Face aux perturbateurs endocriniens, Strasbourg va expérimenter « l’ordonnance verte » pour les femmes enceintes
SANTE La ville de Strasbourg a voté à l’unanimité un dispositif pour protéger les femmes enceintes et surtout les enfants à venir des perturbateurs endocriniens
- La ville de Strasbourg va mettre en place un dispositif pour protéger les femmes enceintes des perturbateurs endocriniens
- Il s’agit d’une ordonnance « verte », un dispositif unique en France, qui sera délivrée par les professionnels de santé dès septembre prochain.
- Elle donnera accès à des séances de sensibilisation sur les moyens de se protéger des perturbateurs endocriniens. Mais aussi d’accéder gratuitement chaque semaine, à une alimentation saine avec à un panier de légumes bio, de circuit court.
« Aujourd’hui, on est dans une explosion des maladies chroniques, on sait que les perturbateurs endocriniens participent au diabète, à l’obésité, aux troubles de l’attention » alertait lundi lors du conseil municipal de Strasbourg Alexandre Feltz, adjoint à la maire mais aussi médecin de profession. Parce que les perturbateurs endocriniens ont des conséquences toujours plus nombreuses sur les enfants, la ville de Strasbourg a en effet choisi d’investir, avec une nouvelle opération de santé publique, de prévention, pour protéger et accompagner les femmes enceintes et réduire leur exposition aux perturbateurs endocriniens. « Nous allons travailler sur les questions d’environnement, d’alimentation, et accompagner les femmes enceintes pour réduire ces expositions aux perturbateurs endocriniens ». C’est tout l’objet de la nouvelle ordonnance « verte ».
Un peu à l’image de Sport santé sur ordonnance, ce dispositif voté lundi à l’unanimité lors du conseil municipal de Strasbourg est unique en France. Il va permettre aux professionnels de santé, comme les gynécologues, les sages-femmes, les médecins, de prescrire à leurs patientes enceintes une ordonnance qui donnera accès à des séances de sensibilisation sur les risques des perturbateurs endocriniens et les moyens de s’en protéger. Mais aussi d’accéder gratuitement chaque semaine à une alimentation saine, avec un panier bio, de circuit court. L’ordonnance verte est annoncée comme « une mesure sanitaire, sociale qui s’inscrit dans la transformation écologique du territoire en soutenant la production agricole bio et locale. »
Changer les pratiques
Pourquoi cibler particulièrement les femmes enceintes ? « On sait que c’est la période la plus sensible pour les perturbateurs endocriniens, précise l’élu, que les enfants à venir vont eux-mêmes être impactés par ce qui va se passer pendant la grossesse. »
Déjà testés entre juillet 2019 et décembre 2020 auprès d’une centaine de femmes dans les centres médico-sociaux de la Protection maternelle et infantile, les ateliers avec des éco-conseillères en santé, ont un « retour est très positif » assure Alexandre Feltz. « Bien sûr ça change les pratiques des femmes pendant leur grossesse, mais ça change aussi leurs pratiques de façon générale, dans leur éducation, dans leur "vivre ensemble", ça mobilise la famille, ça mobilise l’environnement, et donc c’est quelque chose de puissant », se félicite le médecin.
Concrètement, il faudra attendre septembre prochain pour en bénéficier, le temps de mettre en place un parcours avec les professionnels de santé, d’identifier un prestataire spécialisé en santé environnementale qui organisera les ateliers de sensibilisation ou bien encore de sélectionner un opérateur pour la distribution des paniers bio. Environ 800 femmes enceintes devraient être concernées par ce dispositif qui sera expérimenté pendant un an. Un dispositif qui pourrait bien rencontrer nationalement le même succès, on lui souhaite, que Sport santé sur ordonnance, initié également à Strasbourg dès 2015.