Strasbourg : « L’Alsacien est dans le couloir de la mort »... Ils s’insurgent contre la réforme du bac

PATRIMOINE Face à l’érosion de ces idiomes, des élus et des associations manifesteront samedi à Paris devant le ministère de l’Éducation

Florian Bouhot
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Une salle de classe à Strasbourg.
Une salle de classe à Strasbourg. — G. VARELA /20 MINUTES

Les agriculteurs, les salariés de la SNCF, le personnel hospitalier… un vent de contestation souffle sur la France. Ils seront rejoints samedi par les défenseurs des langues régionales. Alarmées par l’érosion de l’apprentissage de ces idiomes, plusieurs centaines de personnes viendront manifester leur mécontentement au pied du ministère de l’Éducation. Avec l’idée de « populariser cette protestation », selon les mots de l’eurodéputé François Alfonsi, engagé dans cette démarche aux côtés du député breton Paul Molac, pourtant rattaché à la majorité.

Car c’est le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, et ce qu’ils estiment être son « indifférence », que les défenseurs des langues régionales blâment face à la « marginalisation » de l’alsacien, du breton ou de l’occitan. « La réforme du bac dégrade la place des langues régionales, assure Jean-Marie Woehrling, du Centre culturel alsacien. L’option ne sera disponible que dans peu d’établissements et, surtout, elle sera mise en concurrence avec les langues étrangères. » « L’alsacien, c’est pourtant un atout incontournable pour nos jeunes dans ce berceau économique qu’est la vallée rhénane », abonde Rémy Morgenthaler, de l’association Heimetsproch un Tradition.

800.000 personnes parlent alsacien

Autre grief soulevé : la qualité de l’enseignement mais aussi et surtout le manque d’effectifs. « Il faut réussir un concours spécifique pour enseigner une langue régionale, note Jean-Marie Woehrling. Une cinquantaine de places sont proposées chaque année en Alsace​, seule une trentaine sont pourvues. » Conséquence, de moins en moins de personnes maîtrisent aujourd’hui les langues régionales. Cela se traduit dans les chiffres : moins de 800.000 personnes parlent alsacien, soit 40 % de la population, contre 60 % il y a 30 ans.

« L’Alsacien est dans le couloir de la mort », estime l’eurodéputé François Alfonsi. Pour inverser la tendance, l’élu mise sur l’enseignement par immersion, pour permettre à l’élève de pratiquer la langue du moment où il franchit la porte de l’école au moment où il en sort. « Jean-Michel Blanquer juge cette méthode anticonstitutionnelle car elle "éjecte" le français. J’estime que c’est de la mauvaise foi. »

« Nous défendons ardemment le maintien de la langue régionale alsacienne, contraste Martine Wonner, députée LREM du Bas-Rhin. Ce n’est pas un sujet d’inquiétude. » Et l’élue d’ajouter : « La Collectivité européenne d’Alsace, qui verra le jour en janvier 2021, disposera des compétences pour promouvoir les langues régionales à l’école. »