Affaire Sophie Le Tan: Qui sont les personnes qui participent aux battues citoyennes et pourquoi ?

DISPARITION Les battues citoyennes pour retrouver Sophie Le Tan s’enchaînent, rencontres avec ces volontaires…

Gilles Varela
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Disparition de Sophie Le Tan. Battue citoyenne à Oberhausbergen le 25 septembre 2018.
Disparition de Sophie Le Tan. Battue citoyenne à Oberhausbergen le 25 septembre 2018. — G. Varela / 20 Minutes
  • Des volontaires se mobilisent pour des battues citoyennes afin de retrouver Sophie Le Tan, disparue à Schiltigheim près de Strasbourg depuis 7 septembre dernier.
  • Venus de tout horizon, nombreux sont ceux qui gardent l’espoir, persuadés qu’il faut aller vite.

« Je suis bouleversée, alors plutôt que de pleurer tous les jours à la maison, je préfère venir la chercher ». Ces mots, ce sont ceux de Véronique, 55 ans, venue à une battue citoyenne pour retrouver Sophie Le Tan, étudiante de 20 ans disparue depuis le sept septembre dernier. La jeune femme se rendait alors à Schiltigheim, en banlieue de Strasbourg, pour visiter un appartement. Depuis, un homme, Jean-Marc Reiser, le principal suspect, mis en examen, se mure dans le silence.

Disparition de Sophie Le Tan. Battue citoyenne à Oberhausbergen le 25 septembre 2018.
Disparition de Sophie Le Tan. Battue citoyenne à Oberhausbergen le 25 septembre 2018. - G. Varela / 20 Minutes

Comme une vingtaine d’autres personnes, elle a répondu à la mobilisation faite sur une page Facebook administrée par une dizaine de bénévoles, des citoyens. Retraités, salariés, étudiants, fonctionnaires, sans emploi… Ensemble, ils s’apprêtaient à fouiller lundi en fin d’après-midi (après le travail), les alentours du Fort Frère, à Oberhausbergen (Bas-Rhin). Julien, 30 ans, informaticien, est l’un des administrateurs de la page de mobilisation pour Sophie Le Tan. Il enchaîne depuis cinq jours les battues. « Cet endroit a été choisi après des recoupements, en accord avec la famille, des connaissances et d’autres sources », explique le trentenaire à la petite assemblée, impatiente de s’enfoncer dans les bois. Si Julien est si concerné, c’est « parce qu’il trouve normal, comme une évidence », d’apporter son aide à la famille de Sophie Le Tan, une « famille très réservée ». « Un devoir citoyen », plaide l’informaticien. « J’habite à 200 mètres du lieu où elle a disparu. Comment ne pas être concerné ? Ça pourrait être une sœur, une amie, un membre de ma famille, c’est une petite communauté. »



« Il faut aller vite »

Pour Béatrice, 62 ans tout comme pour Dany, 46 ans, c’est l’espoir qui les pousse à faire cette battue. Celui de la retrouver vivante. « J’ai des enfants aussi, confie Dany. Je comprends très bien la douleur des parents et si je peux aider à ma façon… » David, 38 ans, sans emploi, est venu avec deux copains. C’est sa deuxième battue et il compte bien en faire d’autres. Lui aussi a une fille et il se sent concerné : « On se dit toujours que ça arrive ailleurs, aux autres, et là c’est à Strasbourg. Il faut aller vite », explique-t-il, porté par l’espoir et la retrouver, pourquoi pas, « séquestrée dans une maison, un lieu isolé ». D’où la « nécessité de ses recherches, c’est utile, je suis prêt à la chercher jusqu’à la tombée de la nuit. »

Et des hypothèses, ils n’en manquent pas et certains n’hésitent pas à les évoquer, entre eux ou même aux journalistes, venus nombreux. Tout en fouillant méticuleusement les bosquets, les recoins, les amas de branches, beaucoup partagent leurs sentiments. Véronique, qui reconnaît voir trop de films, a par exemple identifié différents endroits dans la région où pourrait être la jeune femme. Un hôpital psychiatrique désaffecté à Hoerdt ou dans un Bunker, dans les Vosges… « Oui, il a vite été arrêté. Surpris, il n’a peut-être pas eu le temps de revenir sur les lieux de la séquestration », calcule-t-elle, convaincue « qu’elle est vivante. » « C’est un moyen de ne pas se sentir seule face à cette horreur, d’être seulement une spectatrice et de laisser les parents dans l’ignorance », confie Sylvie, une trentenaire.

Pour Julien, administrateur de la page Facebook, il annonce une probable battue citoyenne de grande ampleur ce week-end et espère la mobilisation du plus grand nombre, car au-delà de l’espoir, « il s’agit de trouver une réponse. »