Affaire Sophie Le Tan: «Vivre ici, ce n’est plus tenable», explique un voisin du principal suspect dans la disparition de l’étudiante
SOCIETE Des habitants de la rue Perle à Schiltigheim, où résidait le principal suspect dans la disparition de Sophie Le Tan, souhaiteraient un soutien psychologique…
- Dans la rue où la jeune étudiante Sophie Le Tan a disparu, de nombreux habitants en souffrance apprécieraient une aide psychologique.
- Angoisses, explications aux enfants, lieu de mémoire jugé anxiogène, certains ont même sollicité l’association SOS Aide aux habitants France Victimes 67.
« Vivre ici, ce n’est plus tenable », explique Michel, un voisin du principal suspect dans la disparition de Sophie Le Tan. Devant la porte d’entrée de la résidence, des bougies, des pancartes, des mots, des fleurs, des photos… « Ce n’est pas un cimetière, confie une maman qui mène ses enfants à la crèche, toute proche. On ne l’a pas trouvé ici. Mais comment expliquer ça aux enfants, chaque jour ? Comment ne pas les inquiéter ? », regrette la mère de famille. Même analyse pour une jeune habitante de l’immeuble. Si elle explique comprendre la douleur de la famille, l’importance des soutiens, être triste et angoissée pour la famille Le Tan, elle n’approuve cependant pas la présence « de toutes les photos et pancartes » devant son entrée, jugée anxiogène : « On croirait qu’elle est déjà morte. On n’a pas retrouvé de corps ici », rappelle la jeune femme.
Difficile d’oublier, de penser à autre chose aussi sans ressentir un sentiment de culpabilité, expliquent d’autres riverains. Dans la rue, les automobilistes ralentissent et scrutent l’endroit. « Ça devient une curiosité malsaine », reproche une passante. L’air grave, d’autres passants dévisagent les inconnus : « Encore un journaliste ? Il y en a trop qui viennent. Quand quelqu’un vient déposer quelque chose, ils sont là pour filmer », explique une habitante. Difficile aussi, même impossible affirment d’autres, de ne pas y penser tout le temps lorsque l’on vit dans cette rue. « C’est angoissant pour beaucoup de gens, explique Hotman, qui réside dans un immeuble tout proche. Savoir que j’étais prêt, je comprends cette peur, surtout qu’il y a beaucoup de femmes qui vivent seule avec leur enfant, j’ai des filles… » Comme d’autres résidants de l’immeuble où le suspect demeurait, Michel assure vouloir déménager. « Ça ne se finira jamais car après il y aura les cérémonies d’anniversaires. Je ne paye pas un loyer pour vivre ça, il y a trop d’angoisse ici », assure le père de famille.
Un groupe de parole
Aussi, pour tenter de répondre à ces nombreuses angoisses et après avoir été sollicitée par une habitante, l’association SOS Aides aux habitants France-Victimes 67 a proposé à la ville de Schiltigheim d’organiser mercredi, dans les locaux de la mairie, des groupes de parole pour un soutien psychologique destiné aux habitants de la rue Perle. Si beaucoup, faute d’avoir été suffisamment informés, n’ont pu s’y rendre, cette initiative reste très appréciée des habitants rencontrés par 20 Minutes. Certains s’étonnent même « que cela ne se soit pas fait plus tôt. C’est dès le début que cela aurait dû être mis en place, regrette une quadragénaire. Maintenant l’angoisse est là, ça tourne tout le temps dans ma tête. » L’association prévoit d’ailleurs d’organiser prochainement une nouvelle rencontre.