«Loin de chez nous», un «M.A.S.H» à la sauce française
SERIE La nouvelle dramédie de France 4, diffusée dès ce lundi à 20h55, décrit le quotidien d’une base militaire à la veille du départ des troupes françaises d’Afghanistan…
« Loin de chez nous », série créée par Fred Scotlande et produite par Calt production, débarque ce lundi sur Netflix, l’occasion de relire ce papier que nous avions publié à l’occasion de la diffusion de la dramédie sur France 4…
Une série low cost qui a tout d’une grande fiction. Loin de chez nous, diffusée ce lundi à 20h55 sur France 4, raconte le quotidien d’une base militaire à la veille du départ des troupes françaises de l’ fin 2012, perturbée par l’arrivée d’une reporter. Un à la sauce française, produit par CALT ( .
Des soldats armés et alignés, visages masqués par un foulard orné d’une moustache, lèvent leurs tasses de café face au désert. Dans celles-ci, un café préparé avec les cendres d’un frère d’arme, mort au combat. A l’instar de la fameuse scène de où Walter White se retrouve en slip à côté de son camping-car au beau milieu du désert, la séquence d’ouverture de Loin de chez nous, est de celles qui « marquent les esprits », selon Hervé Bellech, directeur des productions chez CALT que 20 Minutes a rencontré lors du
Une dramédie subtile
Un condensé de toute la subtilité de l’écriture et de la réalisation soignée de (Hero Corp) aux commandes de cette dramédie militaire. « Fred Scotlande voulait montrer le côté fraternel des soldats basés à l’étranger », confie Hervé Bellech. « Le contexte militaire ne vient pas de nulle part. Jeune, Fred Scotlande s’est engagé pendant deux ans dans le 4e régiment d’infanterie de la marine », raconte encore le producteur. Les souvenirs de l’auteur sont « alimentés par les ressentis sur le terrain » de la reporter de guerre prix Albert-Londres en 2000 et auteur de Lendemains de guerre en Afghanistan et en Irak (éd. Le Livre de poche).
Loin de chez nous n’est pourtant pas qu’une histoire de guerre. « L’environnement militaire reste contextuel. Cette série s’intéresse surtout à des trajectoires humaines », souligne Hervé Bellech. Celle de Julie (Charlie Bruneau), reporter en mal de sensations fortes, du Padre, l’aumônier en total décalage avec le monde qui l’entoure, de Gaultier, l’infirmière taciturne qui a du mal à assumer sa féminité dans ce milieu très masculin, et celles des Chats noirs, ces hommes liés par la même peur, celle de mourir au combat.
Une série qui fait rire et réfléchir
La série est toute en nuances. Les blagues viriles ont le goût du spleen. Occupants et occupés sont filmés à hauteur d’hommes. La série ne dénonce ni l’engagement de la France, ni ne le justifie. Fred Scotlande n’a qu’une seule préoccupation, décrire de la façon la plus « vraisemblable » le théâtre des opérations. Au spectateur de s’interroger sur cette guerre.
« On porte ce projet depuis sept ans, l’écriture singulière de Fred Scotlande nous a plu. L’enjeu était de convaincre un diffuseur d’avoir le courage de porter une série moins mainstream, moins aseptisée, avec un parti pris d’auteur », détaille le producteur.
Une série à petit budget
Tout l’enjeu est de réussir à porter à l’écran cette écriture singulière dans une « économie maîtrisée », avec un petit budget de 2,9 millions d’euros. « France 4 a fait le maximum avec ses moyens », commente le producteur.
« On ne pouvait pas sortir de France avec ce budget », explique l’expert. Le camp militaire s’installe sur un parking à , les paysages numériques ajoutés en postproduction, quelques plans sont tournés dans la forêt de Fontainebleau. Rien n’empêche de se croire en Afghanistan. Les acteurs suivent un entraînement militaire avec Jean-Michel Chapelain, un retraité du GIGN et se forment au maniement des armes avec Christophe Barratier, un spécialiste des armes. « Tout était réglé au cordeau sur le plateau », résume Hervé Bellech.
Loin de chez nous sonne juste, portée par de belles séquences musicales. « C’était une vraie demande de Fred Scotlande. Le budget musique a été anticipé », commente le producteur. La « grammaire filmique » de Fred Scotlande convoque alors des réminiscences de ou encore de M.A.S.H. Et se dessine en contrechamp de la guerre du Vietnam, le bourbier afghan.