Les habitants de plusieurs quartiers de Strasbourg attendront. Le tram qui devait partir de la gare centrale et desservir le nord-ouest de la capitale alsacienne a subi un énorme coup de frein mardi. La commission d’enquête publique a rendu un avis défavorable au tracé de 5 km qui devait desservir neuf stations. Conséquence directe : les travaux ne débuteront pas, comme espéré par la majorité écologiste, début 2025. Que va-t-il se passer maintenant ? 20 Minutes vous résume tout ça.

En quoi cet avis défavorable est-il si important ?

C’était presque l’ultime étape avant le début des travaux. Après plus de quatre ans de concertation, réflexion, votes, l’enquête publique devait valider le projet de tram nord. Elle s’est bien tenue du 9 septembre au 18 octobre, a recueilli près de 7.000 contributions… mais ses conclusions changent la donne. France 3 Grand-Est l'a révélé mardi, la commission d’enquête indépendante nommée par le tribunal administratif a émis un avis défavorable. Un véritable camouflet pour la maire Jeanne Barseghian et l’exécutif de l’Eurométropole. « C’est forcément une déception car l’attente est très forte au nord pour ce tram. Pour le moment, nous avons besoin d’analyser plus finement cet avis pour en tirer toutes les conséquences », ont-ils réagi, sans renoncer à une extension du réseau. « Il faut apporter des réponses au nord. »

Pourquoi le projet est-il contesté ?

Au fil des mois et des années, une large contestation s’est formée face à ce fameux tram nord. Politique, de tous bords, mais aussi citoyenne avec plusieurs associations mobilisées. La faute d’abord au tracé, qui a très vite divisé. Surtout en ce qui concerne son passage par la très fréquentée avenue des Vosges. Puis les explosions de coûts ont fait le reste. D’abord estimé à 140 millions d’euros, le projet est finalement passé à 268 millions d’euros. « Ça va être le kilomètre de tram le plus cher de France, plus cher que celui d’un TGV ! », dénonçait alors Pierre Jakubowicz.

Le conseiller municipal d’opposition et coprésident du groupe « Centristes et progressistes » en a logiquement rajouté mardi. « Cet avis défavorable marque un véritable désaveu pour la maire et la présidente [de l’agglomération Pia Imbs], qui n’ont eu de cesse de vouloir passer en force avec brutalité dans ce dossier, au lieu de chercher à créer un consensus comme l’ont fait depuis trente ans les exécutifs métropolitains successifs. »

Il n’a pas été le seul à réagir. Le « Collectif pour un meilleur tram » s’est aussi réjoui de ce dernier coup de théâtre né de l’enquête publique. « Cette mobilisation démontre que les habitants sont capables de développer une expertise de proximité, appuyée sur le bon sens, lorsqu’on leur donne les éléments pour comprendre les enjeux d’un projet », ont écrit les neuf associations de quartier dans un communiqué.

Que peut-il se passer maintenant ?

La majorité écologiste l’a assuré, il n’y aura pas de « recours contre l’avis défavorable ». Elle veut se donner le temps de « comprendre exactement ce qui, dans notre argumentation, n’a pas permis de convaincre ». De fait, un processus plus ou moins long devrait en découler. Peut-être avec de nouvelles concertations, un nouveau vote, une nouvelle enquête publique et donc encore quelques millions d’argent public…

« C’est difficile de dire si l’on pourra lancer les travaux avant la fin du mandat », a avoué Alain Jund, le vice-président de l’Eurométropole en charge des mobilités. Jean-Philippe Vetter, le président du groupe d’opposition « Union de la Droite et du Centre » a d’ores et déjà appelé à « revoir le projet ». Le « Collectif pour un meilleur tram » aussi. Les habitants de plusieurs quartiers de Strasbourg attendront encore.