Strasbourg : Les bennes à sapin facturées par la mairie ? « C’est la goutte d’eau… » pour des associations de quartier
Solidarité Depuis l’an passé, des associations de quartier qui font installer des bennes à sapin doivent s’acquitter de 30 euros. Même si la somme peut ensuite leur être remboursée, la mesure déplaît et crée des incompréhensions
- Depuis l’an dernier, la municipalité écologiste strasbourgeoise facture 30 euros à chaque association strasbourgeoise qui organise une collecte de sapins de Noël. Une somme qui peut être exonérée sur simple demande.
- Cette somme n’était jamais demandée par les précédentes municipalités.
- « C’est la loi », rétorque l’adjoint à la maire Pierre Ozenne. Sans nier que certaines incompréhensions ont pu naître avec des associations de quartiers.
Certains l’ont déjà jeté par la fenêtre. D’autres, plus civilisés, ont découpé leur sapin de Noël puis mis dans une poubelle ou déposé à la déchetterie. Enfin, les plus patients, iront le jeter dans une benne spécialement installée près de chez eux pour l’occasion. A partir de ce week-end, ces conteneurs seront de sortie un peu partout à Strasbourg.
Dans de nombreux quartiers, des associations ont pris l’habitude de participer à leur manière au recyclage des conifères. « Ça permet aux gens de ne pas s’en débarrasser n’importe où, ça crée du lien social puisqu’on offre un vin chaud et en plus, on organise une collecte de dons qui peut rapporter jusqu’à 800 euros », explique Claudine Bastian. La présidente de « Stra.ce » sera encore présente aux côtés d’autres bénévoles place Kléber samedi, pour la douzième collecte d’affilée de son association.
Avant de recevoir une douloureuse ces prochaines semaines pour « occupation du domaine public » ? C’était la nouveauté de l’an passé, déjà, avec un montant de 30 euros réclamé. « On avait eu reçu l’arrêté et un courrier l’annonçant, mais jamais de facture, alors on n’a pas payé, contrairement à d’autres », s’amuse l’habitante du centre-ville de Strasbourg. « Mais c’est sûr que ça nous avait interpellés, alors que les bennes étaient jusque-là gracieusement mises en place… »
« C’est la loi ! », rétorque de son côté Pierre Ozenne, adjoint à la maire en charge notamment des espaces publics partagés. « Toute occupation du domaine public est soumise à redevance et c’est à nous d’en définir le montant. On essaie d’être le plus rigoureux possible, ce qui est normal pour une collectivité. » L’élu indique également que cette somme peut ensuite être remboursée aux associations qui le demandent. « C’est écrit clairement avec l’arrêté qu’on peut demander des exonérations du montant qui doivent être validées en Conseil municipal. C’était le point 9 lors de la séance du 7 novembre et une cinquantaine de requêtes ont été acceptées. Je veux bien entendre que la procédure est dispendieuse en temps et en énergie, mais, je le répète, on applique simplement la loi. »
« On n’avait pas payé la facture l’an dernier »
Ce qui n’empêche pas certaines incompréhensions avec des associations de quartier. Comme avec la ferme éducative de la Ganzau. « Nous, on n’avait pas payé la facture l’an dernier pour les bennes à sapin », lance Martine Burgmann sans trop savoir si la procédure est terminée. Mais elle en veut à la municipalité pour une autre raison : la date de la collecte des conifères. « On l’a toujours mise au premier dimanche de janvier, mais là, on nous a dit que c’était impossible donc ce sera le 14. C’est une mauvaise idée car les gens se seront déjà débarassés de leur sapin… »
Dans le quartier voisin de Neudorf, il n’y aura pas de conteneur installé sur la place du marché. L’association locale (APSANe) y a carrément renoncé, la faute à un conflit encore plus profond avec la majorité écologiste. « Pour les ''Ateliers de Noël'' qu’on organise chaque année à destination des enfants, on nous a pour la première fois fait payer la location de la halle comme si on était des commerçants. Résultat, nous étions en déficit de 1.200 euros », déplore la présidente Mirelle Sturm. « Ca a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, après la facturation des bennes à sapin, l’an dernier. On a vu rouge et décidé de tout arrêter. »
Le 19 décembre, elle a donc écrit une lettre à la maire Jeanne Barseghian. Résultat ? « J’ai eu un appel de l’adjoint de quartier et je sens qu’il y a un rétro-pédalage depuis. C’est un peu tard quand même : nous, on aurait voulu davantage de dialogue avant. » Alerté sur le sujet, Pierre Ozenne ne nie pas que la communication n’a pas toujours été limpide. Avant d’insister une dernière fois : « Ce n’est pour embêter ou pinailler que nous faisons ça, c’est pour éviter qu’il y ait des soucis juridiques. »