Alsace : Rumeurs, protestations, étude en cours… Où en est vraiment le projet d’extension d’Europa-Park ?
GRAND HUIT Le projet « Europa Vallée » du parc de loisirs allemand est encore loin de sortir de terre
- Fin 2018, Europa-Park avait présenté un projet franco-allemand de liaison téléphérique enjambant le Rhin, point de départ d’un projet plus global baptisé « Europa Vallée ».
- Depuis, les opposants au projet déplorent un manque de transparence sur le sujet.
- Une « étude relative au développement économique et touristique en Alsace centrale » est en cours et pourrait être décisive concernant l’avenir du projet.
Passer par toutes les émotions, c’est le propre d’un Grand Huit. Mais dans ce cas précis, les différents acteurs du dossier s’en passeraient bien. Depuis qu’Europa-Park avait annoncé, en 2018, sa volonté d’installer un téléphérique entre le parc d'attractions situé en Allemagne et l'Alsace, les rumeurs vont bon train sur la création d’une fameuse « Europa Vallée » qui pourrait voir le jour côté français.
Concrètement, qu’en est-il ? Samedi dernier, un collectif baptisé Chaudron des alternatives a mené une campagne de tractage à Diebolsheim et Sundhouse, deux communes du Ried d’Alsace centrale susceptibles d’accueillir le projet. L’objectif des militants : alerter la population sur l’impact supposé d’Europa Vallée en termes de « nuisances sonores et de pollution ».
« On ne sait strictement rien »
« Nous sommes contre le projet, car il engendrera le bétonnage et l’artificialisation des terres », explique Pascal Lacombe, un des animateurs du collectif. Le militant déplore également l’absence d’informations à ce sujet : « On souhaite de la transparence, parce que pour l’heure on ne sait strictement rien, si ce n’est des bruits ou des rumeurs. »
Dans son viseur : la constitution d’un groupement de commandes qui vise à réaliser « une étude relative au développement économique et touristique en Alsace centrale ». Une démarche conjointe de l’Etat et plusieurs collectivités dont la région Grand Est, le département du Bas-Rhin, les communautés de communes concernées et l’Adira (Agence de développement d’Alsace). Cette dernière est d’ailleurs « désignée comme coordonnateur du groupement de commandes ».
Pour Pascal Lacombe, il s’agit purement et simplement « d’une étude de faisabilité d’Europa Vallée ». Le membre du Chaudron des alternatives dénonce « un déni de démocratie » : « Pourquoi y a-t-il une telle opacité navec l’argent public, sachant que le groupement de commandes finance cette étude à hauteur de 260.000 euros pour des projets privés ? »
Arguments « fallacieux »
Dans la convention constitutive du groupement de commandes que 20 Minutes s’est procuré, il est effectivement mention dans l’article 1er « de l’émergence du projet Europa Vallée » et du fait de « favoriser la perspective de réalisation du projet Europa Vallée par son insertion harmonieuse dans son futur environnement économique, social et environnemental ».
Si Monique Jung confirme que « le projet a été le point de départ d’une réflexion plus globale », la directrice de l’Adira fustige la notion « d’étude de faisabilité » : « C’est fallacieux de réduire le groupement de commandes à cela. Europa Vallée est l’un des 25 ou 40 autres projets concernés par la réflexion, sur un périmètre qui s’étend de Strasbourg à Mulhouse et du versant alsacien des Vosges à la Forêt-Noire. »
Elle l’assure : « L’objectif, c’est justement de ne pas faire une étude de faisabilité, mais vraiment un diagnostic global pour mesurer l’implication globale que cela peut avoir sur les questions agricoles, touristiques, environnementales, économiques… »
Des éléments de réponse en fin d’année
Par ailleurs, Monique Jung indique que la première phase des trois phases de l’étude, « celle du diagnostic de territoire », va être « présentée au courant de cette semaine à toutes les personnes interrogées. La directrice de l’Adira estime que « la restitution finale » des résultats de l’étude « est prévue vers le 2e semestre 2022, mais elle n’est pas encore fixée ».
Il ne reste donc plus qu’à patienter avant de connaître les détails concrets d’un projet encore loin d’être mis sur les rails. En 2018, Michael Mack, l’un des directeurs associés d’Europa-Park, avait lui-même annoncé la mise sous cloche du « téléphérique de l'amitié ». Contacté au sujet d’Europa Vallée, le parc d’attractions « ne souhaite pas s’exprimer sur cette question ».