Strasbourg : Piétons, voitures, vélos... De grands changements sont annoncés dans la ville

MOBILITES La ville de Strasbourg souhaite transformer les usages de son centre pour faciliter les modes de déplacement doux et rendre la ville plus agréable à vivre

Gilles Varela
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Une piste cyclable sur les quais, à Strasbourg le 20 juin 2022.
Une piste cyclable sur les quais, à Strasbourg le 20 juin 2022. — G. Varela / 20 Minutes
  • Avec une « ville à vivre », l’exécutif strasbourgeois souhaite réadapter la ville aux usages de déplacement d’aujourd’hui mais aussi de demain.
  • Plusieurs concertations avec les habitants sont lancées, notamment sur la nouvelle politique de stationnement, un périphérique pour les mobilités douces, ou bien encore la transformation des espaces publics dans plusieurs secteurs de Strasbourg.

Donner un « nouveau visage à la ville », la rendre « plus facile d’accès ». Une « ville élargie, apaisée et qui respire », où « piétons, cyclistes, transports en commun et automobilistes » circuleraient mieux, dans « des flux séparés et sécurisés », avec des espaces rendus à l’ensemble des habitants. Cette « ville à vivre », c’est l’un des tout premiers dossiers prioritaires de l’exécutif strasbourgeois pour ce mandat, assurait lors d’une conférence de presse vendredi la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian. Aussi, un calendrier pour l’ensemble des projets a été défini et une vague de concertations auprès des habitants est lancée. Des rencontres pour voir éventuellement dans le détail certains points d’achoppements, sans être question non plus de « revenir sur les lignes de force du programme sur lequel elle a été élue » souligne la maire écologiste. Ces concertations s’étaleront tout au long des mois à venir.

Sur le constat que le « dispositif actuel » des mobilités « est arrivé à saturation » , la ville souhaite s’attaquer à certains « points noirs, des lieux de tension, de crispation, en particulier dans le centre-ville où se concentrent des usages extrêmement divers qui se croisent. » Une attention sera tout particulièrement apportée à l’avenue des Vosges et au secteur des Halles, boulevard Sébastopol compris, avec une réorganisation des usages et des travaux de végétalisation. Travaux qui devraient s’étendre de l’été 2024 à fin 2025 pour les Halles.

Une réforme du stationnement

S’il est un sujet clivant, le stationnement en voirie n’en reste pas moins une pièce maîtresse sur l’échiquier de la redistribution de l’espace public. Une délicate et « complexe » question, reconnaît la maire, consciente que des résidents « ont besoin de leur voiture et doivent donc de pouvoir se garer », tout comme les commerces ou les professionnels qui interviennent en ville. Mais si possible, pas en voirie sous-tend l’exécutif. « On a besoin d’espaces, d’aires de jeux pour les enfants, d’apaiser la ville, de trottoirs plus larges, explique la maire écologiste. On a besoin de libérer l’espace public des voitures. »

Au programme donc, une sérieuse réduction des places de stationnement sur la chaussée pour laisser place à des pistes cyclables, séparées des piétons et ainsi réduire les conflits. « Il n’est plus possible de voir les automobilistes tourner en rond dans le centre-ville à la recherche d’une place quand même il n’y en a pas » surenchérit Pierre Ozenne, adjoint en charge de la politique des espaces publics. Dans les cartons également, une future augmentation du forfait stationnement en voirie pour les résidents, de quoi inciter à se garer dans les parkings en ouvrage. Et comme dans trois secteurs de Strasbourg, il n’y en a pas ou peu, pour « libérer la voirie, la construction de trois parkings en ouvrage est envisagée. Il s’agit des quartiers de la Neustadt, de Neudorf et de la Montagne Verte » annonce Pierre Ozenne. Plusieurs consultations, forum et ateliers sur la nouvelle politique du stationnement, mais aussi pour les habitants des trois quartiers qui devraient voir fleurir un parking silo, débutent dès cette fin juin et s’étaleront jusqu’à l’été 2023.

Un ring modulable

C’est une sorte de périphérique qui contourne la ville sur 4 km via les quais intérieurs de la Grande Ile. Un projet appelé communément jusqu’ici « d’autoroute à vélos », il devient officiellement « le ring modulable » et favorisera l’ensemble des déplacements doux. Il comprendra un itinéraire piéton, « la Magistrale piétonne » bien identifiée et séparée des voies cyclables. Objectif, élargir le centre-ville piétonnier, faciliter le transit vélo en contournant les zones piétonnes de l’hypercentre et donc de réduire les conflits avec les piétons, tout en étant relié aux pistes cyclables existantes. Des arceaux à vélos inciteront les cyclistes à laisser leur monture pour finir de rallier la ville à pied. Le trafic des bus, tout comme les automobilistes, sera renvoyé en décembre 2023, date de la livraison du ring, sur les quais extérieurs seulement.

Illustration piste cyclable et stationnement. Strasbourg le 20 juin 2022
Illustration piste cyclable et stationnement. Strasbourg le 20 juin 2022 - G. Varela / 20 Minutes

L’appui des transports en commun

Pour garder la ville accessible tout en limitant l’usage de la voiture, la ville et l’Eurométropole comptent sur le prolongement vers le sud de la ligne de bus à haut niveau de service G et ses 12 nouvelles stations. Sa mise en service est prévue en décembre 2023 pour un budget de 14,7 millions d’euros dont 4,5 millions d’euros consacrés à l’achat de dix nouveaux bus. Autre projet d’importance, l’extension du tram nord cette fois, vers Schiltigheim et Bischheim. Ce tram passera par l’avenue des Vosges et la place de Haguenau. Avec ses dix nouvelles stations, il devrait favoriser l’utilisation des trains dans les gares de l’Eurométropole en évitant une traversée du centre-ville. Après une concertation publique complémentaire, les travaux devraient commencer à l’été 2024.