Attentat de Strasbourg : Un livre en souvenir de « Bartek », une des cinq victimes
POESIE Claire Audhuy rend un touchant hommage à son ami, Barto Pedro Orent-Niedzielski, dit Bartek
- Dramaturge et metteuse en scène, Claire Audhuy publie un livre en souvenir de son ami Barto Pedro Orent-Niedzielski, dit Bartek, touché lors de l’attentat de Strasbourg le 11 décembre 2018.
- Elle a tout rédigé en épigrammes, en « petits poèmes de cinq lignes » et s’adresse à Bartek à la deuxième personne du singulier. Le tout en s’appuyant sur les notes qu’elle a prises « du 11 décembre au 31 janvier ».
- L’auteure était « en 1.000 morceaux » au moment du décès de Bartek. « Mon écriture a été comme un bâton pour continuer à avancer », explique-t-elle.
Le mois prochain, Claire Audhuy quittera Strasbourg. « Je me retirerai avec mon mari dans un chalet sans eau ni électricité », explique la metteuse en scène de la compagnie Rodéo d’âme. Impossible pour elle de rester dans la capitale alsacienne un an après l' attentat du 11 décembre 2018. Elle y avait perdu un être « très proche », Bartek. Barto Pedro Orent-Niedzielski de son nom complet, touché en premier par le terroriste.
Elle lui consacre aujourd’hui un livre, L'hiver dure 90 jours, aux Editions Médiapop. « C’est de la poésie-documentaire », précise l’auteure, qui a tout rédigé en épigrammes, « des petits poèmes de cinq lignes ». Avec l’appui de ses notes, griffonnées dans un carnet qui ne la quitte jamais. « Je raconte ce que j’ai vu, entendu, vécu dans les heures qui ont suivi l’attentat jusqu’au 31 janvier, avant l’hommage public. A ce moment-là, j’ai senti que c’était le moment de m’arrêter. »
« Je m’adresse à lui »
Bartek, baptisé B., est au cœur de son récit. « Je m’adresse à lui à la deuxième personne du singulier. Je lui montre ce qu’il n’a peut-être pas vu, ou dont il n’a pas eu conscience. » Pendant que le musicien, artiste, véritable figure associative et culturelle à Strasbourg était en soins intensifs jusqu’à son décès, le dimanche 16 décembre.
« Il y a aussi des très belles choses qui se sont passées », insiste Claire Audhuy en évoquant ces jours à veiller son ami aux côtés des siens. « A l’hôpital, c’était hors norme. Certains jouaient de la musique, une dame chantait en yiddish et nous étions agglutinés dans les couloirs. On formait un cocon. J’y ai rencontré des gens formidables et des amitiés d’une telle puissance sont nées… Je sais qu’ils seront là à la sortie du livre. »
Elle est programmée vendredi. Ce jeudi soir, l’auteure présentera son ouvrage à l’église de Kolbsheim (20 h), au cours d’une lecture musicale. D’autres dates sont déjà programmées en novembre. Alors Claire Audhuy pourra partir « en retraite », coupée du monde. « Aujourd’hui, je vais mieux mais je me souviens avoir été en 1.000 morceaux. Mon écriture a été comme un bâton pour continuer à avancer. » Et à ne jamais oublier Bartek, débarqué dans sa vie en 2007, un jour de cours de théâtre à l’Université. « C’était le seul garçon… et quel garçon. »