Strasbourg : « L'impôt n'est pas un gros mot »... Pourquoi l'agglomération va augmenter de 64 euros en moyenne la taxe foncière

FISCALITE Ce sont pas loin de 200.000 ménages des 33 communes de l'Eurométropole qui sont concernés

Thibaut Gagnepain
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Illustration d'un avis de taxe foncière.
Illustration d'un avis de taxe foncière. — LODI Franck/SIPA
  • La majorité écologiste à l’Eurométropole de Strasbourg prévoit une hausse de la fiscalité.
  • La taxe foncière pourrait ainsi augmenter de 64 euros en moyenne pour chaque foyer qui la paie, soit 187.000 ménages environ.
  • Les entreprises sont aussi concernées, à raison « d’environ 247 euros pour les établissements commerciaux et de 1811 euros pour les établissements industriels ».

Près de trois heures de discussions… parfois vives. Le débat d’orientation budgétaire 2022 a largement animé le dernier conseil de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), vendredi. Un point en particulier : la possible augmentation de la taxe foncière.

La majorité écologiste l’a annoncé, elle prévoit une hausse de sa part. Celle-ci passerait de 1,5 point à 4,6. « Cela conduit à une contribution supplémentaire annuelle moyenne de 64 euros par foyer », a résumé la présidente de l’agglomération Pia Imbs à propos d’un impôt qui concerne aujourd’hui 186.707 ménages dans les 33 communes de l’EMS. Sans oublier les entreprises qui seront aussi concernées. A raison « d’environ 247 euros pour les établissements commerciaux et de 1811 euros pour les établissements industriels ».

Pourquoi une telle hausse ? « Pour deux raisons majeures : l’augmentation du niveau de service public avec la création de 300 postes supplémentaires sur le mandat ; mais aussi avec le développement de l’offre de mobilité dans l’eurométropole. Je pense ici notamment aux extensions des lignes de trams et bus ou à la gratuité des transports en commun pour les moins de 18 ans », répond à 20 Minutes Syamak Agha-Babaei.

« L’impôt n’est pas un gros mot »

Au total, le 3e vice-président de l’Eurométropole en charge du budget et des finances estime à 240 millions d’euros le coût de toutes ces mesures, sur le mandat. Dont 40 rien que pour le premier Réseau express métropolitain (REME) qui sera lancé en décembre prochain et devrait augmenter la fréquence des trains régionaux. « Dans ce total, 115 millions d’euros sont absorbés par la collectivité et 125 grâce au levier fiscal », poursuit-il en assumant cette hausse des contributions. « L’impôt n’est pas un gros mot, c’est le garant de l’égalité républicaine. Il y a toujours plus de population (un peu plus de 500.000) et de service public dans l’Eurométropole, donc c’est logique qu’il augmente. »

Un avis pas vraiment partagé par l’opposition, qu’elle soit habituellement modérée ou non. Même les alliés d’hier de la majorité, le groupe socialiste proche de Catherine Trautmann, a crié à « une triple peine pour les habitants ». « Même une quadruple pour les ceux de Strasbourg qui ont déjà subi une hausse de la fiscalité l’an dernier. A cela s’ajoute l’augmentation des coûts de l’énergie, du panier alimentaire et une forte inflation », dénonce Pernelle Richardot en estimant le total à « 140 euros par an avenue de la Forêt Noire ou au Neuhof ».

Un discours très proche de celui du grand battu des dernières municipales, Alain Fontanel. « Cette hausse voulue de la taxe foncière est une double faute : d’abord car l’Eurométropole multiplie sa part par quatre, ce qui est du jamais-vu. Ensuite car elle intervient au pire moment, en pleine crise du pouvoir d’achat, regrette-t-il. D’autres métropoles, comme à Lyon et Bordeaux où l’urgence écologique est la même, l’ont compris et n’ont pas augmenté les impôts. Il y avait d’autres moyens de trouver des recettes, comme mieux contrôler les dépenses de fonctionnement. »


Réponse de son successeur au poste ? « L’opposition n’a pas fait de propositions alternatives ni où faire des économies », grince Syamak Agha-Babaei qui ne prévoit pas de recul d’ici le 25 mars et le vote définitif du budget. Même si la grogne, déjà latente, venait à monter : « Nous sommes assez sereins. Ce sont de vrais choix politiques que nous assumons. »