Strasbourg: Les pétitions citoyennes en ligne ont-elles fait un bide?
DEMOCRATIE Pétition en ligne difficile d’accès, URL illisible, complexité des procédures… Seules deux pétitions sur les 22 sélectionnées seront présentées au conseil municipal de Strasbourg
- Seules deux pétitions sur les 22 sélectionnées seront présentées au prochain conseil municipal de Strasbourg.
- L'exécutif municipal met en avant la jeunesse du dispositif ainsi que le manque d'engagement des porteurs de projet.
- Certains d'entre eux font part de difficultés d'accessibilité et de communication pour réussir leurs pétitions.
A Strasbourg, un an après le lancement des pétitions citoyennes, l’heure est à un premier bilan pour l’exécutif municipal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le dispositif, prévu par le pacte de la démocratie locale de la ville, n’a pas décollé.
Seules deux pétitions citoyennes sur les 22 qui ont été acceptées ont franchi péniblement le cap des 2.800 signatures nécessaires pour être à l’ordre du jour du conseil municipal et débattue dans l’hémicycle. La première, déposée par l’association Zona, exige la préservation de la Ceinture verte de Strasbourg, la seconde du Collectif des parents Strasbourg réclame un « ATSEM [Agent territorial spécialisé des écoles maternelles] par classe sur tout le temps scolaire ».
Manque d’engagement des pétitionnaires ?
D’autres pétitions, portant sur des sujets pourtant très concernant, ont fait un bide. A peine 336 signatures pour « une avenue du Rhin sans poids lourds, moins dangereuse et moins polluée », seulement 175 signataires en faveur d’un système de compostage collectif… Comment expliquer cette faible participation ?
Le maire de Strasbourg, Roland Ries, a tenté un proverbe chinois pour la minimiser : « Tous les grands voyages commencent par un premier pas », a-t-il déclaré vendredi. Autrement dit, la démocratie locale participative prendrait son temps. « Nous avons été aussi loin que possible dans le dispositif », renchérit Chantal Cutajar, adjointe au maire de Strasbourg, en charge de la démocratie locale.
Autre hypothèse soutenue par l’exécutif, le manque d’engagement des pétitionnaires. « Les porteurs de projets non aboutis ne se sont pas engagés suffisamment dans le processus », avance ainsi Chantal Cutajar. L’explication fait sourire Pierre Jakubowicz, président des Volontaires pour Strasbourg, à l’origine d'une pétition réclamant le retour du stationnement gratuit entre 12h et 14h. Un sujet pourtant brûlant dans la capitale européenne, qui a récolté à peine 375 signatures.
« La démocratie locale ne devrait pas devenir un combat »
« Nous avons vraiment voulu donner sa chance à cette initiative mais la procédure pour récolter les signatures est trop difficile. La démocratie locale ne devrait pas devenir un combat », estime ce proche de l’ex-maire de Strasbourg Fabienne Keller, membre de l’opposition municipale. Pétition en ligne difficile d’accès, URL illisible, complexité des procédures…
Le collectif Parents Strasbourg, qui a pourtant réussi son pari, en a fait les frais. « Nous avons déposé notre pétition fin février et nous nous sommes rendus compte que pour cent personnes qui signaient le pacte de démocratie locale nécessaires pour avancer sur le site, seules 13 d’entre elles signaient effectivement la pétition ». Pour s’en sortir, le collectif passe à la version papier. Bingo, la pétition dépasse rapidement les 2.800 signataires pour atteindre aujourd’hui le nombre confortable de 3.123 signatures.
Autre frein pointé du doigt par les porteurs de projets, l'obligation de donner ses coordonnées (mail, identité, etc.). Une « nécessicité », a expliqué l'adjointe Chantale Cutajar « car seuls les habitants de Strasbourg » peuvent participer au processus. « Quelqu’un qui se lance seul n’a aucune chance, reconnaît Sébastien Heitz, du collectif des parents Strasbourg. Il faut un collectif puissant pour assurer derrière », précise-t-il.
Reste maintenant à franchir le cap du conseil municipal. Les deux pétitions seront présentées par les porteurs de projet, lors de la prochaine séance, ce lundi 24 juin. Le débat se tiendra sans eux entre les élus. Le destin des deux pétitions est entre les mains du maire de Strasbourg, qui décidera s’il donne suite à ces deux pétitions ou non.