«Halt and Catch Fire»: Pourquoi on choisit «Enter» plutôt qu’«Echap»
SERIE TELE Canal+ Séries diffuse ce mardi soir à 21h30 la nouvelle série d’AMC lancée dimanche aux Etats-Unis. Ses héros: les «Mad Men» de l’informatique dans les années 1980…
Pour comprendre le titre. Plus poétique que l’informatique n'a de chances de l'être, même avec une série prometteuse, le titre fait référence au sigle HCF, une commande qui permettait, sur les anciens ordinateurs, de bloquer toutes les fonctions, sans marche arrière possible. Nous sommes au début des années 1980, au Texas. IBM vient de créer le premier «personal computer» et domine le marché. Ancien cadre d’IBM, l’ambitieux Joe McMillan (Lee Pace de «Pushing Daisies») déboule avec toute son arrogance chez Cardiff Electric où il approche Gordon Clark (Scoot McNairy, 12 years a slave), brillant ingénieur dont il titille la fibre créatrice, lui qui s'est «rangé» après avoir échoué dans la construction d'un premier ordinateur, le Symphonic. Il l'embarque dans un projet aussi risqué que potentiellement révolutionnaire: démonter une machine d’IBM pour refaire la même... en mieux. Le duo est rejoint in extremis par Cameron (Mackenzie Davis), une étudiante en programmation, rebelle et sans expérience dont McMillan a perçu le potentiel...
Parce qu’AMC, donc «Mad Men». Parmi les raisons de se réjouir de l’arrivée d’«Halt and Catch Fire», «AMC» était la première. «Breaking Bad» a tiré sa révérence, «Mad Men» s’apprête à nous laisser orphelins, et si «Walking Dead» reste sa locomotive, la chaîne câblée cherche le nouveau drama de prestige capable de prendre le relai. Dans un épisode de la saison 7 de «Mad Men» diffusé il y a quelques semaines, un IBM 360 faisait son entrée dans les bureaux de Sterling Cooper, en 1969. Quatorze ans plus tard, IBM est toujours là, mais pas seulement: on retrouve la vie de bureau, l’austérité apparente de l’intrigue qu'allègent une superbe réalisation et surtout, le déguisement du thème principal: au-delà des lignes de code et des scènes de chirurgie informatique qui rappellent tout de suite la tambouille chimique de Walter White et Jesse dans «Breaking Bad», c’est l’ascension du trio principal qui accroche. Avec un bémol, peut-être lié au jeu du pilote: leurs traits de caractère un brin forcés.
Parce qu’elle n’est pas réservée aux geeks. «Je ne connais absolument rien aux ordinateurs», nous confiait à l’occasion du MIPTV Kerry Bishé, qui joue la femme de Gordon Clark. Nous non plus, et le seul pilote a réussi à nous perdre par moments… Précisément comme «Mad Men» l’a fait pendant sept saisons avec son jargon publicitaire. «Les ordinateurs ne sont que la toile de fond d’une série très humaine», poursuit Kerry Bishé. Humaine, mais pour qui s’intéresse aux geeks, que comblent la fiction en ce moment, entre «Silicon Valley» sur HBO, «Betas» d’Amazon (annulée) ou les deux biopics sur Jobs au cinéma? «Honnêtement, je ne sais même plus ce qu’est un geek, tant on a finalement tous réveillé le geek qui sommeille en nous, rétorque le producteur Mark Johnson. Dans les années 1980, avoir l’un des gros Motorola, c’était la chose la plus cool du monde, "Oh mon dieu, je peux appeler d’ici!" On a tous une raison d’être fascinés par la technologie. C’est un terreau tellement fertile pour la fiction». Et lui qui a beaucoup travaillé sur «Breaking Bad» de conclure: «Comme pour Walter White, au final, tout ce qui compte dans la série, ce sont les hommes».