Michael Dobbs, créateur d’«House of Cards»: «La saison 3? Ce sera brillant et diabolique»
MONTE-CARLO Il y a vingt-sept ans, Michael Dobbs écrivait «House of Cards». L’auteur britannique est ce mercredi à Monte-Carlo en tant que producteur exécutif de la série de Netflix. «20 Minutes» l’a rencontré…
C’était en 1987. Margaret Thatcher venait d’être triomphalement réélue pour un troisième mandat mais Michael Dobbs, alors secrétaire général du parti conservateur, assistait aux attaques dont elle faisait l’objet, de la part d’ennemis toujours plus nombreux. De quoi l’inspirer pour imaginer l’univers d’ «House of Cards» dans un roman publié en 1989, décliné en 1990 en une série de la BBC, et adapté bien plus tard, en 2012, par la fameuse série de Netflix. Il en est aujourd’hui, à 66 ans, le producteur exécutif. Une expérience partagée avec quelques journalistes au Festival TV de Monte-Carlo.
>> Par ici, toutes nos interviews du 54e Festival TV de Monte-Carlo
Une piscine et deux initiales
La naissance de Francis Urquart/Frank Underwood? «Je venais de me disputer avec Margaret Thatcher et j’étais en vacances, au bord d’une piscine». Il prend un cahier, un stylo et une bouteille de vin, pour essayer d’écrire. «Quand ma bouteille de vin fut vide, seules deux initiales étaient inscrites sur mon cahier: "F.U.". D’où cela est venu? Je n’en ai aucune idée, mais ce fut le début de tout. J’ai réalisé que je m’amusais beaucoup à imaginer cet esprit diabolique, et j’ai continué. Je n’ai pas pensé une seconde que ce serait publié. Encore moins que cela changerait ma vie.»
Un Lord drogué à la politique
Michael Dobbs est aujourd’hui membre de la Chambre des Lords, preuve, dit-il, qu’il est encore «drogué» à la politique. Son implication en tant que producteur exécutif est donc limitée: «Si je me noie cet après-midi dans la baie de Monaco, la saison 3 aura quand même lieu». «Mais je suis en contact avec eux une fois par semaine, je lis tous les scripts, j’aime être au courant et je crois bien qu’eux aussi aiment m’avoir pas loin. Car l’héritage, que je représente, est important pour des personnes créatives et venues du théâtre comme Kevin Spacey et Beau Willmon.»
Les portes grandes ouvertes
En 1989, se lancer dans l’écriture aurait pu être un point de non-retour, poursuit Michael Dobbs. «J’ai cru que j’allais ruiner tous mes contacts, que les portes se fermeraient, ou me claqueraient au nez, "Comment osez-vous!"… Qu'il était stupide de penser cela! Les hommes politiques adorent être dans le show business. Bien des ministres que je connais regardent la série. Et bien au contraire, on me disait, "Avez-vous pensé à ça, raconterez-vous ceci ?". Les seuls que j’ai peut-être déçus sont tous ces politiciens qui m’ont demandé: ce F.U… c’était moi, n’est-ce pas?».
Brillant et diabolique
«90%» du roman est inspiré de faits réels, dit-il, mais pas inspiré d’une seule personne. «Je n’ai jamais vu un Premier ministre assassiner un journaliste. Mais j’en connais qui ont été terriblement tentés de le faire!» Ce qu’il faut attendre de la saison 3? «Je pourrais vous le dire... mais après il faudrait que je vous tue!», lance encore Michael Dobbs. «Je peux seulement vous dire que ça va être brillant et diabolique.» Ce qui s’annonce est «un peu inévitable», dit-il encore. «On s’amuse tous énormément, Spacey est un formidable meneur d’équipe. Les intrigues potentielles sont illimitées. La méchanceté est illimitée! On s’arrêtera quand viendra le moment, naturellement».
Des boutons de manchette F.U.
A-t-il, arès toutes ces années, encore le sentiment qu’ «House of Cards» lui appartient? «C’est comme être père. Les enfants grandissent, font leur vie, mais avec un peu de chance ils en partagent un bout avec toi». «Dans la saison 2, Frank Underwood se voit offrir des boutons de machette à ses initiales: "F.U.". Quand j’ai vu ce moment, j’ai fondu en larmes. Parce que ces initiales ont tellement compté pour moi. C’est là que tout a commencé.»