«Luke Cage»: Juste une autre série de super-héros Marvel sur Netflix?

SÉRIE TV Disponible en intégralité ce vendredi sur la plate-forme Netflix, la première saison de «Luke Cage» dévoile un nouveau super-héros Marvel, mais surtout un noir qui cherche sa place dans la société américaine...

Vincent Jule
Mike Colter est Luke Cage dans la série éponyme de Netflix
Mike Colter est Luke Cage dans la série éponyme de Netflix — Netflix / Marvel

Luke Cage est la troisième série Marvel sur Netflix, après Daredevil et Jessica Jones, et avant Iron Fist, l’événement The Defenders et  . Et déjà le sentiment d’une formule éprouvée, d'   ? La ville de New York la nuit, un héros moins super que humain, un méchant charismatique et   (Fisk dans Daredevil, Kilgrave dans Jessica Jones et Cottonmouth dans Luke Cage), et un monde plus réaliste et sombre que son équivalent cinéma, le Marvel Cinematic Universe. Luke Cage coche toutes les cases de ce cahier des charges, mais tombe aussi dans les mêmes travers : des baisses de rythme, des dialogues sursignifiants et des épisodes trop longs.

Vis ma vie de super-héros

Pourtant, dès le premier épisode (sur les treize que compte la saison), il se passe quelque chose. Ou plutôt, il ne se passe pas grand-chose. Luke travaille chez le barbier, écoute les conversations, puis enchaîne avec son deuxième job, histoire de pouvoir boucler les fins de mois. Voilà. Vis ma vie de super-héros ! Déjà au casting de Jessica Jones, Luke Cage n’était qu’un personnage secondaire, un confident, « et n’était envisagé que du point de vue de Jessica » précise son interprète Mike Colter. « Là, vous découvrez son histoire, sa vie, son quotidien, au jour le jour. ».

« Soulever une voiture à une main, cela ne paie pas le loyer »

De son passé, le spectateur n’en apprendra que peu (une expérience ratée, la perte d’un amour, une erreur judiciaire), mais assez pour comprendre qu’il veut juste se faire oublier, mener une vie tranquille. La série prend ainsi le risque de montrer cette routine, de juste voir Luke traverser les rues et les journées, avec les risques de répétition et d’ennui que cela implique. « Il a beau avoir des super-pouvoirs, ses journées ne sont pas spéciales, explique Mike Colter. Certaines personnes disent rêver d’avoir ses pouvoirs, sa vie. Mais soulever une voiture à une main, cela ne paie pas le loyer. »

Ses pouvoirs sont pourtant les mêmes que ceux de Superman, une force surhumaine et un corps à l’épreuve des balles. Spectaculaires, forcément. Sauf que… « Luke n’est pas dans le "show off", il ne veut pas impressionner les gens, il préférerait même ne pas les utiliser, commente l’acteur. Mais il y est parfois forcé, il n’a pas d’autre choix. Luke n’a pas de costume, ni les atours du super-héros. C’est dans son ADN, il est plus terre à terre, plus nuancé, plus humble que le Luke Cage démonstratif du comics des années 70. »

Un homme du peuple, un héros de voisinage

« Les pouvoirs sont bien souvent la seule chose de spéciale dans les séries et films de super-héros, renchérit le showrunner Cheo Hodari Coke. Je voulais aller à l’opposé. Superman peut s’envoler ou se cacher derrière Clark Kent, mais Luke n’a pas de masque, les gens savent où le trouver. » Au mieux, il met la capuche de son sweet sur la tête, et se sert le plus souvent de son corps bulletproof comme bouclier. « Il est un homme du peuple, un héros de voisinage, il ne se rend pas compte tout de suite de l’importance qu’il a, du rôle qu’il peut jouer dans la société. » Et il est noir.



Un Noir qui (sur) vit en Amérique

En ces temps de bavures policières et de tensions raciales aux Etats-Unis, de « », l’existence même de Luke Cage, homme noir à l’épreuve des balles, trouve une résonance particulière, politique. « Il est un super-héros. Du moins si l’on s’en tient aux comics originaux et à ce que veulent les gens, explique Mike Colter. Les gens veulent qu’il soit un super-héros. Mais il reste un Noir qui vit en Amérique. Certains préfèrent dire afro-américain, trouvent que c’est une meilleure formule, mais moi, je dis noir. Luke est donc un black, qui n’est pas là pour "save the day" mais pour "survive the day". »

Luke Cage se passe d’ailleurs plus de jour que Daredevil et Jessica Jones, et même la nuit est plus colorée, plus contrastée. Si New York a toujours été un personnage à part entière des séries Marvel/Netflix, Harlem est plus vivant avec ses énormes trottoirs, ses lieux iconiques et son énergie unique. « Comment incarner le super-héros Luke Cage à l’écran ?, conclut Cheo Hodari Coke. Mike Colter descend une rue de Harlem, tu mets de la musique, et voilà, tu as Luke Cage. »