«American Horror Story», «True Detective»… Le retour des séries d’anthologie

SERIES Pourquoi le format de l’anthologie, à l’échelle d’une saison («American Horror Story», «True Detective») ou d’un épisode («Black Mirror») revient-il en force?...

Annabelle Laurent
Woody Harrelson et Matthew McConaughey,  duo d'enquêteurs de "True Detective"
Woody Harrelson et Matthew McConaughey, duo d'enquêteurs de "True Detective" — HBO

La fin de «True Detective» approche. Les réponses au fascinant mystère qui enveloppe l’enquête de Rust et Marty sont attendues dimanche prochain au terme d’une saison 1 fabuleusement addictive. Ensuite, ce sera tout autre chose. Une autre intrigue, de nouveaux protagonistes. Probablement de nouveaux acteurs aussi, les brillants McConaughey et Harrelson n’ayant signé que pour huit épisodes. «Il pourrait y avoir une saison autour d’un thriller de conspiration, une autour d’un meurtre dans une petite ville, une autre dans laquelle personne n’est assassiné», énumérait début janvier le scénariste et romancier Nick Pizzolatto, en expliquant avoir «essayé de créer un format aussi large que possible». Ce qu’il remet ainsi au goût du jour? Le principe même de la série d’anthologie.

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Des séries d’anthologie cultes… sans pléonasme

Dans l’anthologie, seul le thème fait office de fil rouge. A l’échelle d’un épisode ou d’une saison, l’histoire racontée est complète, contrairement aux séries où le récit s’étire au fil des saisons. Comme dans la mini-série, également très en vogue («Top of the lake», «La gifle», «Parade’s end»…) mais avec (au moins) une saison 2, à l’intrigue et au décor différent. Façon «American Horror Story» («AHS»). La série d’épouvante de FX lancée fin 2011 est sur toutes les lèvres dès qu’il s’agit de situer «True Detective». Les saisons d’«AHS»? Une maison hantée de nos jours, un hôpital psychiatrique en 1964, une école de sorcellerie à la Nouvelle-Orléans entre 1830 et 1970… Jessica Lange, Evan Peters ou Sarah Paulson reviennent chaque fois dans des rôles distincts. Autre référence de l’anthologie, mais à l’échelle d’un épisode, la série de science-fiction «Black Mirror» (2011-2013), où chaque épisode propose un thème différent sur notre rapport à la technologie. Les autres arrivent. Attendue en avril prochain sur FX, «Fargo», l’adaptation du film des frères Coen avec Martin Freeman a d’ores et déjà annoncé qu’elle refonderait entièrement l’intrigue pour sa saison 2.

Le tournant «True Detective»

«"AHS" n’a pas encore eu beaucoup d’influence, mais "True Detective", étant donné son succès et son genre, le policier, va donner des idées à d’autres chaînes, c’est sûr. D’abord au câble, puis aux networks», spécule Yann Kerjan, blogueur sériephile qui a consacré un article à ce retour en force dans More TV. L’arrivée du policier sur le créneau marque en effet un tournant. «L’anthologie a longtemps été réservée aux productions fantastiques et horrifiques», rappelle Yann Kerjan, qui cite les célèbres «Contes de la Crypte», diffusés sur HBO de 1989 à 1996. Une série elle-même inspirée de ce qui fut dans les années 1960, «la période faste de l’anthologie», avec l’emblématique «Alfred Hitchcock présente» et ses 361 petites histoires noires à la chute surprise et ironique (1955-1965), et les cinq saisons de «La Quatrième dimension» («The Twilight Zone») (1959-1965).

La garantie d’un casting de luxe

Comment expliquer ce regain d’intérêt aujourd’hui? Pour le site américain de référence Indiewire, c’est que «cette nouvelle vague d’anthologies profite à la fois aux auteurs, au public et au casting». Aux auteurs: moins de risques de voir son histoire massacrée par une annulation faute d’audience au milieu ou à la fin d’une saison. «Au moins, l’histoire est complète». Au public: l’anthologie s’adapte à la fameuse mode du «binge-watching». Longtemps, le seul but des networks était de faire durer une série des années, mais le public d’aujourd’hui préfère une consommation plus condensée (impossible en ce moment avec «True Detective», dont les épisodes sont attendus chaque dimanche puis disséqués). Enfin, l’anthologie est un gros coup de pouce au casting. C’est l’argument le plus évident: pour une durée réduite, les stars signent plus facilement. Ce fut le cas pour le duo de «True Detective», raconte Nick Pizzolatto. A ce sujet, que les fans de Matthew se rassurent. Son retour, comme celui d’Harrelson, n’est pas exclu. Mi-janvier, Pizzolatto assurait à Canada.com - et il ne disait pas autre chose fin février à EW - que «cela dépendrait d’eux. S’ils veulent refaire quoi que ce soit, je sauterai probablement sur l’occasion». Excellente nouvelle.