.
Giacinta Trivero, candidate de «Top Chef» saison 8, face à Michel Sarran, Hélène Darroze et Philippe Etchebest. — Marie ETCHEGOYEN/M6

Marion Lefebvre a quitté l’aventure dès la première émission. Seules deux candidates - Giacinta Trivero et Kelly Rangama - peuvent donc encore espérer remporter la saison 8 de Top Chef qui a débuté sur M6 mercredi dernier. Coline Faulquier s’est hissée jusqu’en finale l’an passé et Naoëlle d’Hainaut s’est imposée en saison 4 et Stéphanie Le Quellec en saison 2, mais chaque année les femmes demeurent en nette infériorité numérique. Ce constat reflète une réalité : la profession demeure majoritairement masculine. Mais est-ce si difficile de trouver des candidates prêtes à réaliser des plats en trompe-l’œil ou à revisiter des recettes du terroir ?

« Ce n’est pas de notre faute », affirme le chef Michel Sarran qui émet une hypothèse sur le fait que « ce métier intéresse les femmes depuis peu de temps ». Le chef toulousain suggère que, « après les mouvements de libération des femmes, elles n’avaient pas envie d’exercer cette profession et souhaitaient sortir du joug de la cuisine. »

« On a beaucoup de difficultés dans notre rôle de femme, de mère »

Les fourneaux comme un symbole de domination auquel les femmes tourneraient le dos en même temps qu’au patriarcat ? Florence Duhayot, la directrice générale de Studio 89 qui produit Top Chef, a l’air moyennement convaincue par cette théorie : « Il y a aussi le côté horaires et vie de famille », qui joue beaucoup, estime-t-elle.

Hélène Darroze est d’accord : « Peut-être [que la profession est essentiellement masculine] parce qu’on a beaucoup de difficultés dans notre rôle de femme, de mère… C’est un autre rythme, une autre manière d’éduquer ses enfants, de tenir sa maison. C’est un rôle qu’on ne veut pas louper non plus. » La cheffe de 49 ans, qui officie dans l’émission depuis la saison 6, affirme qu’elle a « vu des femmes meilleures que les hommes en cuisine, mais qui ne sont pas allées où elles voulaient parce qu’elles ont eu un bébé ou se sont mariées. »

Et d’évoquer son cas personnel : « Moi, j’ai été maman à 40 ans, je ne suis pas sûre que j’aurais pu faire tout ce que j’ai fait si je l’avais été à 30 ans. J’entends d’ailleurs dire que mon parcours ou celui d’Anne-Sophie Pic a été très inspirant. » Il semblerait qu’elles aient effectivement fait des émules car, comme le note Michel Sarran, « les choses sont en train de changer ».

« Dans ma famille, ça a été une déception que ce ne soit pas mon frère le cuisinier »

Stéphane Rotenberg se réjouit ainsi « de voir les lycées hôteliers se féminiser ». « A l’école, les filles sont généralement meilleures que les garçons et elles ne sont pas vraiment encouragées à se diriger dans les voies professionnelles, avance l’animateur. Certaines lycéennes en hôtellerie que j’ai rencontrées me disaient qu’il leur avait été difficile d’imposer leur choix. »

Hélène Darroze, en sait quelque chose. Avant de reprendre l’auberge familiale, elle a fait une prépa HEC, puis Sup de Co. « Dans ma famille, ça a été une déception que ce ne soit pas mon frère le cuisinier », se remémore-t-elle. Mais la chef étoilée tempère les constats de ses collègues de l’émission. « Sincèrement, je ne suis pas très optimiste, glisse-t-elle. Je crois qu’il y a la parité dans les lycées hôteliers mais cela ne se retrouve pas encore dans les cuisines. » Et donc pas encore dans Top Chef.