Grand Est: La SNCF majore les billets TER achetés à bord du train pour lutter contre la fraude

TRANSPORTS Le plan anti fraude est entré en vigueur sur les TER du Grand Est le 20 mars. Désormais, tout voyageur sans billet devra payer un billet au prix fortement majoré. Les associations d’usagers ne sont pas d’accord

Angélique Férat
Illustration. Un TER en gare de Strasbourg.
Illustration. Un TER en gare de Strasbourg. — G. Varela / 20 Minutes
  • Dans les TER, la SNCF majore le prix des billets achetés à bord pour lutter contre la fraude.
  • La fraude dans les TER Grand Est représente un manque à gagner de 10 millions d’euros chaque année.
  • 8 % des voyageurs fraudent, selon la SNCF.

La Fédération nationale des associations d’usagers des transports du Grand Est (FNAUT) espérait un geste de dernière minute, mais le plan anti-fraude est bel et bien entré en vigueur sur les TER depuis ce mercredi. Vous ne pouvez plus acheter un billet dans le train auprès du contrôleur sans payer une majoration importante ce qui équivaut à une amende selon les associations d’usagers. Avant, selon les explications de la SNCF, vous pouviez acheter votre billet au tarif normal dans le train si vous étiez jugé de bonne foi, il y avait juste un surcoût de sept à quinze euros. C’est terminé, plus question de plaider le retard, l’automate en panne ou le guichet fermé auprès du contrôleur.

Devant les distributeurs automatiques de billets TER de la gare de Strasbourg, personne n’est au courant, l’information n’apparaît même pas sur le site de la SNCF. Si les passagers sont par principe pour la lutte contre la fraude, les avis divergent sur les modalités. Certains trouvent la majoration normale, mais beaucoup comme Alisée, estime qu’il faut faire la différence entre fraudeurs et retardataires. « Je prends le TER plusieurs fois par semaine pour me rendre chez mes différents patrons et j’ai déjà pris le train sans billet parce que j’étais en retard. Je ne vois pas pourquoi je devrais payer plus cher. Surtout, quand on est de bonne foi. »

Achetez votre billet avant de monter dans le train

La réponse de la SNCF est simple : achetez avant de monter dans le train ! Soit sur Internet avec l’appli SNCF, soit à la borne automatique. Voire au guichet, s’il y en a un. C’est là que la FNAUT Grand Est s’étrangle.

François Giordani, son président rappelle qu’il n’existe pas d’automates à tous les arrêts. « La SNCF ferme des gares partout en France. Ailleurs, elle ferme les guichets comme en Lorraine en février mais des solutions de remplacement ne sont pas encore mises en place. » La compagnie ferroviaire prévoit des partenariats d’ici l’été avec la Poste, des buralistes, des mairies pour créer des alternatives. Le président de la FNAUT Grand Est n’a qu’une réponse : « Mettez cela en route d’abord et luttez contre la fraude après. »

« On ne peut pas racketter les voyageurs »

Dans le Grand Est, la fraude représente huit à dix millions d’euros de manque à gagner chaque année, selon la SNCF. « C’est le prix d’une rame TER neuve », souligne Swan Moriceau, l’animateur Lutte contre la fraude pour le TER Grand Est. D’autres régions sont concernées par ce plan anti-fraude souligne la FNAUT Grand Est. « Le Nord et l’Auvergne ont rediscuté avec la SNCF pour faire baisser les majorations. Moins de gares, moins de services, on ne peut pas en plus racketter les voyageurs », s’énerve le président de la FNAUT Grand Est. Seulement, 8 % des voyageurs fraudent… Et seuls 2 % des voyageurs n’ont pas de moyens d’acheter de billet à leur point de départ.

A Annie, le mot de la fin. Cette retraitée strasbourgeoise va à Sarreguemines en Lorraine chaque semaine « A chaque fois, je vois des gens tricher. Etablir un procès-verbal, ça ne servira à rien. J’en vois qui le jette aussitôt que le contrôleur a le dos tourné. »